The Good Business
Sortie tout droit d’un film de science-fiction, la moto électrique EV-1 de Newron Motors sera bientôt disponible à la pré-commande. Rencontre avec son créateur, Sébastien Mahut.
Une batterie qui fait office de châssis et tourne sur son axe, enveloppée par un cadre en bois asymétrique : la Newron Motors EV-1 se situe quelque part entre un accessoire du film Tron et une œuvre d’art contemporain. Malgré sa silhouette futuriste qui pourrait la ranger dans la boîte des « concepts qui ne verront jamais le jour », cette moto électrique dont 75 % des composants sont made in France (la batterie et le moteur sont fabriqués en Europe) risque pourtant de réellement fouler le bitume de nos villes.
Côté performances, la EV-1 s’aligne sur les motos électriques haut-de-gamme du marché : 100 chevaux, un couple de 240 Nm au démarrage, une accélération de 0 à 100 km/h en moins de trois secondes. Son autonomie, 300 kilomètres, est également est au niveau de ses futures concurrentes.
10 ans de passion pour la moto électrique
L’histoire de Newron Motors commence en 2009, avec le premier prototype de moto électrique imaginé par Sébastien Mahut, son fondateur. Il s’agit alors d’un rétrofit d’une Aprilia Futura, transformée en moto électrique. Si ses performances sont modestes (110 km/h maximum et une autonomie de 60 kilomètres), Mahut devient néanmoins l’un des premiers à concevoir une moto électrique en France.
Il devient ensuite ingénieur en électronique chez Safran, où il rencontre un autre passionné de bricolage et d’artisanat : Michel Serafin. Avec lui, il fonde Newron en 2016 et ils développent, en neuf mois, une moto dérivée d’une Honda CBR 1000 RR qui intègre leur technologie maison : le moteur, la batterie, la recharge rapide, une connection 4G, une application mobile et un tableau de bord numérique. Ce prototype technique fait le tour des salons et remporte le prix Innov’Up lors du Futur.e.s Festival en 2018.
Alors qu’il prévoit d’ouvrir les pré-commandes avant la fin du mois de janvier, et lancer la production de la EV-1 dans le courant de l’année, Sébastien Mahut – désormais seul à la tête de Newron après le départ de Michel Serafin – détaille ce projet fou pour The Good Life.
5 questions à Sébastien Mahut, CEO de Newron Motors :
The Good Life : Pourquoi avez-vous décidé de miser sur un design hors-du-commun ?
Sébastien Mahut : Toutes les motos électriques haut-de-gamme affichent les mêmes performances. Il faut se distinguer via le design. Les constructeurs des motos électriques reprennent le plus souvent l’architecture d’une moto thermique, et nous avons décidé de nager à contre-courant et profiter de la disparition des contraintes liées à la présence d’un moteur thermique. Ainsi, Newron a contacté l’école de design Rubika à Valenciennes, et briefé les designers sur « la moto française de luxe en 2030 ». Finalement, quand on a vu ce modèle, avec une batterie rotative et un habillage en bois que l’on retrouve surtout dans l’automobile et le nautisme, on a décidé de partir dans cette direction, et d’en faire « la moto française de luxe en 2020 » !
The Good Life : Vous annoncez également que l’EV-1 est la « symbiose de l’artisanat français avec la mobilité du futur ». Quels sont les artisans avec lesquels vous allez travailler ?
Sébastien Mahut : La plupart des informations sont encore confidentielles… Parmi nos partenaires, il y a le fournisseur de freins haut de gamme Béringer, et, pour la sellerie, un fabricant de cuir qui travaille, entre autres, avec Hermès. Au total, 75 % à 80 % des composants de la moto seront français, le reste sera fabriqué en Europe.
Trois motos supplémentaires, et du rétrofit
TGL : Une EV-1 futuriste sur nos routes, c’est pour quand ?
S.M. : Aujourd’hui, nous avons trouvé la plupart de nos partenaires techniques, ne manque plus que les investisseurs. Nous sommes accompagnés par un cabinet d’avocats pour procéder très prochainement à une levée de fonds, dans le but de produire 12 motos d’ici fin 2020. Nous prévoyons ensuite de lancer une production en série en 2021. Fin janvier, notre site internet sera opérationnel, avec la possibilité de pré-commander l’une des 12 premières EV-1, à partir de 60 000 euros.
TGL : Quels sont vos projets pour le développement de Newron Motors ?
S.M. : Nous allons développer une gamme de trois motos après l’EV-1, qui intégreront le même ADN et les mêmes codes design. Mais elles afficheront des performances moins importantes, et seront proposées à un tarif plus accessible.
TGL : Le rétrofit est à l’origine de votre histoire d’amour avec la moto électrique… compte-vous intégrer cette activité à votre entreprise ?
S.M. : Nous étudions actuellement l’opportunité de rétrofiter des motos thermiques pour des clients, où leur proposer un catalogue de motos que nous aurions nous-mêmes transformées. A condition qu’il existe une vraie demande. En présentant le prototype technique de la EV-1 sur les salons, une Honda CBR, je me suis rendu compte d’une appétence pour le rétrofit. Il était encore interdit en France, mais grâce à l’association des Acteurs de l’Industrie du Rétrofit électrique, la loi va changer au mois en février prochain.
→ Les pré-commandes seront bientôt ouvertes sur le site www.newronmotors.com et la moto prototype technique sera exposé aux 24h du Mans Motos, les 18 et 19 avril prochains.
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