Voyage
Chic, métissée ou épicée, la sélection The Good Life pour déjeuner ou dîner à NYC. Cap sur Brooklyn !
• Barano, Williamsburg. La dernière trattoria à la mode de Williamsburg a le succès qu’elle mérite. Barano, c’est le nom du petit village d’Ischia où la grand-maman d’Al Di Meglio, chef des lieux, concoctait, paraît-il, d’affolantes recettes de pâtes. S’étonnera-t-on alors que les farfalles aux crustacés et au citron de Sorrente ou les macaronis à l’agneau et à la menthe du petit-fils soient à se damner ? Pour ne rien gâcher, Home Studio, l’agence de design phare de Brooklyn – qui a aménagé à peu près tous les lieux cool du coin – a déployé des banquettes crème et vert sapin, des déclinaisons marbrées, des jardinières de fleurs séchées, des luminaires façon « âge d’or de Las Vegas », comme autant d’appels du pied toniques aux années 80.
Néo-péruvien
• Llama Inn, Williamsburg. Rien de plus fin, sur la scène brooklynoise, que ces ceviches à la banane plantain ou que cette patate douce arrosée au pesto des Andes. Des délices néo-péruviens qu’on savoure dans un décor de verre et de béton bien fichu, le tout punchisé par une œuvre textile de l’artiste turque Betil Dagdelen. Mais si le tout-Williamsburg s’accoude ici, c’est aussi pour les divins élixirs dont la maison s’est fait une spécialité. Alors, commandez donc, les yeux fermés, un Llama del Rey (pisco, ananas braisé, poivre rose) dont l’intitulé est un clin d’œil à une certaine pop star, à moins que, plus caressant, un Chimpin’ Ain’t Easy (mezcal, liqueur de banane, orgeat…) ne vous embrume l’esprit sans crier gare.
• Falansai, East Williamsburg. Webdesigner chez Moody’s, l’agence de notation, Henry Trieu s’ennuyait ferme. Alors ce fils d’immigrés sino-vietnamiens s’est souvenu des recettes que son père, Californien d’adoption, inventait. Et si Henry se réinventait, lui aussi, par la cuisine ? En 2012, il déniche un local au milieu des hangars de Bushwick, là où l’avant-garde artistique new-yorkaise a pris ses quartiers, le relooke de cuir et de briques blanches, et se lance aux fourneaux. Bien vite, le midi, toute la jeunesse du coin, en quête d’un banh mi parfumé au possible, rapplique, tandis que le soir, on y partage de la panse de porc caramélisée aux œufs de caille, du chou aux pickles de feuilles de moutarde, entre autres délicates étrangetés.
Quartier polonais de Brooklyn
• Westlight, Greenpoint. « Que c’est moche », s’est-on dit, devant cette tour toute pataude du nord de Brooklyn, laquelle abrite un hôtel de luxe, The William Vale, décoré sans amour. Pas découragé pour autant et animé d’une petite faim, on a filé au 24e étage, là où le chef Andrew Carmellini a perché son antre. Tout à coup, notre contrariété s’est tue. Studio Munge, une agence de Toronto experte es-élégance, a douillettement tendu les lieux de velours canard et de cuirs caramel. On s’est assis, on a picoré des tempuras de loup de mer, et nous voici dégustant un cocktail au gin et à la chartreuse portant un nom improbable. L’addition arrivant, tout cela nous a paru bien trop cher pour Greenpoint, quartier polonais encore populaire que l’immeuble surplombe. Mais la vue affolante sur Manhattan, plein ouest, nous a vite fait passer l’éponge.