×
road trip van pouilles
fanny

The Good Culture // Aventures

Un road trip en van dans les Pouilles, hors saison

Aventures

The Good Culture

The Good Guide

Sur 800 kilomètres de côte, les Pouilles, toutes en longueur, offrent une grande diversité de paysages bordés par la mer Adriatique à l’est et sur la mer Ionienne à l’ouest. Ses plages de sable fin, ses falaises abruptes, ses criques isolées et ses ports pittoresques en font la réputation, des spots que nous avons éprouvés pendant cinq jours en van Roadsurfer, hors saison de villages, à l’abri des flux de touristes qui abondent dans cette partie de l'Italie pendant les grandes vacances.

Embarquez avec The Good Life pour un road trip en van tout confort dans le talon de la botte, à la découverte des Pouilles, la plus grande région d’Italie continentale et l’une des destinations italiennes favorites des Français.


Lire aussi : Le chef Guy Martin ouvre deux maisons d’hôtes dans le Salento, en Italie


A la découverte des Pouilles

Nous sommes passés récupérer un van à l’agence Roadsurfer de Rome, le modèle Couple Cottage, pour prendre la route direction les Pouilles via l’autoroute « des deux mers ». Le Couple Cottage est un cocon sur quatre roues qui roule très bien et qui permet de se garer n’importe où, un juste milieu entre le style du van et le confort des grands camping-car de luxe.

Après un check-in express, c’est parti pour l’aventure ! Pour cette première nuit, direction Candela, l’un des premiers villages des Pouilles quand on arrive de Rome. Sur les hauteurs, ce petit bourg charmant et étonnamment calme pour un samedi soir, fait face au même défi démographique que beaucoup de villages italiens. Pour pallier la désertification, la mairie a même lancé « l’Opération Candela » en offrant des incitations financières aux personnes souhaitant s’installer dans la région.

road trip van pouilles

Enthousiasmés par le début du voyage et l’exotisme de ces petits villages blancs qui annoncent bien l’extrême sud de l’Italie, beaucoup de voyageurs doivent se prendre à rêver de racheter une maison de village à un euro et de tout plaquer pour devenir Pugliese. C’est aussi notre cas. Après une petite balade nocturne dans ce village éclairé de lampadaires orangés, première nuit et réveil avec vue magique sur les collines environnantes recouvertes d’oliviers, l’une des stars des Pouilles. La récolte démarre d’ailleurs en octobre et l’huile nouvelle, verte et très parfumée, est un must taste !

L’avantage du van c’est de choisir son spot et sa vue. A noter que Roadsurfer propose également sur son site des endroits à réserver pour se garer chez l’habitant, dans une ferme ou encore avec une vue magnifique, de quoi rendre son road trip dans les Pouilles bien plus confortable. Bien souvent des services y sont proposés nécessitant complément : petit-déjeuner de produits locaux, électricité, accès à la piscine… L’idéal pour associer la sécurité et la tranquillité, en évitant la case air de camping-car, pas très glamour à notre goût.

Le van Roadsurfer.
Le van Roadsurfer. Jean-Baptiste Martinon

Trois petits ports sur la côte adriatique

Toujours en pyjama au volant, direction la mer pour un petit café matinal sur le port de Trani. Nous sommes ici dans la province de Bari, la capitale des Pouilles. Le soleil levant éclaire la magnifique cathédrale Saint Nicolas le Pèlerin et le château médiéval. Le petit port de pêche se réveille et les pêcheurs vendent leur prise de l’aube directement depuis leurs bateaux colorés. Dès les premières chaleurs de la matinée, les Tranesi, fidèles à la carte postale italienne, s’installent sur la digue en slip ou en maillot de bain pour parfaire leur bronzage déjà plus que parfait.

road trip van pouilles

Pour le déjeuner, nous tentons notre chance à Mezza Pagnota, véritable institution locale à quelques kilomètres dans les terres. L’éloge de François-Régis Gaudry dans son émission « On va déguster » sur France Inter nous convainc de faire le détour. Nous sommes dimanche midi, la salle est pleine — on ne plaisante pas avec le repas dominical en Italie. Le serveur nous explique, avec un grand sourire aimable, que nous avons loupé le train et que celui-ci ne s’arrêtera que vers 18h pour les heureux élus. Il nous conseille son restaurant favori dans le village voisin : U.P.I.P.E.D.D.E à Ruvo Di Puglia.

Après un coup de téléphone pour réserver notre place nous rejoignons cette institution discrète, à moitié enterrée dans une rue étroite. Le volume sonore est au maximum et le serveur hurle dans nos oreilles les plats du jour : la truffe est à l’honneur. Nous optons pour le quatuor d’entrée des Pouilles avec mention spéciale pour le soufflé au fromage et à la truffe puis faisons honneur aux pâtes régionales par excellence : les orecchiette. La cuisine est savoureuse, la promesse est tenue et le Bib gourmand Michelin est mérité.

L’heure d’hiver est arrivée et avec elle cette étrange sensation de sortir de ce « RistorArte » — comme il se décrit lui-même — et, déjà, de voir le jour décroitre et l’envie d’enchaîner avec un apéritif en bord de mer, un must lors d’un road trip dans les Pouilles.

Nous sautons la case Bari, qui mérite un week-end à part entière, et filons direction le petit village de Polignano à Mare pour une nuit vue mer dans le van. Notre balade nocturne nous fait découvrir ce magnifique village à flanc de falaise qui regarde vers l’Albanie et qui rappelle les maisons grecques blanchies de chaux, technique séculaire pour combattre la chaleur harassante de l’été.

road trip van pouilles

L’une des étapes du Tour d’Italie en version vintage, le Giro d’Italia d’Epoca, se termine ce soir-là sur une place du village. Les participants dansent dans leur tenues de laine colorées après une journée sous le soleil d’automne sur leur monture d’époque. Une plongée dans le passé qui sent bon la nostalgie et l’on se surprend à taper le rythme du pied, un cynar spritz – la version amère à la liqueur d’artichaut – à la main.

Au réveil, le combo toujours gagnant cornetto-caffè dans le bar du coin et c’est parti pour un run matinal le long de la Via Francigena, ce chemin de pèlerinage qui part de la pointe sud de l’Italie et se termine dans la sud de l’Angleterre à Canterbury en passant par Rome, la Suisse et France. Après huit kilomètres sur le sentier côtier bercé par les bruits des vagues, arrivée à Monopoli, riche culturellement et marquée architecturalement par le passage des byzantins. Le temps de faire le tour du petit centre historique en quelques foulées et retour vers notre cottage sur roues dans l’autre sens.

Le Saint-Jacques-de-Compostelle version italienne parcourt plusieurs petites criques préservées où tanguent paisiblement des barques de pêche colorées. Le bonheur d’une petite douche au soleil à l’extérieur du van avant un pique-nique à base de produits des Pouilles dans la cala Port’Alga entre Polignagno et Monopoli.

Des trulli, des trulli, encore des trulli

Direction la vallée d’Itria, joyau des Pouilles connue internationalement pour ses trulli : des constructions en pierre au toit conique, jadis abris temporaires et démontables pour éviter des taxes de propriété quand arrivait le questeur -appelé Gabello ici, devenues des attractions touristiques incontournables. Nous avons la chance d’arriver dans Alberebello de nuit et hors saison. La ville est vide. Comme souvent dans les Pouilles, nous sommes étonnés par la ville nouvelle qui entoure et dénote voire détonne tristement avec le centre historique.

Les Trulli, de nuit.
Les Trulli, de nuit. Jean-Baptiste Martinon

Le lendemain, nous démarrons notre déambulation nocturne féérique dans le quartier « Aia Piccola ». Ce quartier, moins connu que « Rione Monti » mais tout aussi charmant, offre une expérience plus authentique. Aia Piccola est composé d’environ six cents trulli habités par les résidents locaux, préservant ainsi une atmosphère plus intime et traditionnelle. Ces petites ruelles composées de petites maisons d’elfes au chapeau pointu dégagent une atmosphère magique avec la lumière de la pleine lune diffusée par la fumée des cheminées.

Notre passage express ensuite dans le quartier de Rione Monte d’Alberobello, classé au patrimoine mondial de l’UNESCO, nous confirme que la vallée d’Itria semble jongler avec hésitation entre la préservation culturelle et le tourisme de masse. Nous conseillons un passage rapide et nocturne, quand les cars de tourisme ont laissé la voie libre.

Direction le Salento, péninsule idyllique

Cap au sud, direction la petite ville de Nardó, petite sœur baroque de Lecce, la « Florence du Sud ». Nous sautons l’étape Lecce, capitale du Salento pour rester hors des sentiers touristiques et à l’affût de jolies adresses.

Et ca tombe bien parce que notre passage à Nardò est marqué par la visite de deux des trois Palazzi, sous l’étiquette Iteceo, récemment ouverts par le chef Guy Martin et sa femme Katherina, recommandé précédemment par la rédaction. Suite à des vacances dans la petite ville ravissante, le couple est tombé amoureux de la région – et on comprend pourquoi – et a décidé de s’y installer à temps partiel mais avec la manière.


Lire aussi : Le chef Guy Martin ouvre deux maisons d’hôtes dans le Salento, en Italie


Aidés par le Fonds Européen et la région des Pouilles qui subventionnent les rénovations de l’historique dans un but touristique, la décoratrice et le chef de métier se sont transformés en hôtels d’exception, épaulés dans les affaires quotidiennes par Damiano, un local très agréable qui touche à tout.

Chez Guy Martin et Katherina Marx.
Chez Guy Martin et Katherina Marx. Jean-Baptiste Martinon

Tombés sous le charme du Palazzo Mucci, nous quittons notre van le temps d’une nuit pour goûter au luxe d’une maison d’hôtes qui ne ressemble à aucune autre. Dans chacun des trois Palazzi et de leurs six chambres respectives, l’atmosphère est unique. Chaque pièce est décorée avec soin et originalité de magnifiques meubles design – Le Corbusier en bonne place -, d’œuvres d’art et d’objets chinés. Avec des nuits de 150 à 600 euros, l’expérience vaut le détour.

Au réveil direction le café Parisi sur la piazza Antonio Salandra du centre historique de Nardò. C’est l’institution locale avec ses trois mètres de vitrines garnies de Baba au Rhum, de brioches, de cornetti et de pâtisseries alléchantes. Les serveurs portent l’uniforme. Un cappuccino, une brioche et una spremuta — une orange pressée. Le bonheur, c’est de passer d’un plat de pâtes à six euros sous un néon blanc à un café excellent sur une place ensoleillée pour enchainer sur un menu en six étapes dans une osteria renommée. Et pour ça, il n’y a rien de mieux qu’un road trip en van : c’est le confort pour le repos et le voyage et la possibilité de tout explorer sans contraintes.

Poursuite du road trip en van dans les Pouilles

Direction le parc naturel de Porto Selvaggio pour un pique-nique et une randonnée dans les « Maldives du Salento ». A dix minutes de Nardò, nous nous garons à l’entrée de Santa Catarina et préparons un pique-nique de chef dans notre cuisine mobile avec vue sur la Torre de l’Alto, qui surplombe les falaises plongeant dans la mer bleue turquoise. Ricotta et burrata de la Masseria Caliandro, foccacia et poêlée de champignons et huile d’olive sont au menu.

road trip van pouilles

Une randonnée de deux heures dans le splendide parc naturel régional de Porto Selvaggio et il est déjà temps de reprendre la route pour notre dernière soirée. Arrêtés par hasard dans « La Tanière du Loup » à Galatina, une demoiselle d’une trentaine d’années nous accueille et nous installe, le papa discute longuement avec les clients et la maman est en cuisine. La seule question que l’on nous pose : « blanc ou rouge ? » La bouteille de rouge (froide) arrive et le festin démarre avec pas moins de 14 assiettes d’antipasti essentiellement à base de légumes, tous délicieux. C’est impressionnant mais tout disparaît.

Arrivent les orecchiette cime di rapa, valeur sûre en guise d’au revoir aux Pouilles et on termine par le secondo, des boulettes de veau et porc. Une part de crostata (tarte) abricot maison et les digestifs maisons posés sur la table : limoncello et liqueur de café. A 35 euros le menu boissons incluses, on se demande comment la petite famille s’en sort, mais le sourire est là et tout le monde repart heureux.

C’est la fin du voyage, retour vers Rome avec la pluie comme un signe qu’il est temps de démarrer l’automne. Une dernière nuit bien au chaud sous la couette à écouter la pluie battre les petites lucarnes. Et retour à Rome en passant par Matera et Naples. Chères Pouilles, nous reviendrons !

road trip van pouilles

Voir plus d’articles sur le sujet
Continuer la lecture