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Procida ile naples tourisme visite guide - the good life
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Tout savoir sur Procida, « Capitale italienne de la culture » 2022

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C’est la plus petite des îles de la baie de Naples. Moins fréquentée qu’Ischia, moins bling que Capri, Procida tient sa revanche : elle a décroché le label « Capitale italienne de la culture » pour 2022.

330 événements y sont en préparation, sur le thème de l’art de vivre. La gracieuse Procida va bousculer son quotidien pour devenir un laboratoire d’idées et vivre au rythme du « slow tourism ». Découvrir vite, avant que les projecteurs ne se braquent sur ses charmes, ce paradis gracieux qui enveloppe à la fois les parfums de la campagne et les effluves de la mer.

Point stratégique de la Méditerranée depuis trois millénaires, île de grands marins, décor chéri des artistes, ce refuge poétique s’abordera avec lenteur. Bella slow, bella slow…

Procida, Capitale italienne de la culture, une première

Le projet de Procida, un lieu où la mer est la principale source de revenus, a devancé ceux d’Ancône, Bari, L’Aquila, Pieve di Soligo, Tarente, Trapani… C’est la première fois que cette reconnaissance est attribuée à une petite ville et non à un chef‑lieu de province ou de région. C’est aussi la première fois, depuis le lancement de cet événement, en 2014, qu’une île se candidate.

C’est quoi, les Îles Parthénopéennes ? L’archipel campanien, dit aussi archipel napolitain, a gardé le souvenir de la République parthénopéenne imposée un temps par les Français au royaume de Naples, en 1799. Il est formé par ce groupe de cinq îles situées aux abords du golfe de Naples, en mer Tyrrhénienne. Par ordre de grandeur : Ischia, la préférée des touristes allemands pour ses sources thermales et ses spas à ciel ouvert ; Capri, la plus ripolinée et la plus snob ; Procida et Vivara, son petit îlot voisin ; Nisida, partie de la commune de Naples.

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Se défendre des invasions barbares. Procida garde gravées dans sa mémoire et tatouées sur ses bâtiments les péripéties de son histoire mouvementée, ponctuée de razzias menées par les sarrasins. Au Moyen Âge, les pirates barbaresques s’en donnaient à cœur joie et considéraient cette côte comme leur réservoir d’esclaves. Durant les XVIe et XVIIe siècles, ils installèrent à l’embouchure de la baie de Naples des bases d’où ils opéraient leur petit trafic. Ils agissaient furtivement, tombant sur les maisons côtières au milieu de la nuit de manière à attraper les gens « paisibles et encore nus dans leur lit ».

Cette pratique donna l’expression moderne utilisée en Italie du Sud et en Sicile « pigliato dai turchi » (pris par les Turcs), qui signifie « être réveillé brutalement ». Si Procida était l’île la plus modeste de cet archipel, elle n’en était pas moins le dernier rempart avant Naples. On a fini par y construire une forteresse, en entourant la cité de hauts murs. Aujourd’hui, la ville ressemble à une casbah.

Larguer les amarres. Il suffit de 30 à 45 min de traversée (selon le bateau) pour prendre le parti de l’insularité. Sur le trajet, la vue embrasse, d’un côté, Ischia, imposante, de l’autre, la tumultueuse Naples et le Vésuve. Au loin : Capri. Aller sur une île, c’est toujours partir pour un autre monde, se mettre en apesanteur et comprendre l’appel irrépressible de l’immensité qui titilla et continue de hanter les marins de Procida. La tentation du départ, celle du retour, éternel destin des insulaires.

Aborder les Procidiens. Taiseux, bourrus, rompus depuis l’Antiquité à repousser les pirates et les envahisseurs, les habitants de Procida ont beau avoir le cœur sur la main, ils accueillent le visiteur étranger avec circonspection. Comme tous les insulaires, ils se méfient des continentaux. Si le premier contact peut être taciturne, très vite le ton se dégèle, on parle récolte de citrons ou degré de séchage des figues, et la glace est rompue.

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L’île au goût de citron

De routes pavées en chemins creux, l’île se sillonne le long de sentiers parfumés. Les routes titubantes creusent des perspectives, longent des palais de capitaines, des jardins décorés de gloriettes écroulées, festonnés d’orangers, d’aloès, de cactus, mais surtout de citronniers, dont la fragrance sucrée imbibe en permanence l’atmosphère. On retrouve aussi le citron dans la cuisine, dans les cocktails et dans la « langue de belle‑mère », une spécialité de pâte feuilletée fourrée de crème à l’agrume.

Élire sa plage préférée. Cinq plages sont creusées au pied des falaises volcaniques, certaines au sable noir comme de l’ébène. Ciraccio est celle des familles, avec des vues incroyables de la côte Amalfitaine.

La plage de la Chiaiolella a une vue spectaculaire sur le château aragonais d’Ischia, juste en face ; c’est celle des couchers de soleil. Orientée vers l’est, la plage de Chiaia et sa voisine sont idéales dès les premières heures de la matinée. Il suffit de quelques brasses pour apercevoir la stupéfiante baie de la Corricella, sur la gauche.

Petite et accueillante, la plage de Pozzo Vecchio, celle du film Le Facteur (Il Postino), est une petite baie en forme de fer à cheval, au pied du cimetière marin. C’est là qu’on croisera les Procidiens.

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Revoir Il Postino. Sur la plage de Pozzo Vecchio, un panneau annonce « Welcome to Postino Beach ». Grâce à un parcours fléché, on peut suivre sur toute l’île le parcours le long duquel le réalisateur Michael Radford suivit Philippe Noiret, dans le rôle de Pablo Neruda, et Massimo Troisi, le célèbre facteur de l’île. Un film culte.

Le palais d’Avalos en grande pompe. Pour 2022, la commune a décidé d’investir sa dotation dans des travaux pour restaurer quelques vestiges du passé, à l’image du palais d’Avalos. Construit par le cardinal d’Avalos pour se protéger des barbaresques, il surplombe l’île et la mer depuis 1554. Le palais fut un temps transformé en prison. Plus de 700 détenus étaient encore emprisonnés sur l’île dans les années 80.

Bientôt, le palais de 40 000 m2 va devenir un pôle culturel, un vrai hub avec une partie musée et une autre, contemporaine, pour des salles de conférence et d’exposition. Beaucoup des 330 manifestations prévues l’année prochaine y seront organisées.

Les rois de Procida

Ici, tout est mini ! À commencer par l’île elle‑même – 3,7 km². Les chemins sont étroits, certaines rues, aussi. Pour s’y faufiler, les voitures se font minuscules et les triporteurs sont rois, pétaradant à toute heure, garés en vrac sur les placettes. Cœur bien accroché nécessaire lorsqu’on prend un minitaxi !

Métiers de la terre et de la mer. Ici, une famille sur dix vit de la pêche, forcément artisanale. Les départs se font au crépuscule, le bon moment pour jeter les filets. Vers 2 heures du matin, les pêcheurs découvrent ce qui sera mangé le lendemain sur l’île. D’autres familles vivent du maraîchage et de la récolte des citrons. Un bel accord terre‑mer.

Hommes de la mer. Peut‑on être autre chose qu’un homme de la mer lorsqu’on vit sur une île aussi stratégique ? Depuis la nuit des temps, Procida est peuplée de marins qui partent et de femmes qui attendent. L’Istituto Tecnico Navale Caracciolo est une école nautique située en retrait du port principal de Marina Grande. C’est l’une des meilleures en Italie. Elle forme des capitaines au long cours italiens, l’aristocratie de la marine, et des commandants de bateaux de croisière.

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Source d’inspiration. Elle a beau cultiver la discrétion, l’île inspire les artistes. De nombreux peintres et sculpteurs s’y sont installés. En 1811, âgé de 21 ans, Alphonse de Lamartine y tomba amoureux de Graziella, jeune fille qui lui a inspiré, des années plus tard, son unique roman… Graziella, chef-d’œuvre dans lequel il raconte ses amours d’adolescence. Quant à la romancière Elsa Morante, elle y a situé son roman primé, L’Ile d’Arturo, qui raconte, dans l’après‑guerre, la vie d’un jeune garçon libre et solitaire. Chaque année, toute l’île se rassemble pour élire Miss Graziella.

La densité d’une grande. Lorsqu’on se balade sur ses chemins, elle a l’air vide, mais Procida compte environ 10 000 habitants. Sur sa superficie, on arrive à plus de 2 500 habitants au km², ce qui en fait l’île d’Europe où la densité de population est la plus élevée !

Traîner dans le cimetière le plus bucolique du monde – des grilles rouillées ouvrant sur des allées fleuries, des statues, chapelles, tombeaux baroques, décorations rococo… Sur la côte nord‑ouest, le cimetière marin lévite au‑dessus des eaux et invite à s’enfoncer dans son dédale pour découvrir l’histoire des familles de l’île à travers vieilles photos, ex‑voto et bouquets en plastique flashy.


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