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Balibaris a réussi à s’imposer en seulement une dizaine d’années comme la marque de référence du vestiaire masculin français. Rencontre avec son fondateur et bientôt PDG, Paul Szczerba.
Un pull à col polo bleu marine avec les boutons ouverts qui laisse entrevoir une chemise bleue clair, un jean à la coupe ajustée : c’est dans une tenue total Balibaris que nous accueille Paul Szczerba, fondateur de la marque parisienne Balibaris, dans sa maison de campagne à l’air vaguement anglais située à l’ouest de Paris, entourée par la forêt des Yvelines.
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Paul Szczerba se met au vert pour mieux créer
À l’entrée de la propriété, on se retrouve face à un énorme jardin avec balançoire pour les enfants. Juste à droite, une annexe qui sert de bureau, salle de cinéma et cocon pour les invités. Le coin bar et les drapeaux français fixés au mur ne laissent pas de place aux doutes : c’est ici qu’on regarde les matchs de rugby, dont Paul Szczerba est un grand fan.
En franchissant le seuil de la maison, on est envahi par une sensation de chaleur. Ici, une cabine où enfiler des bottes et un trench pour affronter les jours de pluie. Là, dans la salle à manger, une longue baie vitrée laisse se remplir les yeux de tout le vert environnant. Une merveille qui justifie pleinement la distance de plus d’une heure du centre de Paris. Dans les pièces principales, le motif tartan qu’aiment particulièrement par le fondateur de Balibaris et sa femme est partout, en tapissant murs, coussins, fauteuils et canapés.
« On adore la campagne, on est au calme et pour mes enfants c’est génial de grandir ici« , explique l’entrepreneur. Pour être exact, pendant la semaine, Paul Szczerba fait beaucoup d’allers-retours entre Paris et les Yvelines. Le matin, il met son uniforme, la même tenue avec laquelle il nous a accueilli, prend son vélo électrique Moustache, monte dans le train et, une fois arrivé à la gare, se remet en selle jusqu’à son bureau. Mais c’est chez lui que le créateur de Balibaris passe tous ses week-ends, en profitant de la famille et en concevant de nouvelles idées pour sa marque, conçue en 2013 et devenue en dix ans une référence du prêt-à-porter français.
“Je voulais créer ma garde-robe idéale”
« Quand j’ai commencé à travailler, j’ai remarqué qu’il manquait des marques qui représentaient exactement mon goût. D’abord, je voulais des pièces élégantes mais polyvalentes. Je n’aime pas les couleurs criardes, ni le noir ; ma signature tourne plutôt autour des différentes nuances de vert et de bleu. Et je n’étais pas convaincu par les coupes des marques américaines« , se souvient Paul Szczerba, assis sur un fauteuil chiné qui mélange chêne et motif tartan bleu et vert, sa pièce préférée de la maison.
Grand amateur de la décoration, il change en effet le mobilier du salon de sa maison tout le temps. En revanche, il ne touche pas à la dizaine de petites lampes placées un peu partout, un impératif pour un fan de lumière diffusée de manière homogène — les dizaines et dizaines de livres aménagés sur les étagères subissent le même sort. « Je relis Bel Ami de Guy de Maupassant en ce moment, mais ce sont les Flaubert qui ont marqué ma vie. Ils font peur au début, mais j’y retrouve des analogies avec mon quotidien qui me fascinent à chaque fois », confie Paul Szczerba.
Sa passion pour la mode dans sa vie est arrivée assez tard. « Ce n’est pas quelque chose qui m’a été transmise dans mon enfance, mais dans ma famille il y a toujours eu le sens du bon goût et de l’esthétique », raconte-t-il. Ses plus grandes icônes de style : Paul Newman et Jean-Paul Belmondo dans Le Magnifique, film de 1973 où l’acteur incarne un écrivain de romans fauché.
J’admire le style de Louis Garrel, j’aimerais bien l’habiller un jour »
Depuis le début de l’aventure, le fondateur de Balibaris avait bien en tête l’objectif de sa marque : habiller les hommes parisiens avec des pièces de bonne qualité et accessibles. « Les bonnes matières et une production qualitative : ça le vrai luxe« .
« Je voulais lancer le site en décembre 2013 et je n’avais que quatre mois de trésorerie à disposition, raconte-t-il. Avec 5 000 euros de côté, je ne pouvais me permettre de produire que des cravates : j’ai donc lancé des cravates. Mais le shooting de la collection était très lifestyle, comme pour faire comprendre qu’une garde-robe avec un style bien parisien était à venir« .
Pendant ces dix ans, cette approche a pris forme de différentes manières. À ses débuts, les collections de la marque étaient plus preppy. Puis, il y a eu l’ère de l’uniforme. Aujourd’hui, « versatilité » est le mot d’ordre. C’est dans cette direction que voguent aussi les dernières collaborations de Balibaris, telles que celles avec Umbro, une marque à l’identité plus sportive, Superga ou encore Barbour.
« Le sens d’une collaboration, c’est de compléter l’ADN de la marque, explique Paul Szczerba. La collection avec Umbro est née de ma passion pour le rugby ; quand j’étais gamin, j’en faisais et je me souviens très bien d’avoir eu des chaussettes noirs avec un logo Umbro vert fluo. Pour Barbour, nous avons réimaginé une pièce que j’adore à notre manière : avec coupe plus pointue, un matériel extérieur différent, une autre doublure« .
En parallèle, la marque a développé son côté écolo, comme le montre le lancement de l’Atelier Balibaris, un programme de réparation des pièces, et de la garantie à vie. « Trois piliers ne peuvent manquer aujourd’hui dans un système mode qui se dit écolo : matériaux naturels, durabilité et consommation plus responsable« , défend le fondateur de Balibaris.
Le futur de Balibaris
Pour l’avenir de sa marque, Paul Szczerba rêve en grand. D’ici cinq ans, il imagine le lancement d’une ligne femme dans un style boyfriend.
L’expansion des boutiques dans les grandes villes de l’Europe entière et un autre enjeu majeur de la marque. Aujourd’hui, Balibaris compte presque 85 points de vente en France et à l’étranger, auxquels s’ajouteront d’ici fin 2024 20 autres boutiques, dont la première ouvrira ses portes à Bruxelles en février. « Mais surtout, d’ici 10 ans, je vois Balibaris comme une marque plus lifestyle. Un café, un restaurant, une boutique d’objets de décoration d’intérieur… une sorte de moodboard Balibaris, voilà !« .
Quant à lui, il se voit toujours à la tête de l’entreprise. Paul Szczerba (re)deviendra d’ailleurs bientôt PDG de la marque, parce que, au fond, « Balibaris, c’est plus qu’un boulot pour moi. C’est mon bébé et je veux le voir grandir« .
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