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Turbocraft, fan des sixties
Bateaux de James Bond, des Kennedy ou des agents de la CIA, les runabouts Turbocraft ont connu la gloire, puis l'oubli.
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The Good Business

Turbocraft Fan des sixties

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Bateaux de James Bond, des Kennedy ou des agents de la CIA, les runabouts Turbocraft ont connu la gloire, puis l’oubli. Passionné de motonautisme, John Clapot (ça ne s’invente pas !) a pour objectif de faire revivre cette marque iconique.

Elégance sportive, silhouette rétrocontemporaine aiguisée, aménagements luxueux, le Thunderclap 38 sera le runabout qui marquera la renaissance de Turbocraft. Propulsé par deux jets Hamilton, couplé à deux moteurs Volvo 370 et 440 ch, cet open ultra­design de 11,7 m devrait atteindre les 42 nœuds.
Fondée en 1954, la marque américaine est la première à utiliser la propulsion hydrojet. Avec, à la clé, des accélérations jouissives et une manœuvrabilité hors pair. Autant d’arguments, soutenus par un style très abouti, qui assurent rapidement l’engouement : bateau de ski nautique de Jackie Kennedy, Turbocraft connaît ensuite le succès cinématographique avec James Bond. Un choix suivi par la CIA, dont les agents apprécient la discrétion et la dextérité des turbines à jet. Une dizaine de modèles sont produits jusqu’à la fin des années 70. L’un des principaux clients étant l’administration américaine, les coupes budgétaires du gouvernement Nixon mettent le chantier en sommeil. Fin de parcours ? Presque. Cinquante ans après, ­Turbocraft is back. Aux commandes, John Clapot. Un Français de 37 ans qui a quitté son poste de directeur de marque chez Ralph Lauren pour se consacrer entièrement à ce revival. L’objectif de ce passionné de yachting ? Faire renaître ce nom iconique de la plaisance, avec un positionnement clairement haut de gamme. « Turbocraft est l’une des rares marques à conserver une aura comme Riva ou Chris-Craft, assure l’entrepreneur, qui avoue suivre un business-­modèle similaire à celui du Britannico-­Italien ­Stephen Julius pour ces deux marques fétiches. Lorsque Julius a racheté Riva à Rolls-Royce, la marque perdait de l’argent. Trois ans après, elle était bénéficiaire. » Riva est alors vendue au groupe Ferretti. Une belle culbute, qui pousse Julius à acquérir Chris-Craft, en 2001, quasi moribonde. Trois ans après, l’emblématique chantier américain est lui aussi bénéficiaire. Certes, c’était avant la crise, mais Chris-Craft poursuit son cap à vive allure. Inspiré, John Clapot ? « Pour me lancer, j’avais besoin d’un bon angle d’attaque. Relancer une marque forte. Je l’ai trouvée un peu par hasard en regardant Opération Tonnerre, un James Bond de 1965. » C’est sur un ­Turbocraft que Sean Connery batifole avec la belle ­Domino. Le déclic s’opère.

Une star est née : Turbocraft se jette à l’eau avec Sean Connery dans Opération Tonnerre.
Une star est née : Turbocraft se jette à l’eau avec Sean Connery dans Opération Tonnerre. DR

Tous les ingrédients du succès
Après s’être attaché les services d’un avocat, John Clapot rachète la marque en 2011 aux ayants droit américains. Pour un prix symbolique. Mais tout est à (re)faire. Designer au sein de l’un des meilleurs studios de Monaco, ­Fabrice Clapot (le frère), constitue une équipe de choc. On y trouve Alexandre Fortabat, ingénieur naval, et le yacht designer Romain de Palma. ­Dominique Clapot (le père) sera le mentor (et le bailleur de fonds). Etudes, développement, design, ingénierie, marketing : depuis le rachat de la marque, l’investissement est de l’ordre de 500 000 euros. Les lignes du Thunderclap 38 sont dévoilées en janvier 2015. L’accueil est enthousiaste. Il reste à réa­liser le projet. Depuis, John Clapot redouble d’efforts pour trouver des investisseurs. « Il faut 900 000 euros pour lancer l’activité, sortir le premier bateau. Nous avons déjà trouvé trois partenaires qui apportent un peu plus du tiers des fonds nécessaires. » Plusieurs pistes sont envisagées pour le lieu de la fabrication. La France, bien sûr. Mais aussi l’Italie. Ou la Suède, dans les anciens ateliers de J. Craft. Un chantier naval qui produisait des bateaux de taille, de finition et de positionnement proches de ceux de Turbocraft. Le prix de départ du Thunderclap 38 se situera aux alentours de 750 000 euros HT. Soit un niveau équivalent à l’un de ses principaux concurrents : Riva, Wajer Osprey ou Van Dutch. Des unités très tendance, au design contemporain, utilisées aussi bien comme luxueux day-boats que comme ­annexes de yacht. Ce secteur de niche n’est-il pas déjà très encombré ? John Clapot balaie l’argument. « Tous les domaines sont concurrentiels. Nous avons tous les ingrédients du ­succès : un bon produit, lancé dans le bon timing. Pour s’imposer dans le domaine du luxe, offrir une marque bénéficiant d’un fort héritage est un atout considérable. Et nous avons eu la chance de rencontrer les bons partenaires. Des particuliers, des concessionnaires nous ont déjà exprimé leur vif intérêt. » En bouclant son financement au premier trimestre 2016, Turbocraft espère présenter sa première coque en février 2017, au salon de Miami.

Dates clés

1954 : création du chantier par John Buehler, patron d’une société aéronautique.
1960 : une flotte de Turbocraft remonte les rapides du fleuve Colorado.
1965 : sortie du film Opération Tonnerre, avec Sean Connery alias James Bond 007.
Fin 1970 : mise en sommeil du chantier.
2011 : rachat de la marque par le Français John Clapot.
2015 : présentation du Thunderclap 38.

Ligne rétro aiguisée et aménagements luxueux, un digne hommage à l’élégant runabout d’autrefois.
Ligne rétro aiguisée et aménagements luxueux, un digne hommage à l’élégant runabout d’autrefois. DR
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