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Lyon a su se réinventer en métropole moderne, durable et attractive en se façonnant un nouvel imaginaire urbain à la mesure de ses ambitions et des enjeux du XXIe siècle. Faisant partie des principales agglomérations industrielles de France, elle entend s’imposer comme référence européenne et se rêve en capitale de « l’industrie du futur », tout en capitalisant sur l’image d’une ville où il fait bon vivre.
À peine sorti du train, le visiteur découvre que la gare Part-Dieu se refait une beauté : boutiques aux devantures flambant neuves qui attendent patiemment une ouverture, parcours au sol fraîchement posés pour s’orienter dans la gare… Lyon constitue un carrefour géographique – la métropole est située entre le Massif central, à l’ouest, et les Alpes, à l’est, et se trouve également au cœur des liaisons entre l’Europe du Nord et du Sud.
Actuellement, la gare Part-Dieu compte 125 000 passagers par jour et constitue la première gare de correspondance d’Europe, ainsi qu’une porte d’entrée majeure de la métropole lyonnaise (Grand Lyon). Elle a pourtant été initialement conçue pour accueillir 30 000 passagers quotidiens. « Dès son implantation, tardive, dans les années 80, la gare a souffert d’un sous-dimensionnement physique, aujourd’hui aggravé par un état généralisé de saturation de sa fréquentation, explique Thierry Perraud, directeur du projet économique Lyon Part-Dieu. En 2009, l’idée d’une rénovation voit le jour chez les élus lyonnais. La gare a constitué un levier fort autour duquel d’autres éléments se sont agrégés et, dès 2010, la volonté d’un vrai projet de réaménagement de quartier s’est manifestée. »
La livraison de la nouvelle gare, à la capacité d’accueil doublée, est prévue pour 2023. À l’extérieur, Lyon ouvre ses bras sur un ciel bleu éclatant et sur d’autres chantiers qui fleurissent dans tout le quartier. Seule leur activité, avec le ballet des grues et le ronronnement des machines de chantier, donne du mouvement à la ville par ces temps étranges et figés de confinement.
A Lyon, la Part-Dieu est le cœur actif de la métropole
Symbole de la fin d’une époque, celle des années 70, de son urbanisme de dalles et de son architecture gris béton, le quartier de la Part-Dieu s’est développé comme centre des affaires et de décision de Lyon. Cœur actif de la ville, il a contribué au rayonnement de la métropole en Europe et à l’international. Aujourd’hui encore, concentrant 2 500 entreprises et 60 000 emplois, il s’agit du deuxième pôle tertiaire au niveau national après celui de Paris-la Défense.
« Le quartier ne correspondait plus aux standards contemporains de la vie urbaine, raconte Thierry Perraud. L’objectif est de le faire évoluer, de le moderniser, d’apporter de la mixité, tout en lui donnant un fil conducteur et en réinventant le patrimoine architectural des années 70. » La rénovation massive du quartier de la Part-Dieu totalise des investissements dont le montant est estimé à 2,5 milliards d’euros pour une fin de chantier prévu à l’horizon 2030.
À terme, le projet vise une répartition de deux tiers de bureaux et un tiers de logements avec, notamment, la construction de 2 200 nouveaux logements et un million de mètres carrés supplémentaires de bureaux. À côté de la fameuse tour Part-Dieu, surnommée le Crayon, emblématique des années 70 et du quartier, les tours Oxygène (2011), Incity (2015), puis Silex 2 et To‑Lyon (prévues pour 2021 et 2022) formeront la nouvelle skyline de Lyon.
« La tour Silex 2 est un exemple emblématique, déclare Thierry Perraud. Il s’agit du réaménagement d’une tour EDF qui n’était plus occupée au début des années 2010. La tour existante, qui date des années 70, a été complètement réhabilitée, et une extension a été ajoutée. Il s’agit d’un chantier ambitieux qui s’inscrit dans une véritable continuité historique. » Les 31 000 m2 de la tour accueillent, entre autres, des bureaux, un auditorium, une salle de sport et une terrasse de 600 m2 réservée à l’agriculture urbaine.
Déjà 11 000 m2 de bail, soit 11 plateaux, ont été réservés. « Cela fait maintenant plus d’une vingtaine d’années que de grands projets d’aménagements urbains ont été entrepris dans différents quartiers de la ville de Lyon, comme le renouveau du quartier de Gerland ou le développement de celui de la Confluence, explique Thierry Perraud. Le concept, commun à diverses métropoles, est de travailler aussi bien sur la partie urbaine que sur la qualité de vie. »
Bonne santé économique
Le Grand Lyon constitue actuellement le deuxième marché tertiaire en France et jouit d’un marché immobilier en pleine expansion, témoignant de sa bonne santé économique. Son offre de bureaux a augmenté de 23 % en dix ans et représente une superficie totale de plus de 6 millions de mètres carrés en 2019.
Si le quartier de la Part-Dieu reste en tête avec plus de 1 million de mètres carrés disponibles, on observe également une croissance du marché immobilier des bureaux à Gerland (585 228 m2), Vaise (477 629 m2), Villeurbanne (379 539 m2) ou encore Confluence (230 251 m2). Ces opérations de transformation, toutes porteuses d’une véritable identité économique et vitrines de la métropole, permettent de créer un nouvel imaginaire urbain capable d’attirer touristes, nouveaux habitants, entreprises et investissements.
Avec une population de 1,38 million d’habitants en 2016, la métropole de Lyon se classe troisième, derrière celles du Grand Paris (7 millions) et d’Aix-Marseille-Provence (1,8 million) et connaît une croissance annuelle de 1,1 % de sa population. Avec un PIB de 74,6 milliards d’euros en 2016, le Grand Lyon est régulièrement classé dans le top 10 des villes européennes.
« Malgré l’impact de la crise sanitaire restant encore à être évaluée, la métropole a bénéficié depuis ces dix dernières années d’un contexte économique favorable de pleine croissance », souligne Sébastien Delestra, responsable du service implantation et immobilier d’entreprise pour la métropole. En 2020, le taux de création d’entreprises est de 20 %, correspondant à près de 30 000 nouveaux établissements. De même, l’emploi salarié privé continue de croître chaque année. Les PME représentent 43 % de l’ensemble du chiffre d’affaires des entreprises du territoire. Deuxième pôle de recherche et d’enseignement supérieur français, avec 12 200 chercheurs, enseignants-chercheurs et doctorants, la métropole compte par ailleurs 164 000 étudiants, dont 13 % d’internationaux.
« Aujourd’hui, la métropole tire sa vitalité d’une économie multisectorielle qui repose sur un socle industriel et artisanal d’entreprises diversifiées composé de TPE, PME, ETI et grands comptes, qui sont par ailleurs réparties sur l’ensemble de son bassin d’emploi, poursuit Sébastien Delestra. Les filières industrielles historiquement présentes, comme la santé ou encore la chimie, ont su s’adapter aux différentes évolutions économiques, renforcées par des filières émergentes, comme les nouvelles mobilités, le bâtiment durable ou le textile. L’industrie devient désormais un facteur de transformation du territoire en faveur de la transition écologique vers une économie décarbonée. C’est sur ce socle productif que viennent se développer les activités tertiaires et de services. En effet, ces activités fabricantes que l’on souhaite conserver en milieu urbain tirent toute la chaîne de valeur de l’économie avec un effet catalyseur sur les activités de service. Le dynamisme de la recherche publique et privée et la présence d’un important secteur universitaire apportent une vraie plus-value à ces activités et viennent compléter l’écosystème. »
Plus de la moitié (57 %) de la richesse créée dans la métropole est liée à la sphère productive, c’est-à-dire à l’activité des entreprises industrielles et des services associés. Chimie, environnement, santé, mobilité, énergie, transport et biotechnologie sont aujourd’hui autant de secteurs qui forment un paysage industriel compétitif et innovant.
Un campus consacré à l’industrie 4.0
Avec près de 6 790 implantations et 75 550 emplois dans l’industrie, soit 13 % de l’ensemble de l’emploi, la métropole se classe en tête des sites industriels du pays et entend s’imposer comme référence européenne. Elle abrite déjà quatre sites labellisés « vitrine industrie du futur » (Air Liquide, Framatome, Gravotech, SNCF).
Le soutien et le développement de ses filières industrielles fait partie intégrante du programme de développement économique « Lyon, métropole fabricante » conçu pour la période 2016-2021. « L’ensemble de ces écosystèmes s’organisent sous forme de communautés collaboratives et entrepreneuriales, vecteurs d’innovations technologiques et sociales, et leur ancrage durable sur le territoire devra permettre de relever les défis du XXIe siècle, explique Sébastien Delestra. Vous avez le Biodistrict, à Gerland, dédié à la santé globale, la Vallée de la chimie, pour l’industrie des cleantechs, et la filière numérique, répartie entre Lyon et Villeurbanne, avec, notamment, le lieu totem H7, un incubateur de start-up de 5 300 m2 inauguré à la Confluence, en 2019. »
Dans ce cadre, la métropole s’investit activement dans des projets d’envergure pour incarner la capitale de « l’industrie du futur ». Par exemple, l’Appel des 30, initiative unique en Europe – des éditions ont eu lieu en 2014, 2016 et 2019 –, vise à valoriser les gisements fonciers mobilisables de la Vallée de la chimie, territoire de 11 000 hectares situé au sud de Lyon, pour y accueillir les activités innovantes d’entreprises appartenant au triptyque chimie-énergie- environnement et servir de vitrine de développement durable.
À Vénissieux Nord, une friche de 11 hectares appartenant à Bosch et vendue à la SERL, une société d’économie mixte d’aménagement urbain, accueillera le premier campus consacré à l’industrie 4.0. Le site Usin Lyon Parilly se composera, à terme, de 60 000 m2 de bâtiments (répartis en 40 % de tertiaire et 60 % pour les activités de production) censés accueillir une vingtaine de PME, PMI et start-up et créer un millier d’emplois à l’horizon 2028.
Installée dans un bâtiment de 2 000 m2, l’association La Ruche industrielle émane d’une initiative de grands groupes (Volvo, EDF, SNCF, Aldes, Vicat, Bosch) associés à la métropole et à l’Insa Lyon pour accompagner la numérisation des entreprises industrielles via une plate-forme d’innovation collaborative.
« Nous souhaitons que la métropole s’inscrive dans le XXIe siècle, résume Sébastien Delestra. Soutenir un développement économique au service d’un développement écologique. Devenir un territoire résilient pour garantir une qualité de vie. Historiquement, les secteurs industriels de Lyon et de son agglomération ont su faire face aux diverses crises pour se réinventer. C’est la preuve qu’ils pourront faire face aux défis de demain. » Le Grand Lyon est prêt à incarner la ville du futur.
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