Voyage
Business global, scène d’art contemporain, spots de shopping en perpétuel renouvellement, vie nocturne, jeunesse débridée, Shanghai explose tous les compteurs. Une escale aux accents bohème dans un hôtel qui ne ressemble à rien de ce qu’on connaît en Europe. Le concept ? Fin de chantier…
Shanghai a les yeux braqués sur demain. Un futur plus si fantasmé d’ailleurs : depuis l’Exposition universelle de 2010, les projets d’architectes stars sont encore nombreux, dont la fameuse tour Shanghai de 632 mètres d’ Arthur Gensler, récemment inaugurée. Le Waterhouse at South Bund, lui, fait profil bas, s’inscrivant dans l’air du temps : ni bling, ni effets superfétatoires. Ici, à quelques rues du vieux Shanghai, on oublie les autoroutes suspendues ou les autoponts, les pluies de lumières et les marbres rares du Bund… Entre le Nanpu Bridge et le Bund, c’est dans d’anciens entrepôts avec vue sur le fleuve Huangpu et le quartier de Pudong que s’est installée cette escale urbaine labellisée Design Hotel et multirécompensée dès son ouverture, en 2010.
Derrière une façade anonyme…
On pourrait parler d’extrême modestie de la part du duo d’architectes chargé du projet. Lyndon Neri et Rossana Hu ont gardé totalement anonyme et presque délabrée la façade de ces entrepôts 1930 – mon taxi est ainsi passé devant à deux reprises sans imaginer devoir s’arrêter là !
A l’intérieur, au milieu de murs de brique grise ou de béton laissés bruts, le vocabulaire est clairement exempté de métaphores et de circonvolutions. Coup de crayon a minima, sans tomber dans les travers du minimal chic.
Dedans/dehors, public/privé, les codes se télescopent à coups de perspectives au cordeau et de miroirs curieusement mais judicieusement placés. Quelques meubles siglés/signés (Jacobsen, Finn Juhl, Wegner ou Citterio), un coffre de bois ancien, un semainier en tôle, quelques aplats de couleurs vives ici ou là : le style est éclectique, savamment dosé, presque bohème.