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Considéré comme l’un des chantier les plus prestigieux du yachting à voile de luxe, le finlandais Nautor’s Swan, fondé en 1966, poursuit son cap sous pavillon italien. Le lancement d’un open à moteur, le Swan Shadow, de 13,23 m de long, signe une nouvelle étape de son développement.
Marina di Scarlino, côte Toscane, dernier week-end de mai. Après une nouvelle journée passée sur les eaux bleues de la mer Tyrrhénienne, où les 23 équipages se sont affrontés sur leurs voiliers de 36 et 50 pieds à l’occasion du Swan Tuscany Challenge, l’heure est à la détente. En ce samedi soir de printemps, les propriétaires des racers et leurs familles sont réunis pour un dîner de gala. Une brillante assemblée d’invités, clients et amis de Leonardo Ferragamo, tous aussi fortunés qu’amoureux du yachting. L’occasion rêvée pour le maître des lieux, à la fois dirigeant du chantier Nautor’s Swan et chairman de la marque Salvatore Ferragamo, créée par son père, de dévoiler le dernier-né du prestigieux chantier : le Swan Shadow, une coque ouverte de 42 pieds.
Pour l’événement, cette unité de 13 mètres a été placée dans la piscine du restaurant, trônant sous les projecteurs, au milieu des tables des convives. Une surprise qui fut doublée d’une seconde, moins éphémère, celle de découvrir le premier bateau à moteur réalisé par un chantier célébré pour ses bateaux… à voile. Et pas n’importe lesquels, puisque Nautor’s Swan est l’une des marques les plus respectées de l’univers du yachting de luxe.
Parmi les heureux possesseurs de ces voiliers d’exception : la famille royale d’Espagne, des oligarques russes, des entrepreneurs à succès de la tech ou des héritiers de grandes fortunes. Mais dans cet univers de sportsmen discrets, les noms de propriétaires sont à peine chuchotés, loin des paillettes et des frasques tapageuses du motoryachting. L’histoire, ou plutôt la légende de Nautor’s Swan débute en 1966, à Jakobstad (Pietarsaari), en Finlande, lorsque Pekka Koskenkyla fonde un petit chantier.
Nautor’s Swan 65, marin en diable et hyperélégant
Inspiré par une longue tradition navale finlandaise, focalisé sur les performances nées de la course au large et modelé par les conditions extrêmes d’une petite localité proche du cercle polaire, où les températures chutent en hiver à – 30 °C, Koskenkyla a également du flair. Il réussit à convaincre Sparkman & Stevens, le studio new-yorkais star des architectes navals de l’époque, de lui dessiner son premier voilier. Un 36‑pieds innovant, construit en fibre de verre.
Bateau aux concepts « révolutionnaires », le Swan 36 va remporter de beaux succès lors des régates britanniques. La consécration du chantier viendra en 1974, lorsque Sayula II, un Swan 65 composé d’un improbable équipage mexicain, remporta la fameuse Whitbread, au nez des meilleurs skippers. La marque en gagnera une formidable aura internationale, qui va contribuer à faire son succès dans les décennies suivantes.
Très bien conçu, marin en diable en plus d’être hyperélégant sur l’eau, le Swan 65 restera parmi les best-sellers du chantier. En 1998, lorsque Pekka Koskenkyla décide de céder les rênes de son entreprise, il trouve en Leonardo Ferragamo un successeur de choix. Passionné de yachting autant que de la marque, l’héritier d’une grande fortune de la mode italienne a les moyens de poursuivre et de développer l’œuvre du maître finlandais.
Aujourd’hui, le catalogue Swan décline six modèles de yachts (de 48 à 78 pieds), quatre MaxiSwan (de 88 à 120 pieds), ainsi que quatre modèles de ClubSwan (de 36 à 125 pieds), ces derniers étant dévolus aux performances de la course au large. Avec un succès continu : lancé en 2019, le Swan 48 (deuxième version) a été vendu à une trentaine d’exemplaires. Un superbe joujou proposé à partir de 900 000 euros.
Quant au Swan 58, le tout dernier yacht lancé au printemps, il faut tabler sur un prix de base de 1,8 million d’euros. Ce somptueux coureur des mers est signé par le talentueux architecte naval Germán Frers. De source sûre, 13 unités auraient déjà été vendues avant sa présentation officielle. Construits selon des méthodes éprouvées, les Swan sont réputés pour leur solidité et leurs finitions parfaites.
La production est réduite, avec une vingtaine de modèles par an. L’immense majorité des voiliers construits depuis 1966 à Jakobstad – environ 2 300 voiliers – navigue toujours en Méditerranée. Jaloux de leur étalon marin, les propriétaires de Swan gardent souvent leur bateau à vie. Ou, tel un bijou de famille, le transmettent à leurs enfants. Ce qui explique peut-être cette exceptionnelle durabilité.
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