Voyage
D’un côté, Wynwood et ses boutiques indépendantes aux façades bariolées. De l’autre, le Design District et son ambiance « avenue Montaigne ». L’ensemble, un immense quartier de hangars auparavant infréquentable, est devenu la terre d’élection des artistes dans les années 1990-2000, avant de connaître, récemment, une gentrification fulgurante.
4 œuvres remarquables d’art public à Wynwood & Design District :
• The Witness, d’Alberto Aragon Reyes, des récifs arty. Ceux qui s’aventureront dans l’est de Wynwood, là où les bars et les boutiques à la mode laissent la place aux hangars louches, tomberont sur une étrange apparition. Au milieu d’un terrain vague aux clôtures brinquebalantes, voilà que se dresse une myriade de bonshommes en béton. On remarque, en s’approchant, qu’ils sont disposés en cercle et qu’en leur centre gisent un cube, une pyramide, une sphère, l’ensemble évoquant l’univers new age des films d’Alejandro Jodorowsky. Cette drôle d’armada a été pensée par l’artiste mexicain Alberto Aragon Reyes pour servir, si la montée des eaux devait engloutir cette portion basse de la ville, de récifs arty où se développeraient les algues et les coraux.
• La façade d’Haas & Hahn, un graffiti graphique. Depuis près d’une décennie, l’organisation Wynwood Walls commissionne une série d’oeuvres murales auprès des grands noms du street-art – l’Américain Shepard Fairey, le duo franco-brésilien AVAF, le Portugais Vhils… La façade signée par Jeroen Koolhaas (Haas) et Dre Urhahn (Hahn) est notre favorite. Car les deux Néerlandais ont une idée très graphique, quasi « mondrianesque » parfois, du graffiti : ils ont merveilleusement strié de couleurs la favela de Santa Marta, à Rio, ou le ghetto de Germantown, à Philadelphie. Sur cette façade courbe de Wynwood, ils ont peint des bandes acidulées qui rappelleront, à ceux qui ont grandi au xxe siècle, la mire télévisuelle qui s’affichait sur nos écrans, la nuit. 295 NW 26th Street.
• The DASH Fence de Marc Newson, une clôture sculpturale. Tous les ans depuis 2005, le Design District désigne son Designer of the Year – depuis 2013, le titre a été renommé Visionary Award – lequel est appelé, ensuite, à intervenir dans l’espace public de manière permanente ou pas. En 2007, c’est au roi du design australien Marc Newson qu’échoit le titre. Pour l’occasion, il s’est fendu d’une clôture si sculpturale qu’elle tient de l’oeuvre d’art. Tout autour de la Design and Architecture Senior Art School (DASH), le designer a dressé, en rang serré, de fines lames de métal de courbures variables : de loin, par illusion d’optique, l’ensemble évoque une vague ondulatoire et argentée.
• Fly’s Eye Dome de Richard Buckminster, une sphère futuriste. Fuller Le grand manitou du Design District, Craig Robins, dont la firme Dacra possède plus ou moins toute la zone, collectionne l’art, comme tout millionnaire qui se respecte. En 2011, il acquiert le prototype du « dôme à oeil de mouche » de l’architecte, artiste et savant fou Richard Buckminster Fuller, une bizarrerie sphérique de 1965, puis fait fabriquer, sous le contrôle scrupuleux du Buckminster Fuller Institute, un nouveau modèle avec des matériaux de pointe. L’oeuvre futuriste, aux accents de science‑fiction vintage, trône désormais de toute sa superbe sur un miroir d’eau, et s’est érigée, depuis, en emblème du quartier. 140 NE 39th Street.