Getaway
The Good Guide
Cette monarchie absolue créée il n’y a pas tout à fait cent ans s’est engagée dans un programme de modernisation sans précédent. Le deuxième producteur de pétrole du monde mise notamment sur l’art contemporain pour accélérer sa mutation. Pourquoi ? Comment ? Rendez-vous dans le désert d’Al-Ula, sa nouvelle oasis de soft power, pour découvrir les manifestations clés qui s’y déroulent.
Il y a une quinzaine d’années, l’Arabie saoudite était encore un royaume autocratique réputé pour son conservatisme religieux et totalement replié sur lui-même. Le prince Mohammed ben Salmane (MBS) donne désormais l’impression de vouloir ouvrir son pays à la modernité.
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Eldorado culturel
Cet élan – réel ou pas – s’inscrit dans le plan Vision 2030, qui a pour objectif « d’assurer la transition vers un modèle de développement économique, plus libéral et plus ouvert sur le monde, créateur d’emplois et de richesses ». On prête ainsi au royaume des Saoud le désir de jouer dans la même cour que Dubaï.
Aujourd’hui, près de 85 % des recettes budgétaires du pays proviennent encore des hydrocarbures. Outre l’image de pollueur qu’elles donnent au pays, ces ressources devraient forcément se réduire à l’avenir. L’un des objectifs de MBS est de les remplacer petit à petit en introduisant de nouveaux pôles de développement.
Le tourisme, deuxième richesse du pays après le pétrole, est l’une des pistes choisies. Le royaume compte sur les charmes séculaires du désert d’Al-Ula pour attirer une clientèle occidentale, cultivée, haut de gamme. Des preuves ? Une exposition Andy Warhol, artiste américain ouvertement gay et subversif, s’y est tenue en 2023.
David Guetta y a organisé une performance en début d’année. Le DJ a mêlé sa musique électronique au désert pour créer une expérience audiovisuelle nocturne. Pour rappel, en Arabie saoudite, il était encore tout récemment interdit d’écouter de la musique dans un lieu public…
Al-Ula, destination de référence
Le royaume saoudien cherche à devenir une destination de premier plan en matière de tourisme culturel et artistique. Il a mis en place une ambitieuse politique de soutien à l’art contemporain ainsi qu’au design et à la mode. Dans cette volonté, Al-Ula concentre une bonne partie des nouveaux projets. L’objectif est de faire converger tous les regards vers ce lieu d’ici à 2035.
Pour développer une offre culturelle de haut niveau, la Commission royale s’est rapprochée, notamment, de l’agence française Afalula. Créée en 2018, cette structure a pour mission de mobiliser l’ensemble des savoir-faire français (experts, opérateurs, entreprises) œuvrant dans les domaines de l’ingénierie culturelle, l’archéologie, l’architecture ou l’urbanisme. Du soft power dans les deux sens, du côté de Paris et de Riyad.
Aujourd’hui, la petite ville d’Al-Ula et son oasis concentrent des dizaines d’événements qui, parfois, semblent faire doublon. En entrouvrant une fenêtre sur le monde artistique occidental, aussi tronquée soit-elle, l’Arabie saoudite semble vouloir stimuler la création et peut-être faire évoluer les mœurs de sa société. Et cela même s’il reste pas mal de travail dans ce domaine, notamment concernant la condition des femmes.
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