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Horlogerie

A l’origine du Paris-Brest, une course de vélos

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Le 24 août dernier, les derniers participants terminaient leur voyage en terres bretonnes couronnés de la plus belle des récompenses : un Paris-Brest.

Le Paris-Brest-Paris est bien plus qu’un aller-retour à pédale, c’est un voyage dans la France des aoûtiens. D’un côté, les milliers de cyclistes amateurs dont le peloton s’étire, dans un sens puis dans l’autre, le long du tracé longeant plus de six-cents kilomètres de départementales reliant Paris à Brest. De l’autre, les innombrables spectateurs devant leur portail, sourire aux lèvres et panneaux à la main, qui supportent de jour comme de nuit des inconnus enthousiastes. Cet événement hors normes aux airs de grande kermesse sportive ne doit pas sa réputation uniquement aux fans de la petite reine, mais aussi à l’une des pâtisseries devenue reine grâce à lui : le Paris-Brest.


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Paris-Brest-Paris : L’épopée cycliste de 1200 km

La course cycliste Paris-Brest-Paris (ou Paris-Brest et retour) est l’une des épreuves les plus emblématiques et exigeantes de l’univers du cyclisme longue distance. C’est aussi l’événement qui réunit le plus de cyclistes en France tout en restant encore relativement confidentiel hors des villages de l’ouest français si on le compare à la Grande Boucle, son grand frère pour professionnels. Cette course unique en son genre, que les initiés surnomment simplement la « PBP », attire tous les quatre ans des milliers de cyclistes amateurs du monde entier pour un périple de 1200 kilomètres aller-retour de Paris à Brest, mettant à l’épreuve leur endurance, leur détermination et leur passion pour le vélo dans une ambiance conviviale.

« On m’avait prévenu : il y aurait du monde sur la PBP que je viens de terminer. Je n’ai pas été déçu, plutôt surpris même. Sur les 1200 kilomètres du parcours, qu’on se trouve en ville ou en campagne, de jour ou de nuit, il était rare de rouler plus de dix minutes sans apercevoir au loin la silhouette de quelqu’un attendant notre passage avec des applaudissements, des encouragements, des propositions d’eau, de café ou de gâteaux, des tapes dans les mains, des regards amusés« , raconte Pierre Morel, photoreporter et cycliste passionné.

Paris-Brest-Paris : de jour comme de nuit…
Paris-Brest-Paris : de jour comme de nuit… Sven Dammann

Un peu d’histoire

L’histoire remonte à 1891 lorsque Pierre Giffard, le directeur de l’information du quotidien français Le Petit Journal, organise la première édition de la Paris-Brest-Paris pour promouvoir la bicyclette comme moyen de transport et ainsi remplir les pages de son quotidien réputé avec les aventures et mésaventures des premiers forçats de la route. La première édition attire 206 participants pour seulement 99 finishers. C’est Charles Terront, considéré comme la première star française du cyclisme, qui remporte la victoire en un peu plus de 71 heures. Embauché par André et Edouard Michelin, le victorieux Charles participera par la suite au futur succès commercial des pneumatiques démontables pour vélo de la marque au Bibendum, une grande première.

Cette prouesse aux airs d’échappée belle sportive atteint son but : attirer l’attention et jeter les bases de l’une des courses les plus emblématiques du cyclisme longue distance. Elle continue alors de se développer au fil des années, au gré des événements du 20ème siècle, attirant de plus en plus de participants — jusqu’à 6800 lors de sa dernière édition. Ouverte au départ au grand public comme aux professionnels, la Paris-Brest-Paris change son fusil d’épaule pour fermer son accès aux pros en 1951, laissant aux cyclistes de métier le Tour de France pour se départager.

Un échappé pendant la course.
Un échappé pendant la course. Sven Dammann

Paris-Brest-Paris : l’expérience d’une vie

Historiquement, seuls les hommes français pouvaient s’embarquer dans la course. Sa mouture actuelle accueille désormais des femmes — seulement 7,24 % de participantes cette année — et un nombre important d’étrangers. La Paris-Brest-Paris séduit d’ailleurs tant les cyclistes venus du monde entier que, pour cette dernière édition, l’organisation avait réservé 2500 de ses 6800 dossards aux concurrents tricolores afin de s’assurer que résonne la langue de Molière sur les routes bretonnes.

Pour espérer participer à cette grand-messe itinérante, Sybille de la Raudière, une jeune cycliste parisienne, a dû démontrer son expérience en matière de longue distance et remplir les critères d’admissibilité. Un certain nombre de Brevets Cyclistes (des courses qualificatives non-stop reconnues par le club organisateur du PBP), allant de 200 kms à 600 kms, doivent être validés au cours de l’année de la course pour participer au Paris-Brest-Paris.

C’est lors de sa participation à un Brevet de 300 km par une belle nuit étoilée de juin 2022 que Sybille a compris que ce format de course au long court lui plaisait. « J’ai découvert le plaisir de rouler de nuit, en petit groupe. Quelle expérience de rentrer dans un état méditatif et de voir les quelques heures de nuit d’été défiler à 25km/h ! » Une fois le précieux dossard obtenu, elle a dû redoubler d’efforts pour préparer les 80 heures de voyage qui l’attendait.

Une pause ?
Une pause ? Sven Dammann

Car la Paris-Brest-Paris est une course de longue distance non-stop : le chrono s’enclenche au départ à Rambouillet, en région parisienne, et ne s’arrête que quelques jours plus tard, quand les aventuriers de la route franchissent à nouveau la ligne. La seule contrainte étant de suivre le parcours fléché et de respecter la barrière horaire de 90 heures, chaque coureur est libre de se réserver un hôtel, de dormir dans le fossé, de ne pas dormir du tout, de s’arrêter pour manger un croissant dans chaque boulangerie ou de faire escale dans les meilleurs restaurants du parcours.

« J’ai fait l’opposé de ce qui était recommandé ! J’ai embarqué tout le nécessaire à mon confort sur mon vélo : un duvet, un petit matelas… Je préfère prendre le temps de m’installer pour bien dormir pour une petite heure plutôt que faire une mauvaise sieste dans une salle comble de monde. J’ai dû dormir moins de sept heures en tout sur trois jours de course« , explique Sybille. Si les coureurs s’organisent donc selon leur bon vouloir, la quinzaine de checkpoints situés tout au long du parcours permettent néanmoins aux cyclistes de se reposer, de manger et de se réapprovisionner en nourriture et en matériel. Car la condition physique est une clé de l’épreuve. Cette année, près de 25% des partants ont abandonné avant la fin pour cause d’épuisement.

Ce n’est pas le cas de Pierre qui a été porté par la ferveur populaire de l’événement. Sa force, il l’a puisée dans chaque sourire croisé au bord de la route. « Devenir soi-même l’objet d’un spectacle par la pratique d’une activité centenaire, le vélo, hors de tout enjeu de compétition, est une expérience touchante et singulière. A fortiori sur un temps aussi long, un cérémonial de plusieurs jours, sur plusieurs centaines de kilomètres. C’est inédit pour moi. »

Dormir où l’on peut, quand on peut…
Dormir où l’on peut, quand on peut… Sven Dammann

Le Paris-Brest, récompense sucrée pour sportifs aguerris

Comme un clin d’œil, tous les finishers se voient offrir un Paris-Brest à l’arrivée qu’ils partagent dans une ambiance de kermesse somnolente. Bien ancrée dans le patrimoine gastronomique français, cette couronne de pâte à choux fourrée d’une crème mousseline pralinée et garnie d’amandes effilées doit sa création à la course éponyme. « Il faut le dire, le Paris-Brest n’est pas des plus pratiques à manger en vélo« , plaisante Sybille.
En 1909, le pâtissier Louis Durand flairant le coup marketing fit sensation en créant le Paris-Brest, un gâteau à la forme circulaire, censé évoquer la roue d’un vélo.

Il profite d’avoir sa pâtisserie située sur le parcours de l’époque, à Maison Lafitte, pour populariser son futur best-seller et régaler les cyclistes comme les curieux. La légende raconte qu’il se serait inspiré d’un dessert brestois en forme de couronne que l’on offrait aux vainqueurs des premières éditions…

Plus d’un siècle plus tard, la course et son gâteau sont rentrés dans l’histoire. Prochaine édition en août 2027, ça vous tente ?

Le désormais célèbre Paris-Brest.
Le désormais célèbre Paris-Brest. La Pâtisserie des Rêves

Site internet de la course Paris-Brest-Paris.


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