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Lima, le grand retour de la cité des Rois
Fondée en 1535 par Francisco Pizarro, Lima est aujourd’hui considérée comme une ville-jardin.
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Lima, la mégapole qui change la donne

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Curieusement (et injustement), des villes secondaires comme Cusco ou Arequipa étaient, jusqu’à il y a peu, plus connues que la capitale. Boostée par une économie en plein boom, Lima se fraie un chemin sur la carte des mégapoles incontournables dans le monde. A voir absolument.

Théâtre de ce « miracle économique », la capitale, Lima, et ses quelque 10 millions d’habitants, voit ses contours se transformer, à commencer par ceux de sa population. « Entre 2000 et 2016, toutes les classes sociales ont globalement profité du boom, mais c’est surtout la classe moyenne qui a tiré son épingle du jeu, puisqu’elle a été multipliée par deux, indique Rolando Arellano Cueva, cofondateur du bureau d’études Arellano Marketing. En 2016, selon nos estimations, près de deux Liméniens sur trois en faisaient partie. » Un chiffre spectaculaire, comparé à la moyenne relevée en Amérique latine (30 % selon la Banque mondiale) et qui en dit long sur l’évolution de la capitale, à commencer par ses quartiers nord.

Après des années d’urbanisation sauvage, Lima présente un profil architectural on ne peut plus décousu.
Après des années d’urbanisation sauvage, Lima présente un profil architectural on ne peut plus décousu. Stevens Frémont

Car cette nouvelle classe moyenne, au-delà de sa vigueur, affiche un tempérament bien à elle. « En temps normal, une classe moyenne n’a qu’une idée en tête : s’approprier les codes et les usages de la classe supérieure dans le but de lui ressembler. Pas à Lima. Ici, cette catégorie de “nouveaux riches” s’est construite seule, dans l’informel, sans aide de l’État ni des plus riches, et elle entend bien garder son indépendance, surtout géographique, tout en ne se refusant rien ! » Affluer vers les quartiers traditionnels historiquement réservés aux plus privilégiés, tels que San Isidro, Barranco ou Miraflores ? Très peu pour eux ! D’autant que personne ne les y attend, eux qu’on appelle encore les « envahisseurs » plus de cinquante ans après les grandes migrations des années 60.

Faute de mieux, la voiture reste le moyen de locomotion privilégié des Liméniens.
Faute de mieux, la voiture reste le moyen de locomotion privilégié des Liméniens. Stevens Frémont

C’est donc dans les quartiers du nord de la ville, où ils se sont établis à leur arrivée, dans le surnommé « Cono Norte », que s’est produite la part la plus substantielle de ce boom économique. Los Olivos, Carabayllo, Puente Piedra, ces nouveaux quartiers – jusque-là faits de bric et de broc – deviennent des lieux de vie et de business à part entière. Peu à peu, on y voit les entreprises familiales se structurer, les savoir-faire s’aiguiser, les immeubles et les commerces se multiplier, notamment grâce à un puissant fertilisant : les malls. En 2002, le groupe Wiese est le premier à s’intéresser à cette nouvelle clientèle aussi aisée (90 % de ce 1,8 million d’habitants sont propriétaires de leur logement) que laissée pour compte, en créant Mega Plaza, le premier centre commercial du Cono Norte, inspiré du très chic (et rentable) Jockey Plaza, construit quatre ans auparavant, à quelques blocs de là, pour la clientèle aisée de Lima. Qu’ils soient chiliens, comme le groupe Falavella, ou péruviens, comme les groupes Romero (propriété de Dionisio Romero Paoletti, l’homme le plus puissant du pays) et Intercorp (propriété du milliardaire Carlos Rodríguez Pastor), tous lui emboîtent le pas. En une décennie, plus de 65 centres commerciaux sont construits dans le pays, portant leur nombre à 84 en 2015, dont 47 rien qu’à Lima ! Des chiffres qui font du Pérou le pays le plus prometteur d’Amérique latine en termes de retail, selon le cabinet A. T. Kearney, devant… le Brésil et la Colombie !

Après des années d’urbanisation sauvage, Lima présente un profil architectural on ne peut plus décousu.
Après des années d’urbanisation sauvage, Lima présente un profil architectural on ne peut plus décousu. Stevens Frémont

Une preuve, s’il en fallait, du pouvoir d’achat grandissant de cette population émergente, qui se fait également remarquer par la très forte dimension informelle de son économie, évaluée à 70 % par la Banque mondiale. Pour s’en rendre compte, il suffit de passer une tête au marché de Gamarra, en plein cœur de Lima, où une centaine de milliers de travailleurs se pressent chaque matin. Temple du textile et de la confection, l’une des industries les plus dynamiques du pays, ce chaos organisé générerait près de 1,5 milliard de dollars de revenus annuels grâce aux 25 000 entreprises qui y ont pignon sur rue, dont près de 45 % sans licence officielle selon le relevé 2012 de la Gerencia de Desarrollo Económico de la municipalité de La Victoria. Un niveau d’informalité qualifié d’alarmant par la Banque mondiale, et pourtant bien symptomatique de l’économie locale à Lima.

Pour l’heure, Lima compte une seule ligne de métro, qui transporte chaque jour 300 000 passagers.
Pour l’heure, Lima compte une seule ligne de métro, qui transporte chaque jour 300 000 passagers. Stevens Frémont

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