Aventures
The Good Culture
Traverser une partie du territoire indien au volant, entre villes et campagnes, highways et chemins, voilà une façon de rendre un trajet reliant Mumbai à Goa encore plus inoubliable - une certitude. Folie ou belle aventure ? On vous raconte.
Dès les premiers mètres, le sourire est contrit et un vague sentiment d’être pris au piège prend le dessus : mais quelle idée de prendre le volant dans un pays où chaque visiteur préfère se laisser conduire pour une poignée de roupies ? Sortir du parking de l’hôtel, c’est littéralement se jeter à l’eau dans le flot incessant du trafic. Les distances entre véhicules se comptent en centimètres et leurs klaxons, en dizaines de décibels. Récit d’un road trip en Inde.
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Un road trip en Inde à la découverte des coutumes routières
Ainsi observe-t-on la tectonique des plaques (d’immatriculation) faire son œuvre et, lentement, nous faire progresser entre tuk-tuks, motos, petites voitures et camions peints à la main de couleurs vives et d’indications en forme d’évidence : « blow horn » (klaxonnez) ! Nous obéissons et le logo Škoda de notre compagnon d’aventures s’imprime sur la paume de notre main à force d’actionner le signal sonore. Un sport national, vite indispensable pour affirmer sa présence, sans agressivité mais avec, disons, persistance. Insupportable aux oreilles lorsqu’on est à pied ou en tuk-tuk, cela devient moins dur avec le confort d’une voiture moderne comme notre Škoda Slavia.
Une statutaire berline à coffre spécifique au marché local : suspensions renforcées plus hautes pour absorber les gendarmes couchés, omniprésents, espace ménagé sur la planche de bord pour une amulette (nous choisissons Ganesh), sièges ventilés pour ne pas transpirer sur le cuir vegan (certaines religions interdisent le cuir animal). Nous abordons ainsi parés la traversée de Bombay – ou plutôt Mumbai, son nom moderne, affranchi des Anglais.
Une mégapole pas évidente d’abord, avec sa surface si vaste, ses quartiers entiers en construction, ses immeubles coloniaux de Colaba, grignotés par la végétation, et les foules de touristes locaux prenant des selfies avec lunettes de soleil devant l’arche du Gateway of India. Les mesures de sécurité en arrivant dans le patio des grands hôtels impressionnent, prises depuis l’attentat du fantastique Taj Mahal Palace où nous déjeunons.
Les 150 ch de notre moteur suffisent plus que largement dans un trafic et des routes qui permettent rarement de dépasser les 80 km/h, même sur les highways, qui sont à nos autoroutes ce qu’est un train indien face à notre TGV : lent et aléatoire, au bas mot. Le côté de circulation est le gauche, ancien empire britannique oblige, mais ici, on peut débouler de partout, tout le temps. Y compris à pied dès qu’un bouchon se forme pour vendre mouchoirs en papier, pare-soleils ou snacks improbables. Notre cerveau commence à accepter cette idée au fur et à mesure des heures nécessaires pour s’extirper des tristes ambiances bétonnées des interminables faubourgs de Mumbai et trouver enfin un peu de nature. La plus grande population au monde révèle ici un peu de sa dimension. On la retrouve aussi en faisant les comptes des accidents malheureusement, avec 168 000 morts sur les routes du pays en 2022. Toujours rester bien vigilant.
Et l’Inde devint troisième marché automobile au monde
Avec plus de 4 millions de voitures vendues en 2022, le pays de Gandhi a désormais dépassé le Japon sur le podium mondial. Justement, Maruti Suzuki survole de loin le tableau avec plus de 1,5 millions de ventes de ses petites autos produites localement. Il est suivi de Hyundai India, puis des marques locales Tata et Mahindra. Surprise, l’électrique pointe son nez et le gouvernement veut atteindre 30 % de véhicules à batteries d’ici 2030.
Pour les classes moyennes en pleine croissance ici, l’automobile est un status symbol et des marques comme Škoda sont vues comme premium et touchent des clients jeunes : 36 ans en moyenne, pour 53 ans en Europe… La remise des clés peut faire l’objet d’un cérémonial avec tambours et trompettes et la famille pourra fièrement parader dans sa ville le week-end, les enfants sortant la tête du toit ouvrant – sa seule fonction dans ce pays si chaud et humide ! Le précieux véhicule ne sera confié à un tiers qu’en mode voiturier : distance et vitesse sont enregistrées et la radio, condamnée. Fermez le ban.
Cols de montagne, singes et vaches sacrées
Pune est l’occasion d’une étape moderne à l’hôtel Conrad (groupe Hilton) et son rooftop traversé d’une brise douce et de morceaux électroniques de choix. Puis enfin nous pouvons respirer autre chose que l’air brumeux des villes avec l’arrivée dans les montagnes entre Kolhapur et Goa sur la route 548H. Interruptions soudaines du bitume, traversées de villages d’un autre siècle, déjeuner veggie, achat de noix de cajou – spécialité locale, rencontre avec des motards en Royal Enfield, photos de singes derrière la vitre pour ne pas risquer d’attaque, pause cascade rafraîchissante, patience derrière une vache qui traverse sans ciller… Il se passe toujours quelque chose sur nos quelque 700 km de routes.
Une fois arrivé à Goa, repos mérité au Taj Fort Aguada. Mieux vaut cependant éviter les plages proches de la vieille ville portugaise, qui vaut une visite à pied dans les ruelles derrière la cathédrale. Une voiture permettra de s’extirper du trafic horriblement dense traversant des rues bordées de magasins de (mauvais) souvenirs, dans la lumière des néons, comme pour mieux éclairer de nuit les déchets qui jonchent le sol de Calangute ou Anjuna.
La surexploitation touristique dans toute sa puissance destructrice, si loin des rêves des hippies d’antan. Mais comme souvent, rouler une heure ou deux permettra de retrouver le calme et le charme, comme dans l’hôtel Elsewhere au nord, ou du côté de Palolem au sud pour trouver une ambiance un peu plus festive. Idéalement en prenant le temps, facteur primordial pour laisser ce pays s’ouvrir à soi.
Découvrir la Škoda Slavia.
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