Horlogerie
Le bonheur, c’est parfois simple comme une bonne bande dessinée, comme une histoire qui donne la pêche, qui fait voir la vie du bon côté, qui donne envie de se (re)plonger dans les films de Jacques Tati ou de prendre son vélo pour se mettre au vert.
De Grégory Panaccione à Durieux et Gibrat, en passant par Marguerite Abuet, The Good Life a sélectionné les BD de six auteurs qui redonnent le sourire.
À lire aussi : BD : nos coups de coeur du moment
Quelqu’un à qui parler
Samuel est trentenaire et célibataire. Le jour de son anniversaire, seul chez lui, il s’amuse à composer l’unique numéro de téléphone qu’il connaît par cœur, celui de la maison de son enfance. Surprise : celui qui répond n’est autre que le Samuel qu’il était à 10 ans ! Lequel lui demande des comptes, inquiet de savoir si l’adulte n’a pas trahi ses rêves d’enfant… Adapté du roman de Cyril Massarotto, cet album qui navigue entre fantastique et surréalisme est à lire par
tous ceux qui se demandent s’ils sont restés fidèles à leurs idéaux de jeunesse.
> Grégory Panaccione, Le Lombard, 256 p., 23,50 €.
La Ride
Un jour, deux copains décident de larguer les amarres. L’un est coursier, l’autre travaille dans la pub. Les voilà qui enfourchent leur vélo pour une « ride » de cinq jours qui les conduit jusqu’en Bourgogne, loin du tumulte parisien et du stress. Une excellente occasion de faire le point sur le sens de leur existence… Récompensée en 2020 par le prix de la BD numérique au Festival d’Angoulême, cette belle histoire prend une nouvelle dimension sous la forme d’un album. Servie par un trait tout en légèreté et par des couleurs éclatantes qui évoquent celles du peintre David Hockney, elle donne envie de lever la tête et de grimper sur un vélo pour tout plaquer à notre tour…
> Simon Boileau et Florent Pierre, Dargaud, 108 p., 18 €.
À lire aussi : BD : Jimmy Corrigan, la révolution Chris Ware
Tati et le film sans fin
« Tati », c’est un patronyme qui rime avec « vive la vie ». De son véritable nom Jacques Tatischeff, le réalisateur de Jour de fête et des Vacances de monsieur Hulot a commencé sa carrière en faisant le clown dans un restaurant pour faire rire les clients. Le cinéaste méritait bien une biographie dessinée pour lui rendre hommage, pleine de couleurs et de fantaisie, lui qui pariait sur l’intelligence du spectateur, qui filmait « l’humour naturel du monde » et qui considérait que faire rire les gens est un beau métier.
> Arnaud Le Gouëfflec et Olivier Supiot, Glénat, 136 p., 16 €.
Les Gens honnêtes
Alors qu’il fête ses 53 ans en famille, Philippe apprend qu’il est viré de son travail après vingt-sept années de bons et loyaux services. A priori, voilà un « pitch » qui n’est guère feel good… A priori seulement, car le héros (ou antihéros, comme on veut) saura rebondir grâce aux vertus conjuguées de l’amour, du bon vin et de la littérature. Les Gens honnêtes est une ode à ce bonheur qu’on a parfois à portée de main sans toujours s’en rendre compte, un message d’espoir et une saga du quotidien emballante, peuplée de personnages honnêtes et formidables, portée par des couleurs lumineuses, des dialogues savoureux et un optimisme réjouissant.
> Durieux et Gibrat, Dupuis, 64 p., 17 €.
À lire aussi : Zooms sur 15 icônes de la BD made in France
Le jour où le bus est reparti sans elle
Clémentine n’a vraiment pas de chance – du moins, c’est ce qu’elle croit. À l’occasion d’une halte de ravitaillement dans une épicerie perdue en pleine forêt, le car qui doit la conduire à un stage de méditation repart sans elle. Mais cette contrariété va se transformer en une véritable chance. Durant son séjour forcé, les personnes qu’elle va croiser vont lui raconter leur parcours et l’aider à trouver les réponses aux questions existentielles qu’elle se pose depuis toujours… Une belle leçon de philosophie et d’optimisme, inspirée par des contes zen issus de la sagesse populaire, qui permet de se réconcilier avec soi-même et de porterun regard neuf sur la vie.
> Beka, Marko et Maëla Cosson, Bamboo, 70 p., 16 €.
Aya
Rien de tel que la lecture des aventures quotidiennes d’Aya pour avoir envie de croquer la vie à pleines dents ! Avec ses copines Adjoua et Bintou, elle nous fait découvrir une Afrique éloignée des clichés, loin des échos de misère et de conflits armés qui font trop souvent la une des médias. Comme son héroïne, la scénariste Marguerite Abouet a grandi à Yopougon, un quartier populaire d’Abidjan, dans la Côte d’Ivoire des années 70, à une époque où, selon elle, « la vie était douce ». Ce tome inaugural d’une série adaptée en film d’animation, qui a été récompensé par le prix du premier album au Festival d’Angoulême, fait la part belle à l’insouciance, à la liberté, à l’amour et au bonheur de vivre, grâce au trait virevoltant de Clément Oubrerie, aux couleurs lumineuses et à la personnalité rayonnante de son héroïne qui ne pourra qu’« enjailler » les lecteurs. Pour connaître la définition de ce verbe, prière de consulter le « bonus ivoirien » en fin de volume…
> Marguerite Abouet et Clément Oubrerie, Gallimard, 112 p., 18 €.
À lire aussi : BD : bulles franco-françaises, des Pieds nickelés aux Requins marteaux