Voyage
Visite du Capri Palace, un établissement aux airs de paradis récemment repris par le groupe hôtelier Jumeirah.
Partir pour l’île de Capri est une véritable petite expédition. Déjà, il faut booker son vol pour Naples. Ce n’est pas dans mes habitudes de dénigrer, mais je vous déconseille fortement EasyJet. Vol annulé le matin du départ à 6 h 30, pas de SMS ni de mail pour prévenir les voyageurs, pas de desk à Orly où obtenir une explication et aucun espoir de pouvoir repartir le jour même… aucune assurance de se faire rembourser rapidement… et aucunes excuses.
Privilégiez donc Transavia ou Air France, vous paierez un peu plus cher, mais au moins vous savez pourquoi ! Dans « low cost », il y a « low », et ça change tout, surtout pour un voyage comme celui-ci, qui doit être le départ pour une jolie parenthèse de quatre jours. Enfin… trois, après ces petites péripéties. Air France donc. Du coup, on resavoure le côté un poil désuet (et si sympathique) de ses hôtesses et stewards, ce côté Frenchy chic qui fait qu’on est bien sur notre compagnie nationale.
Mais reprenons depuis le début. Roissy donc, cette fois, et 2 h 15 de vol jusqu’à Naples, collation offerte (c’est quand même plus cool). Soleil de plomb à l’arrivée dans un aéroport en plein centre-ville, où le mot chaos veut vraiment dire quelque chose. Montez dans le premier taxi et indiquez-lui « il porto per Capri ».
Bouclez votre ceinture et fermez les yeux pendant vingt minutes. Ne parlez surtout pas au chauffeur, ou plutôt au pilote, et dites-vous que le nombre de « G » que vous prenez dans les virages est inversement proportionnel au plaisir absolu et irréel que vous aurez à vous retrouver au bord de la piscine du Capri Palace dans moins de deux heures. Après un dernier virage à la corde et un trottoir mordu, un coup de Klaxon (italien) en continu de plus d’une minute, un volant lâché à plusieurs reprises pour répondre au téléphone et noter deux ou trois numéros importants, Luigi, notre chauffeur, dans un arrêt au stand nous « jette » sur la piste avec nos valises en réclamant 30 €, « e solo in cash per favore ! » Dieu merci, je suis vivant et prêt à embarquer sur l’aliscafo, qui relie le port de Napoli à Capri en moins de cinquante minutes à la vitesse de 30 nœuds dans un panache d’écume et de fumée à faire pâlir Moby-Dick.
Bientôt, à quelques mètres, l’enchantement opère : vous êtes sur le point de débarquer à Capri, les hommes sont élégants, les femmes portent de jolies robes et de grands chapeaux de paille et tout ce petit monde déambule, les uns pour descendre de l’aliscafo, les autres pour monter à bord de l’engin avec leurs bagages. Un beau marin tout de blanc vêtu vous attend, le nom de votre hôtel sur le front de sa casquette de capitaine : Capri Palace ! Le meilleur hôtel de Capri !
Vous ne vous occupez plus de vos bagages ; ils vous retrouveront à l’hôtel. Un taxi cabriolet vous attend maintenant pour une jolie balade qui va vous emmener à Anacapri, tout en haut de l’île. Arriver à Anacapri, c’est un peu arriver dans un musée, celui de l’art de vivre à l’italienne, avec ses jolies maisons blanchies à la chaux, surmontées de coupoles qui vous donnent l’impression d’être revenu mille ans en arrière.
Anacapri est moins chic que Capri. Ici, on est dans la vraie vie, sans showrooms Prada, Valentino, Gucci ou Hermès. Les boutiques sont des boutiques de souvenirs avec savons parfumés au citron, et la ville vit toute l’année. Benvenuti à Anacapri et benvenuti al Capri Palace. Pas de berlines de luxe garées devant l’hôtel, seulement un long couloir qui jouxte la piscine en toute transparence, comme dans les vieux 007 avec Sean Connery. Une lumière bleue s’échappe des meurtrières et les nageurs s’agitent comme dans un aquarium. On traverse et on s’extasie devant un magnifique jardin méditerranéen et vous voilà dans l’hôtel.
Ici, pas de portier, mais un établissement magnifique, immaculé, qui fait le chic et le charme de ces adresses italiennes. L’ancien propriétaire, Tonino Cacace était un (vrai) amateur d’art, né sur l’île, fils de commerçants locaux, il a façonné le lieu à ses goûts comme un directeur de musée et il y a des œuvres d’art partout dans ce palazzo néonapolitain du xviiie siècle. Le marbre partout présent répond aux miroirs dorés et les suites vous font penser à l’univers de Miró, à celui de Magritte ou de Warhol. Il y a même un White Museum avec des pièces de Giorgio De Chirico, Keith Haring ou Arnaldo Pomodoro.
Capri Palace, le paradis est ici
Il y a deux ans, en avril 2020, Jumeirah, le groupe hôtelier de luxe de Dubaï, a été choisi pour gérer l’établissement. Il apporte un savoir-faire et un carnet d’adresses importants. La plupart des 70 chambres profitent d’une vue à 180 degrés sur l’île, mais celles orientées sur le jardin, à l’arrière, face au mont Solaro, ne manquent pas de charme.
Préférez les chambres « Capri Touch », décorées de céramiques bleu et blanc, avec un joli canapé Loro Piana blanc. L’ambiance est très « bohème chic », toujours pleine d’élégance, mais toujours très casual… sauf quand il faut aller dîner à L’Olivo, où le chef Andrea Migliaccio a placé la barre très, très haut avec sa table gastronomique et ses deux étoiles Michelin. Dans une salle toute blanche, décorée de luminaires Fortuny (Venise), on sert une cuisine italienne simple, composée exclusivement de produits locaux, mais arrangés avec un talent fou, un goût subtil et une très belle élégance. Mention spéciale pour le chariot de tisanes « molto originale ».
Le lendemain matin, vous descendrez à Marina Piccola, où un magnifique gozzo (bateau typique de la côte amalfitaine, avec une poupe tout arrondie) bleu ciel vous attend. De là, vous irez vous baigner au Faraglioni (c’est très chic), trois « stacks » plantés dans la mer, au sud de l’île, qui vous feront penser qu’il est inutile de retourner aux Maldives ou aux Seychelles : le paradis est ici, à quinze milles nautiques de Naples et nulle part ailleurs.
Encore quelques minutes de mer et vous vous ferez déposer au « Riccio », le restaurant de plage, ou plutôt de falaise, qui appartient à l’hôtel juste à côté de la célèbre grotte bleue. Une paillote de grand luxe, à la décoration toute bleue et une étoile Michelin, ce qui est rarissime pour ce type de restaurant. N’oubliez pas d’aller visiter la pièce spéciale consacrée aux desserts « da non perdere » !
Il est tard, la lumière du soleil commence à baisser sur ma terrasse. Le temps s’est arrêté à Capri. Au loin, le golfe de Naples et l’île d’Ischia. Ici, bleu méditerranée veut vraiment dire quelque chose ! Vous terminez votre petit spritz tranquillement, tandis que le chef Andrea Migliaccio est déjà depuis quelques heures dans sa cuisine de L’Olivo et que des odeurs divines de cuisine locale semblent remonter jusqu’à vous. Vous vous sentez comme à la maison dans cet hôtel qui est probablement le meilleur hôtel de l’île… en toute simplicité.
Jumeirah Capri Palace. Via Capodimonte, 14. Anacapri. jumeirah.com
Spa médical
À l’époque de Tibère, les riches patriciens qui se trouvaient sur l’île entretenaient avec Capri et ses plantes une relation thérapeutique très importante. The Capri Beauty Farm est le premier spa médical certifié en Europe offrant un traitement signature incluant la fameuse Leg School qui propose de vous rendre les jambes ultralégères… Plusieurs fois récompensé pour son prodigieux Bodyism Fitness, le spa est l’endroit idéal pour commencer un programme très pointu de remise en forme sous contrôle médical. Détox, menus hypocaloriques préparés par le chef, posturologie vous inciterons probablement à venir fréquenter cette adresse régulièrement.