The Good Look
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Devenue très tôt une activité traditionnelle en Suisse, grâce aux orfèvres qui s’y sont installés et développés, l’horlogerie entretient un lien avec les Alpes qui n’est plus à démontrer.
Besançon, Le Locle, Genève, Bienne, Le Brassus… la plupart des capitales historiques de l’horlogerie ont vue sur les sommets. Pas très étonnant pour une industrie, aujourd’hui principalement localisée en Suisse et qui a pour capitale mondiale La Chaux-de-Fonds. Car c’est bien des deux côtés du Jura, en Suisse et en Franche-Comté, que se développe l’industrie horlogère au XVIIIe siècle.
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D’autres grands pôles horlogers ont vu le jour aux États-Unis, en Angleterre, en Allemagne, au Japon et aux Pays-Bas, à des endroits au relief souvent plus plat, mais ils n’ont pas toujours perduré. Ceux qui ont résisté au temps qui passe sont montagnards, comme s’il s’agissait d’un principe fondamental.
La Suisse est un pays où les montagnes occupent le tiers du paysage. Cette proximité avec les sommets imprime fortement l’esprit horloger depuis des siècles. Alpina et Montblanc portent cet ADN jusque dans leur nom. Mais, Longines, Chopard, Ebel, H. Moser & Cie., Rolex, Tissot ou encore Victorinox sont tout aussi fermement monticoles.
L’alpinisme en vedette
Passionnées de sport, les maisons horlogères s’investissent aussi massivement dans les disciplines pratiquées en haute altitude, et en premier lieu l’alpinisme. Les montres grimpent la montagne depuis des lustres. Dès les années 30, la marque d’horlogerie Rolex équipe des expéditions himalayennes. L’objectif : observer le comportement des montres dans les conditions extrêmes. Les retours des explorateurs font progresser la technique horlogère.
Par la suite, la marque à la couronne se targue d’être, en 1953, la première à avoir gravi l’Everest, rooftop des alpinistes, sommet le plus élevé du monde (8 849 m). À l’époque, c’est un modèle Oyster Perpetual qui accompagne Edmund Hillary, alpiniste néozélandais et son sherpa népalais Tensing Norgay. L’expédition était aussi pourvue en montres Smiths, une marque britannique.
Profitant du retentissement de cette ascension, Rolex sort son modèle Explorer dans la foulée. Plus évoluée, cette montre est devenue une légende. À sa simple évocation, les amateurs de grimpette sentent l’oxygène se raréfier, le froid les envelopper et le plancher des vaches se dérober. « Chez Tissot, nous avons aussi une montre pionnière de l’Everest : la Seastar T12, étanche à 120 mètres. Cette sportive née en 1956 est portée par Nawang Gombu, instructeur à l’Institut d’alpinisme de l’Himalaya, à Darjeeling, quand il atteint le toit du monde en 1963 », rappelle Sylvain Dolla, le CEO de Tissot.
Aujourd’hui, l’attrait pour les hauteurs reste si fort que certaines manufactures sans liens historiques avec la montagne s’engagent à leur tour. Ainsi, Richard Mille vient d’accueillir son premier ambassadeur alpiniste, le Français Charles Dubouloz. « J’aime repousser les limites dans tout ce que j’entreprends.
À flanc de montagne, je recherche l’intensité que je ne trouve pas dans la vie “horizontale” », souligne le jeune homme. Ce discours a, on s’en doute, séduit la manufacture, amie des sportifs les plus pointus. La Richard Mille RM 67-02 Automatique Extraplat sera à son poignet lorsqu’il franchira, en 2025, un nouveau sommet au Pakistan ou quand il tentera, cet hiver, la « trilogie des Alpes » françaises.
Plus inattendu encore, la manufacture Panerai, aux racines florentines, spécialiste des instruments de plongée, se lance à son tour et suit son héros préféré : Mike Horn. Le programme Panerai Experience, propose aux propriétaires de la nouvelle Submersible GMT Titanio Mike Horn Experience Edition PAM01670, limitée à 30 exemplaires, d’escorter l’aventurier au Bhoutan, petit pays situé en pleine chaîne de l’Himalaya. Le trip promet de « mettre à l’épreuve les limites mentales et physiques des invités via de vertigineux treks himalayens », notamment.
Le ski sous toutes ses coutures
Bien entendu, le ski est aussi un classique très présent dans l’univers des manufactures qui soutiennent diverses disciplines – descente, freeride ou surf –, ainsi que divers champions. Longines est associée au ski alpin depuis le début du XXe siècle. Aujourd’hui, elle est le partenaire principal de la Fédération internationale de ski (FIS).
Elle chronomètre ainsi le circuit de la coupe du monde et le Championnat du monde de ski alpin également très sportive. Elle s’appuie notamment sur un trio de skieurs : la Suissesse Corinne Suter, championne de descente, le Norvégien Aleksander Aamodt Kilde, spécialiste du super‑G qui s’est blessé en 2024, et, plus original, le Suisse Dario Cologna, as du ski de fond.
Enfin, la marque d’horlogerie Richard Mille, qui s’associe toujours aux meilleurs athlètes, soutient Alexis Pinturault, skieur français le plus titré, toutes disciplines confondues. Et bien d’autres horlogers fréquentent tout aussi assidument les pistes… Jean-Claude Killy et Rolex, entre autres.
Des collab originales
Devant le grand nombre de marques liées au ski ou à l’alpinisme, certaines maisons horlogères préfèrent s’échapper hors piste. Hamilton soutient ainsi les compagnies aériennes de sauvetage en haute montagne : Air‑Glaciers et Air Zermatt. Leurs membres héroïques interviennent en hélicoptère, risquant parfois leur vie pour sauver celles des autres.
La marque d’horlogerie Alpina, de son côté, soutient le High Five Festival, l’équivalent du Festival de Cannes pour les films de ski. La marque offre une montre à chacun des lauréats. Plus atypique encore, l’iconoclaste manufacture H. Moser & Cie. a longtemps fait par‑ ler d’elle en concevant des montres concept décalées, prototypes uniques, en rapport avec l’âme suisse.
La Swiss Alp Watch, par exemple, rendait hommage à l’Apple Watch connectée, dont elle reprenait le design. Elle était, en revanche, animée par une mécanique horlogère traditionnelle à remontage manuel. La maison nous a aussi gratifiés d’une montre à boîtier en gruyère, la Swiss Mad Watch, et d’une autre ornée de vraies fleurs et plantes helvètes endémiques, la Nature Watch.
Les stations aussi
Depuis quelques années, on a vu fleurir des sponsorings d’un nouveau genre. Des manufactures s’associent à des lieux connus. Alpina est ainsi le partenaire horloger de la célèbre station de ski française de Val Thorens, depuis 2022. Plus haute station d’Europe (2 300mètres), elle est le point culminant du domaine des 3 Vallées, plus grand domaine skiable au monde, avec 600km de pistes.
« Pendant la saison,nous installons un horloger dans un conteneur au sommet des pistes. Cela crée du lien avec les skieurs », déclare Yasmina Pedrini. L’horloger soutient aussi la Coupe du monde de ski cross, qui se déroule dans la station. Cette discipline spectaculaire oppose quatre athlètes sur un parcours technique, fait de virages relevés, de bosses et de tremplins dans l’esprit du BMX ou du skateboard.
Ce n’est pas tout, la marque est aussi très proche de l’École de ski français (ESF) du Grand Bornand. C’est dans le Valais suisse que nous attend la marque d’horlogerie Hublot. La marque a longtemps sponsorisé les remontées mécaniques de Zermatt, mythique station implantée au pied du célèbre Cervin, là même où Oris aime présenter ses nouveautés, chaque année, début janvier.
Le logo d’Alpina (un triangle rouge) apparaît, lui, en 1909. Il symbolise la montagne, et plus précisément le mont Cervin (Matterhorn, en allemand), cette singulière montagne suisse en forme de pyramide (vous voyez, comme sur les emballages de Toblerone…) qui culmine à 4 400 m d’altitude et surplombe la station de Zermatt.
Tissot, elle, est implantée un peu plus au Nord. « Depuis 2012, nous sommes partenaires du Jungfraujoch, le chemin de fer le plus haut d’Europe, qui culmine à près de 3 500 m d’altitude », se réjouit Sylvain Dolla. La maison du Swatch Group rend hommage à ce train à crémaillère qui part à l’assaut du massif de la Jungfrau, en lançant des montres séries spéciales en son honneur.
Enfin, le nom de la marque Montblanc provient directement de la montagne éponyme, toit de l’Europe. « C’est le sommet le plus célèbre du monde devant l’Everest, rappelle Laurent Lecamp, directeur de la division horlogerie. Notre logo représente les 6 glaciers enneigés formant le massif du Mont-Blanc, vus du ciel, dont la mer de Glace. » On le voit, le lien entre l’horlogerie et le monde de la montagne est solide comme un rocher du massif de l’Eiger. Il passe les ans, survit aux avalanches et sans cesse se réinvente.
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