Horlogerie
C’est une histoire de goût et d’amitié. Trois trentenaires qui créent un gin subtil aux arômes de Riviera italienne. Et l’idée, lancée au gré du vent méditerranéen, devient une vraie success-story…
Une houle légère caresse les falaises de la côte ligure. La mer est limpide, d’un bleu intense. Ce bleu unique sertit aussi le verre d’une bouteille à la séduction insolente. L’étiquette reproduit un joli port alangui, ses façades ocre, ses volets verts. Portofino Dry Gin est écrit au fronton, l’appel d’une balade dans le village de la Riviera italienne. Ce flacon invite au voyage, qui ne serait pas complet si on ne goûtait au breuvage. Citron frais, lavande et romarin, sauge et marjolaine, un bouquet d’arômes méditerranéens séduisant. « Notre idée était de proposer une expérience sensorielle et tout y participe. Le gin s’est imposé naturellement pour sa facilité à l’aborder, mais, au-delà du genièvre, nous y avons ajouté 21 plantes, toutes présentes ici », racontent Ruggero Raymo et Chris Egger, deux des trois protagonistes, avec Alessandro Briolo, d’une histoire qui n’a pas fini de diffuser ses parfums de réussite.
« Eravamo quattro amici al bar… »
Alessandro Briolo est l’ancrage : neuvième génération d’une famille d’hôteliers de Portofino, il affiche le caractère stoïque des gens du cru. Plus volubile, Ruggero Raymo en est la version cosmopolite : petit-fils de Klaus Pudel, qui incarne l’âge d’or portofinesi des années 50 et 60 ; la maison familiale est un paradis terrestre, ancienne propriété de lord Carnarvon, le découvreur de la tombe de Toutankhamon, avec la mer pour horizon et un jardin en terrasses dont 2 hectares sont plantés de botaniques. Chris Egger est un Helvète équanime au verbe élégant, badgé HEC Lausanne, mais décontracté. Ils ont lancé leur gin en avril 2019, 3 000 bouteilles livrables en vespa sur la Riviera, dont ils pouvaient dire alors avec l’insouciance des golden boys : « Si on ne les vend pas, on les boira ! »
Un coup de maître
Les bases du succès étaient installées bien avant le lancement. Par la qualité des ingrédients et l’association avec la distillerie Quaglia, l’une des plus réputées d’Italie, pour en tirer le meilleur : une distillation classique à 80 °C, puis une infusion à basse température, sous vide, qui permet de préserver les arômes. En ajoutant à un très bon produit un marketing brillant, les perspectives s’ouvrent. Obtenir l’usage du nom Portofino, légitime au regard de l’enracinement dans le territoire, s’avère être un coup de maître. Quelques collaborations judicieuses – avec le groupe hôtelier Belmond, le parfumeur Acqua di Parma ou l’horloger IWC – bonifient le positionnement. Il restait à assurer la distribution, le nerf de la guerre dans un univers des spiritueux sans cesse renouvelé.
À l’horizon, un futur brillant
« On devrait finir l’année 2022 avec 200 000 bouteilles », souligne Ruggero, qui se consacre désormais entièrement au projet, depuis qu’il a quitté son job au Milan AC. Chris fait une estimation plus prudente, Alessandro assure le sourcing en bon connaisseur de la région parce que la production doit suivre. Mais l’ambition commune est claire : parvenir à 1 million de bouteilles. L’Italie reste le premier marché, l’export compte déjà 33 pays. Au printemps 2022, la France a découvert Portofino Dry Gin, dont la distribution est assurée par The Avant Gardists, la nouvelle plate-forme premium de La Maison du Whisky. « C’est notre best-seller, même si la saisonnalité a aidé, précise son responsable, Gautier Laspalas. Un socle authentique, une sensibilité au design, une histoire d’entrepreneurs : le monde des spiritueux d’aujourd’hui ne se résume plus seulement à des portefeuilles de grands groupes. Il est aussi innovant, avec un esprit start-up. » Peut-être… Mais quand on goûte à ce gin, c’est avant tout son esprit méditerranéen qu’on retient…
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