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Malmenée par le sportswear, la chemise se renouvelle en version haut de gamme et sur mesure pour des occasions choisies, 2024 - TGL
Malmenée par le sportswear, la chemise se renouvelle en version haut de gamme et sur mesure pour des occasions choisies, 2024 - TGL
Marine Mimouni

The Good Look // Fashion

La chemise pour se la jouer comme Beckham

Fashion

The Good Look

Malmenée depuis plusieurs décennies par le sportswear, qui encourage plutôt le port d’un pull-over, d’un polo, d’un sweat ou encore d’un tee-shirt, la chemise se renouvelle aujourd’hui en version haut de gamme et sur mesure pour des occasions choisies.

Dans la série Beckham, que Netflix a consacrée à l’automne 2023 au couple britannique éponyme, le footballeur superstar évoque sa passion nouvelle pour les habits de belle facture et laisse la caméra s’aventurer dans son dressing où des dizaines de chemises sur mesure sont alignées au cordeau.


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Figaret connaît une seconde jeunesse depuis son rachat, en 2017, par Experienced Capital (Le Slip Français, Balibaris, Jimmy Fairly).
Figaret connaît une seconde jeunesse depuis son rachat, en 2017, par Experienced Capital (Le Slip Français, Balibaris, Jimmy Fairly). DR

Lui, la gravure de mode qui a adopté moult styles streetwear, cool et branchés depuis ses débuts au Manchester United en 1992, privilégie aujourd’hui les liquettes parfaitement coupées, dans des popelines fines et immaculées, cousues et brodées à la main.

Le « Spice Boy » ne doit d’ailleurs pas être un amateur isolé, à voir le dynamisme des vénérables chemisiers comme des nouveaux labels spécialisés. On pourrait même parler d’une formidable renaissance, tandis que le sportswear ne cesse d’encourager le port d’un pull-over, d’un polo, d’un sweat ou même d’un tee-shirt à la place de cet archétype du dressing masculin.

Quête de style et d’unicité

Chemise Funanbule, Bourrienne Paris X.
Chemise Funanbule, Bourrienne Paris X. DR

« Les belles chemises sont restées à la mode. On enregistre toujours plus de commandes de nouveaux clients, se réjouit Anne-Marie Colban, codirigeante, avec son frère Jean-Claude, de l’illustre maison Charvet, sise place Vendôme, à Paris. Notre clientèle a toujours été très vaste, des personnalités politiques aux artistes, en passant par d’élégants inconnus qui, aujourd’hui encore, poussent une première fois la porte de notre boutique pour s’offrir un accessoire du rez-de-chaussée. Puis, s’aventurant dans les étages, ils découvrent notre service sur mesure, une façon de travailler, une infinie variété de tissus qu’ils ne soupçonnaient pas depuis l’extérieur. Ils réalisent que nous sommes assez uniques, en marge de tout ce que l’on peut trouver sur le marché, et cela les séduit. »

Fondé en 1838, Charvet serait le premier chemisier parisien à s’être offert une boutique avec pignon sur rue au xixe siècle. Et, près de deux siècles plus tard, le dernier représentant d’une époque où l’on se faisait confectionner ses habits par des tailleurs, avant qu’émergent l’industrie du prêt-à-porter et son principe des tailles standardisées, dans les années 60, en France.

Ensemble Brioni.
Ensemble Brioni. DR

Chez nos voisins anglais ou italiens, les artisans tailleurs ont mieux résisté à cette implacable concurrence. « La quête de l’unique est l’éternel paradoxe de l’histoire de la mode et, surtout, de l’identité. Tout un chacun cherche à appartenir à un groupe, à s’inscrire dans une tendance, tout en ayant besoin de se démarquer, d’affirmer sa personnalité », note le consultant textile Pascal Gautrand, qui a été, en 2008, le premier designer de mode accueilli comme pensionnaire à la villa Médicis, à Rome.

Ses recherches d’alors portant sur la quête d’unicité, il avait demandé à une trentaine de sartori de la Ville Éternelle de réaliser la même chemise rayée sur mesure. Au final, les savoir faire, les obsessions techniques et les petits points de chacun faisaient la différence d’une réalisation à l’autre.

En complément de leur exposition, Pascal Gautrand avait publié deux guides recensant tous les ateliers romains où l’on pouvait se faire façonner des vêtements et des accessoires rien que pour soi. À Paris, un même ouvrage consacré au sur-mesure serait beaucoup plus succinct. En revanche, les adresses de fabricants de belles chemises ne manquent pas.

La chemise se modernise

Un ensemble Dior.
Un ensemble Dior. DR

Nouveau nom à découvrir : Charles Sébline, qui a lancé, en 2019, sa marque de chemises impeccables après une première carrière en haute couture. Il y a également Figaret, qui connaît une seconde jeunesse depuis son rachat, en 2017, par Experienced Capital (Le Slip Français, Balibaris, Jimmy Fairly).

La même année, l’entrepreneur Charles Beigbeder lançait la marque Bourrienne Paris X, du nom d’un ravissant petit hôtel particulier de la rue d’Hauteville, dans le 10e arrondissement, qu’il avait racheté et commencé à rénover, deux ans plus tôt, pour accueillir les bureaux de ses différentes sociétés.

Naguère, les salons de ce lieu de style Directoire étaient un repaire d’intellectuels tirés à quatre épingles. Une élégance que Cécile Faucheur, la styliste de cette nouvelle marque, s’emploie à transposer dans notre époque.

L’entrepreneur Charles Beigbeder a lancé la marque Bourrienne Paris X, du nom d’un ravissant petit hôtel particulier de la rue d’Hauteville, dans le 10e arrondissement, qu’il avait racheté et commencé à rénover, deux ans plus tôt, pour accueillir les bureaux de ses différentes sociétés.
L’entrepreneur Charles Beigbeder a lancé la marque Bourrienne Paris X, du nom d’un ravissant petit hôtel particulier de la rue d’Hauteville, dans le 10e arrondissement, qu’il avait racheté et commencé à rénover, deux ans plus tôt, pour accueillir les bureaux de ses différentes sociétés. DR

« Des hommes ont été troublés par la vague streetwear de la fin des années 2010. Aujourd’hui, ils recherchent des pièces élégantes et de qualité qu’ils peuvent porter en toute occasion. Nous avons donc à coeur de ne pas suivre une tendance ou un courant, mais de créer des modèles intemporels. »

Bourrienne Paris X a une boutique en façade de l’hôtel particulier qui est rapidement devenue un repaire d’esthètes. Souvent, on y croise aussi des dames en quête d’une belle pièce qu’elles veulent employer à des fins personnelles. La chemise blanche chipée aux hommes n’est pas notre sujet, mais un tailleur, une marque ou un fabricant masculin qui maîtrise son art à la perfection se reconnaît aussi à ce détournement-là.


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