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Vins et spiritueux
The Good Life est allé en Écosse, à la petite distillerie The Glenturret, qui produit du whisky depuis 1763. Ici on a gardé un savoir-faire artisanal aujourd’hui presque disparu dans l’industrie des spiritueux. Et spoiler alert : ça ne coûte pas plus cher.
C’est une petite distillerie entourée par la belle campagne du Perthshire, entre collines vertes et petits fleuves, à une heure de Glasgow, dans le Hosh : The Glenturret. La route pour y arriver est bordée d’arbres et de champs où paissent des dizaines et des dizaines de petits moutons. Une quantité assez modeste de fûts à l’entrée laisse présager une production locale et limitée de spiritueux.
Si nous ne sommes pas à Speyside, la plus grande région productrice de whisky d’Ecosse, où se trouve la moitié des distilleries du pays, c’est ici, et sans doute dans ces fûts, que réside le meilleur single malt scotch whisky de 2023 selon l’International Wine & Spirits Competition, avec un score de 99 points sur 100.
Pourtant, en arrivant au shop de la distillerie, il n’y a aucune trace de la bouteille en question. “C’est sold out depuis des mois. Après avoir reçu le prix, il y a eu un boom de ventes”, confirment les employés. La production de 30.000 bouteilles est partie en seulement deux semaines. Ce qui rend ce whisky exceptionnel est le fait d’avoir vieilli dans trois types de fûts : American Oak Sherry, Spanish Oak Sherry et American Oak Bourbon. D’où le nom “Triple Wood”. Mis en bouteille en 2022, il n’a passé dans les fûts qu’entre 6 et 9 ans et se présente donc comme un whisky jeune, et pourtant corsé en bouche, avec un ABV à 45% (mesure standard de la quantité d’alcool contenue dans un volume donné de boisson alcoolisée), une couleur dorée, une odeur de vanille, fruits secs et chêne et en bouche des notes de pêche, pomme verte, lime, ou encore gingembre confit et cannelle.
Comme beaucoup de whisky de The Glenturret, l’élégante bouteille du Triple Wood a été conçue par la marque française de verres de luxe Lalique (dont le groupe est propriétaire aussi en grande partie de la distillerie). La cerise sur le gâteau ? Un prix modeste d’environ 50 euros par bouteille. Face à l’engouement, le personnel assure qu’il y aura un nouveau Triple Wood cette année, même si « le goût, même tout en respectant le profil aromatique, ne pourra jamais être fidèle à 100 % à celui de 2022, tout simplement parce que chaque fût est différent”, nuance Alex Thomson.
L’idée du “Triple Wood” remonte a plus de dix ans, mais c’est avec l’arrivée en 2020 à The Glenturret du maître de whisky Bob Dalgarno qu’elle a pu devenir réalité. “Jusqu’à il y a trois ans, on n’avait pas de maître whisky. Le chemin emprunté avec Bob nous permet aujourd’hui d’expérimenter et de sortir des produits plus intéressants”, explique Alex Thomson de la distillerie, qui insiste sur le savoir-faire artisanal de la maison, et – argument massue en 2023 – du recours aux produits du territoire, qui sont l’ADN de The Glenturret. L’orge utilisé est cultivé par des agriculteurs locaux, alors que la source d’eau – qui dans le monde de spiritueux donne son nom aux distilleries – est la réserve Loch Turret, installée à seulement 5,5 kilomètres de l’usine.
A l’intérieur, les machines d’un autre âge – l’une d’entre elle date de 1919, attestent que Glenturret prend la fabrication de son précieux nectar comme un artisanat. Ici, 7 opérateurs s’occupent de toutes les phases du processus : les lavages des bois, le pressage de l’orge et le filtrage de l’eau sont entièrement réalisés… à la main !
Mais l’entreprise va même plus loin. Quand la fermentation de l’alcool est censée se terminer en 48 heures, chez The Glenturret, on poursuit le processus pendant 48 heures supplémentaires, afin de tirer le maximum des notes fruitées. Même régime pour la distillation qui se voit prolongée, afin de tirer le maximum de notes fruités de l’orge, alors que beaucoup de distilleries préfèrent une fast distillation – voire une augmentation de la chaleur très rapide – ce qui donne au whisky un goût coriace et une consistance épaisse et huileuse.
En 2022, The Glenturret a produit 221.000 litres de scotch whisky (dont seulement 30.000 litres de scotch dénoyauté, une variété obtenue en séchant l’orge avec de la pierre à la place de l’air chaud), alors que les grandes distilleries sortent autour de 10/15 millions de litres par an. Cela rend la marque différente de beaucoup de ses concurrents et ses reconnaissances plus précieuses. Pourtant, Alex Thomson explique que “chez The Glenturret, tout le monde est convaincu que l’excellence de notre travail sera récompensée de plus en plus dans le futur prochain”.
L.P.
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