Voyage
Situé au cœur des Alpes suisses, l’hôtel Chedi Andermatt est l’une des perles imaginées par un milliardaire bien décidé à secouer la vallée qui l’accueille. L’Egyptien Samih Sawiris injecte ici un lifestyle riche d’accents asiatiques allié aux plaisirs d’un séjour à la montagne, entre sensations fortes et sérénité.
James Bond, dans Goldfinger, Hemingway, quelques têtes bien couronnées… Andermatt a connu ses heures de gloire jusqu’à ce qu’il s’assoupisse, comme les villages suisses savent bien le faire. Puis un jeu diplomatique y a fait venir un milliardaire égyptien qui, tombé sous le charme de toute la vallée d’Urseren, a décidé d’y injecter 1,5 milliard d’euros pour relancer la station.
Andermatt a une histoire ancienne, qui remonterait au XIIIe siècle. Le village, fort de son emplacement au pied des cols de la Furka, de l’Oberalp et du Saint-Gothard, a toujours été un carrefour stratégique pour la circulation à travers la Suisse, entre le nord et le sud de l’Europe.
En venant du Tessin, il faut plus volontiers emprunter le tunnel du Saint-Gothard, d’autant que les autres voies d’accès – à environ 2 400 mètres d’altitude – ne sont ouvertes à la circulation qu’entre mai et novembre. Au sortir de l’autoroute A2, une route en lacet d’une demi-douzaine de kilomètres, qui s’élève de quelque 400 mètres, permet de rejoindre la commune d’Andermatt, située à 1 447 mètres d’altitude.
En hiver, la station ouvre ses trois domaines skiables – Gemsstock, Nätschen-Gütsch et Realp –, tandis qu’en été le village devient un point de départ idéal pour des ascensions vers les cimes avoisinant les 3 000 mètres d’altitude, ou pour des randonnées à pied ou à vélo. En outre, depuis l’été dernier, Andermatt s’est équipé d’un golf de 18 trous, avec un par 72, élaboré par l’architecte Kurt Roßknecht, internationalement reconnu pour la qualité de ses parcours.
Objectifs : détente et confort
C’est dans ce contexte que le groupe GHM (General Hotel Management Ltd.) a décidé, en 2010, d’implanter son premier et unique resort à ce jour en Europe : le Chedi Andermatt, qui a ouvert en décembre 2013, et dont la conception a été confiée à Jean-Michel Gathy.
Renommé pour ses réalisations hôtelières d’exception, l’architecte belge s’est inspiré à la fois des chalets traditionnels et des grands hôtels de montagne bâtis à la fin du XIXe siècle, ceux-ci ayant largement contribué à développer la notoriété de la villégiature en Suisse. D’ailleurs, l’établissement se trouve en lieu et place du Bellevue, un hôtel érigé dans les années 1870 pour apporter plus de standing à ses alentours.
Jean-Michel Gathy
Né en Belgique en 1955, l’architecte Jean-Michel Gathy s’est installé en Asie du Sud-Est au début des années 80. Il y fonde quelques années plus tard Denniston International Architects and Planners Ltd. Basée en Malaisie, à Kuala Lumpur, son agence s’est spécialisée dans la réalisation d’établissements hôteliers très haut de gamme. Elle regroupe une équipe de quelque 150 collaborateurs à même d’assurer chacune des étapes de la mise en œuvre d’hôtels aussi prestigieux que le Cheval Blanc Randheli, aux Maldives, l’Aman Venice, à Venise, le Chedi Muscat, à Oman, ou encore le Setai, à Miami.
Cependant, le Chedi Andermatt présente aussi la particularité d’être la seule adresse de montagne de GHM, qui, en Orient comme en Asie, a jusqu’alors cultivé un tropisme pour les propriétés situées en bord de mer. Tout le challenge pour Jean-Michel Gathy a donc consisté dans la mise en œuvre d’une proposition architecturale ancrée, de manière contemporaine, dans son environnement, tout en affichant une inspiration asiatique qui permette de relier l’hôtel au portefeuille d’établissements de ses propriétaires. On lui aurait demandé de résoudre la quadrature du cercle…
Les matériaux choisis sont, pour l’essentiel, naturels – bois, granit ou cuir, par exemple –, combinés à un travail sur la lumière, la transparence, la relation entre intérieur et extérieur, et à l’omniprésence de l’eau et du feu, perceptible dès l’arrivée dans le lobby. D’emblée, l’hôte est entouré d’un réel bien-être et, pris de ce sentiment de réconfort, il peut envisager sereinement un séjour très réparateur, autant dans les espaces dédiés que dans les chambres.