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vélo bastille pliable ultra pratique
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On a testé Bastille, le vélo pliant à grandes roues

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Dépliage du vélo Bastille en compagnie de son créateur, Gilles Henry, également papa de la poussette Yoyo.

Gilles Henry est de ceux qui veulent changer le monde en commençant par changer le quotidien des gens. L’ingénieur a frappé fort en 2012 avec la sortie de la poussette Yoyo, réputée pour sa compacité une fois pliée (la première à passer en bagage cabine) et pour la satisfaction que l’on a quand on la déplie d’une main avec un bébé dans l’autre. En 2015, une fois le best-seller des parents urbains mis sur des rails, Gilles se prend à rêver de tout plier. Bien conscient qu’il ne pourra pas réinventer la roue, le roi de la poussette sent bien qu’il a sa carte à jouer dans l’univers du vélo. Il voit les choses en grand, à commencer par les roues de son vélo — pliable évidemment. Huit ans de développement et trois brevets plus tard, le premier vélo Bastille sort des ateliers français. Rencontre et essai d’un prototype prometteur.


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Une histoire de pliage

En 2003, Gilles Henry, ingénieur de formation, commence à s’ennuyer dans un grand groupe français de télécommunication. Sa passion pour le dessin industriel le rattrape et lors d’une réunion, pas très excitante à priori, il dessine sur le coin d’un carnet une poussette, virtuellement pliable. Quelques jours plus tard, Gilles a rendez-vous avec un coach pour ouvrir ses horizons professionnels, ayant déjà bien conscience que gérer des projets télécom suite à l’éclatement de la bulle internet ne l’intéresserait plus pour longtemps. Au gré de la conversation, Gilles évoque son dessin de poussette et l’intuition est bonne, l’histoire d’amour entre le pliage et Gilles peut démarrer.

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Bien décidé à dépoussiérer la poussette pliable, le quadragénaire de l’époque veut proposer la poussette du 21e siècle, espérant le même succès que la poussette canne, best-seller mondial signé McLaren, restée bloquée dans les années 70. Curieux et observateur, Gilles dessine une première poussette dont il vend l’exploitation dès 2003 au groupe néerlandais Bugaboo. Amoureux du détail, il pense pouvoir faire mieux, profite du plan de départ de son entreprise en 2007 et s’attèle à créer « LA » poussette idéale. Il s’associe avec la jeune marque française de puériculture Babyzen et lance en 2012 la YOYO, protégée par trois brevets. Onze ans plus tard, la star des poussettes, souvent imitée et jamais égalée, s’est vendue à près de deux millions d’exemplaires.

Dès 2015, au lieu de se tourner les pouces, Henry veut encore plier. Il développe sa vision pour le vélo Bastille : un pliage au service du vélo et non l’inverse, sans toucher à ses qualités intrinsèques, à commencer par la taille des roues pour un maximum de performance. Le géo-plie-tout imagine un système de pliage révolutionnaire en trois dimensions qu’il teste en impression 3D et en bricolant dans son bureau.

Conscient de ses lacunes dans l’univers de la bicyclette, l’ingénieur se rapproche en 2017 de Julien Leyreloup, le Mozart du vélo sur-mesure. Le fondateur des Cycles Victoire, bien qu’impressionné par le pliage, n’est pas convaincu par la géométrie du vélo. Julien propose de nouvelles lignes pour en faire un « vrai bon vélo » et Gilles se charge ensuite de le rendre pliable.

En 2018, le vélo Bastille naît. L’année suivante les trois brevets de pliage (selle, cadre et potence) sont déposés pour le rendre imprenable. L’équipe s’est étoffée et le plus pliable des vélos normaux est prêt à conquérir le marché. Les précommandes sont ouvertes depuis le 5 octobre et Henry ne compte pas être le Poulidor du vélo pliable.

Gilles Henry et son vélo pliable.
Gilles Henry et son vélo pliable. SDP

On a testé le vélo Bastille —  et il met tout le monde d’accord

En arrivant dans les bureaux de Bastille à Saint Lazare, on remarque tout de suite le garage à vélo un peu particulier dans l’entrée. Une dizaine de vélos sont pliés, bien alignés et désignés chacun par un nom digne d’un cousin d’R2D2. Chaque prototype est utilisé au quotidien par les membres de l’équipe. Quoi de mieux que des tests en conditions réelles ?

Héléna et Laura, le binôme de la communication, me font la démonstration du pliage et dépliage en m’expliquant qu’il y a un petit coup de main à prendre. Le record du bureau est annoncé à 6 secondes. Malgré mon esprit de compétition, je dois me contenter d’une douzaine de secondes pour mon deuxième pliage.

En quelques essais, la magie Bastille opère et le pliage n’est plus une contrainte. Le fondateur sort d’une salle de réunion, calme derrière ses lunettes rectangulaires comme on imagine un ingénieur, et nous explique que son truc à lui « c’est de faire aimer le pliage« . Pari étrange, mais utile et réussi haut la main. Spontanément, on a envie d’envoyer une vidéo à un proche pour montrer que nous aussi on participe à des grands moments de l’histoire. Un peu comme ceux qui étaient au décollage d’Apollo 11, l’iPhone dans la poche en plus pour les vidéos.

Le vélo Bastille plié.
Le vélo Bastille plié. Nawel Odin

Alors, pourquoi « Bastille » ? « Je voulais un nom qui sonne Français, que tout le monde connaît et qu’on a envie d’associer à la liberté. Un petit clin d’œil aussi au made in France. J’aurais pu choisir « Easy Bike Fold« , mais il manquait l’élégance« , sourit Gilles avant de m’encourager à aller l’essayer. Il faut dire qu’une fois déplié, le vélo Bastille a la classe.

Dans la rue, les passants me regardent déplier l' » O.P.N.I. » (objet pliant non identifié) et je file en direction de la rue de Rivoli éclairé par les deux lampes intégrées aux garde-boues solides. Très vite, je ressens un vrai plaisir au pilotage : les freins à disque freinent bien, la position est confortable, les trois vitesses passent à merveille et la courroie me rassure : je ne peux pas dérailler.

J’appuie sur la pédale, très vite lancé, je dépasse les vélotaffeurs et me surprends à m’imaginer dans les derniers mètres de la grande boucle : direction la Concorde. Je conclus cet essai par un tour de l’obélisque à 25 km/h, impressionné par la maniabilité et la robustesse du vélo sur les pavés.

De retour au bureau, je fais remarquer qu’on a presque envie d’avoir plus de trois vitesses dans le moyeu une fois bien lancé. Un ingénieur me répond que la version sept vitesses est prévue aussi dès le lancement officiel. Les bruits de couloirs parlent déjà d’une version électrifiée, mais je n’ai pas le droit de l’évoquer… Trop tard !

Le Bastille s’embarque partout.
Le Bastille s’embarque partout. SDP

Qui est la cible du vélo Bastille ?

La Yoyo c’est la solution pour les parents qui ont une vie active dans des espaces restreints. Le Bastille a été pensé pour les personnes qui veulent un vrai vélo qui s’adapte aux contraintes de la vie urbaine : le manque de place et les vols.

En imaginant un vélo à grandes roues, Gilles Henry veut convaincre ceux qui veulent un vélo qui ressemble à un vélo. Il précise dans le podcast Génération Do It Yourself : « Brompton est une marque fantastique, très British. L’idée n’est pas d’aller concurrencer ces gens-là. Le vélo pliant, aujourd’hui, sert principalement à commuter. Ce n’est pas un beau vélo, c’est du no-design avec un côté presque décalé. Notre usage n’est pas celui-là : il vise les gens qui veulent se mettre au vélo. Leur problème principal est souvent le vol : dehors, il est à risque, dans la copropriété, il n’y a pas de place… »

Gilles Henry et son équipe ont donc imaginé un « super vélo de ville » qui s’avère être pliant pour être monté dans l’ascenseur et rangé dans un coin de l’appartement. Celui-ci peut être plié de deux manières différentes : en T avec le guidon qui sert de poignée pour le faire rouler sur ses deux roues côte à côte et ainsi ne pas porter les 15 kg du vélo ou en « O » sur un format le plus compact possible, pour le ranger sous une table, au restaurant ou dans sa housse pour l’embarquer dans le TGV, dans le rack à bagages. Une poignée est intégrée au cadre et permet de le porter facilement. Une fois plié en O, le vélo ne prend (presque) pas plus de place que deux roues côte à côte. Magique.

Côté prix, le vélo Bastille est annoncé à 2 590 €. Il est éligible aux primes à l’achat des collectivités – jusqu’à 400 € par exemple en Île-de-France. C’est cher certes, mais celui-là, on est sûr de le garder longtemps…

Le vélo plié en O.
Le vélo plié en O. SDP

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Site internet du vélo Bastille. 

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