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Faire un check-up ? Une expérience hors du commun quand il se déroule dans un cadre exceptionnel comme avec la start-up médicale Zoï, 2024 - TGL
Faire un check-up ? Une expérience hors du commun quand il se déroule dans un cadre exceptionnel comme avec la start-up médicale Zoï, 2024 - TGL
Marine Mimouni

The Good Business // The Good Business

Zoï, le check-up médical 3.0

The Good Business

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Faire un check-up ? Un passage obligatoire pour certains, une expérience hors du commun pour d’autres quand il se déroule dans un cadre exceptionnel avec des prestations qui le sont tout autant, comme chez Zoï, une start-up médicale qui révolutionne le secteur.

Tout commence en 2021. Cette année-là, Zoï lève 20 millions d’euros pour sa start-up médicale. Une levée de fonds d’une ampleur inédite pour une toute jeune pousse. Elle compte alors sur deux investisseurs majeurs : Stéphane Bancel (Moderna) et Jean-Claude Marian (fondateur d’Orpea), mais aussi Xavier Niel (Iliad), Jean-Marie Messier et Rodolphe Saadé (CMA CGM), pour ne nommer que les plus connus.


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Le logo de Zoï.
Le logo de Zoï.  11h45

Tous sont séduits par une approche inédite de la médecine préventive, rendue performante grâce à la science, mais aussi à la tech et à l’intelligence artificielle. Comme ce fut le cas pour Tesla, la première offre de Zoï tape dans le haut du panier : 7 200 euros la première année pour deux examens complets, puis 3 600 euros pour un check-up annuel.

Cependant, le plus important dans ce projet n’est pas le bel immeuble à deux pas de la place Vendôme, à Paris, ni le design ultracontemporain, ni sans doute l’en-cas signé Alain Ducasse, mais bien le contenu scientifique d’une approche globale.

De la curiosité au projet

C’est à Londres et à New York que devraient ouvrir, d’ici à deux ou trois ans, les prochains centres Zoï.
C’est à Londres et à New York que devraient ouvrir, d’ici à deux ou trois ans, les prochains centres Zoï.  11h45

À l’origine de Zoï : Paul Dupuy et Ismaël Émelien, l’un, startupper, créateur d’applis liées au monde du travail ; l’autre, conseiller spécial d’Emmanuel Macron, l’un des fondateurs du mouvement En Marche.

« À l’époque où nous nous sommes rencontrés, raconte Paul Dupuy, Ismaël était encore à l’Élysée et moi dans ma start-up. Puis il s’est mis à la recherche d’un projet entrepreneurial. Quant à moi, j’ai monté un projet de restaurant, Sushi Shunei, et Ismaël, qui est un fan de gastronomie, en est devenu l’un des partenaires. Nous avons alors constaté que nous partagions la même façon de travailler. »

Mais comment passe-t-on de la restauration au médical ? Mandaté par un groupe de distribution pour explorer les sujets de nutrition, Ismaël Émelien rencontre le docteur Claude Dalle, spécialiste de la médecine anti-âge, consulté par des patients avertis et fortunés, séduits par son approche holistique.

« Ce dernier me dit que l’alimentation toute seule, ça ne sert à rien, se souvient Ismaël Émelien. Il faut la croiser avec d’autres facteurs. Il m’explique, alors, qu’il a créé un protocole à l’échelle de son cabinet et me propose de devenir son patient. Par pure curiosité, j’y vais ! Mais si j’avais su à ce moment-là, le temps et les efforts demandés, l’argent que ça allait me coûter, je lui aurais dit “c’est gentil, mais non merci !” »

L’immeuble de l’un des centres Zoï.
L’immeuble de l’un des centres Zoï.  11h45

Il lui faut en effet passer des dizaines d’examens, courir d’un labo à l’autre, d’un spécialiste à l’autre, les payer séparément… Un protocole certes complet, mais s’étalant sur des mois et qui, au final, lui coûte environ 10 000 euros. Alors, il se met à réfléchir à la façon d’améliorer l’offre.

« Sur le plan médical, le protocole était mûr, mais ultraperfectible sur le plan expérientiel », conclut-il. « C’est là qu’il m’en parle, enchaîne Paul Dupuy. Et ça me fait tilt ! Mais avant d’aller plus loin, je dois moimême vivre l’expérience. »

Comme Ismaël Émelien, il a, au moment de la remise des résultats, une révélation. Les deux trentenaires, qui se considèrent en excellente santé, découvrent ce qu’ils appellent le mode d’emploi de leur corps.

« Notre système technique permet d’aller beaucoup plus loin, affirme Paul Dupuy, l’objectif étant de passer du préventif au prédictif, même si ce sera toujours un médecin qui aura le dernier mot. Mais pour le faire, il est crucial de cumuler des données. »
« Notre système technique permet d’aller beaucoup plus loin, affirme Paul Dupuy, l’objectif étant de passer du préventif au prédictif, même si ce sera toujours un médecin qui aura le dernier mot. Mais pour le faire, il est crucial de cumuler des données. »  11h45

Pas seulement les conseils habituels de nutrition et d’hygiène de vie, mais des recommandations ultradétaillées basées sur leurs nombreux résultats d’analyses et leurs croisements avec les études scientifiques auxquelles se réfère le docteur Dalle.

« En voyant la manière dont il fait son analyse, à partir de données inscrites sur des PDF dispersés, poursuit Paul Dupuy, je me suis dit qu’on pouvait lui simplifier la vie, l’aider sur l’expérience du check-up, mais aussi sur le traitement des résultats et la façon d’inciter le patient à appliquer ses conseils au quotidien. »

Pour le financement, ils décident de ne solliciter que des personnes, pas de fonds. Chacun des investisseurs doit désirer utiliser luimême ce service ; chacun doit pouvoir s’impliquer en apportant une compétence spécifique utile au projet.

« Leur point commun, poursuit Ismaël Émelien, est que la majorité d’entre eux a déjà très bien réussi. Aucun n’imagine faire “x10 ou x50” dans deux ou trois ans, puis sortir. Ils veulent être à l’origine d’un acteur de référence de la santé préventive sur le plan mondial. »

Du préventif au prédictif

À l’issue du check-up, c’est un bilan d’une trentaine de pages qui est présenté au membre, accompagné des résultats de toutes ses analyses et des prescriptions du médecin afin de traiter des carences ou encore pour poursuivre d’autres investigations chez des spécialistes.
À l’issue du check-up, c’est un bilan d’une trentaine de pages qui est présenté au membre, accompagné des résultats de toutes ses analyses et des prescriptions du médecin afin de traiter des carences ou encore pour poursuivre d’autres investigations chez des spécialistes.  11h45

Confronter les données récoltées pendant un check-up à un savoir médical qui a été édité et sélectionné par des spécialistes, c’est déjà ce que fait la médecine préventive. Mais appliquer ce savoir aux data, c’est le cœur de Zoï.

« Notre système technique permet d’aller beaucoup plus loin, affirme Paul Dupuy, l’objectif étant de passer du préventif au prédictif, même si ce sera toujours un médecin qui aura le dernier mot. Mais pour le faire, il est crucial de cumuler des données. » Voilà qui explique le coût du service.

« La partie des analyses est notre plus gros poste de dépense, précise Ismaël Émelien. Si nous n’en faisions que la moitié, ça coûterait déjà très cher, mais, surtout, ce serait inutile, car certaines analyses ne sont pertinentes que si elles sont mises en relation avec les autres. Les laboratoires avec lesquels nous travaillons nous ont dit n’avoir jamais vu ça en Europe. »

À l’issue du check-up, c’est un bilan d’une trentaine de pages qui est présenté au membre, accompagné des résultats de toutes ses analyses et des prescriptions du médecin afin de traiter des carences ou encore pour poursuivre d’autres investigations chez des spécialistes. Il s’agit ensuite de mettre en œuvre les recommandations fournies sur son application mobile, lesquelles ont été élaborées avec des experts en science comportementale.

Zoï propose de vivre l’expérience d’un check‑up ultracomplet dans un environnement très haut de gamme .
Zoï propose de vivre l’expérience d’un check‑up ultracomplet dans un environnement très haut de gamme .  11h45

« Ismaël et moi n’aurions jamais monté le projet s’il s’était arrêté à des centres haut de gamme, insiste Paul Dupuy. Notre objectif est de démocratiser une offre qui soit rigoureusement la même sur les plans technologique et médical, mais moins premium sur le plan expérientiel. »

Un premier levier pour y parvenir sera par un effet de volume afin de réduire les coûts des analyses. Enfin, et c’est sans doute le plus important, il s’agira, une fois qu’ils auront fait leurs preuves, de convaincre des acteurs parapublics – assureurs ou mutuelles –, de prendre en charge tout ou une partie de l’abonnement.

« Nous ne sommes pas une boîte de tech qui dépense plein d’argent pour conquérir un marché pour ensuite essayer de le monétiser, conclut Ismaël Émelien. Ici, les clients entrent et paient. C’est relativement onéreux, mais le tarif est conçu à la fois pour être moins cher que si vous faisiez ces tests de votre côté et pour dégager une marge viable pour Zoï. »

En attendant, c’est à Londres et à New York que devraient ouvrir, d’ici à deux ou trois ans, les prochains centres Zoï. Une entrée aux États-Unis leur permettra, en matière de génétique ou sur le plan de l’imagerie, d’expérimenter des choses impossibles à faire en France et de rendre leur approche encore plus performante et pertinente.


 

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