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Propulsion électrique ne rime pas encore avec sport nautique. Mais de nouveaux acteurs comme les Français de Kahe changent les choses, avec un astucieux petit moteur multi-usage et de grandes ambitions.
En hawaïen, kahe signifie « qui coule comme de l’eau ». Autrement dit, la fluidité résumée en un nom symbolique pour cette société fondée il y a six ans par Christian Ollier. Longtemps à la tête de Quechua chez Decathlon, ce dernier s’est associé avec un ingénieur, Nicolas Quendez, dans l’idée d’étendre la transition énergétique terrestre sur les mers.
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60 à 80 millions de petits moteurs thermiques marins seraient utilisés dans le monde, il est donc en effet temps de travailler à la mise au point d’un moteur nautique électrique.
Le projet commence par une planche de surf motorisée pour aider les riders à passer la barre, capable de reconnaître une accélération, une phase de surf ou une chute. Puis la petite équipe s’attelle à son projet phare : un propulseur aquatique électrique multi-usage, qui demandera cinq ans de R&D.
« J’ai le goût pour l’innovation de rupture et je suis un éternel optimiste, confie Christian Ollier. Nous avons repensé à zéro le moteur de bateau et pris du temps pour monter un joli concept avec une bonne équipe d’une douzaine de personnes en interne, un solide écosystème. »
Un propulseur trois-en-un
Le moteur hors-bord multifonction est destiné aux petites embarcations, mais peut aussi se transformer en propulseur pour kayaks et stand up paddle (SUP), ainsi qu’en scooter sous-marin pour le snorkelling. L’engin sera sélectionné par Zodiac, référence mondiale du semirigide ! Il réunit trois atouts principaux : asservissement, bonne poussée et modularité.
Pour arriver à cela, ce gadget du futur repose sur des solutions technologiques très simples, dont un moteur brushless (sans charbons) et une carte mère maison. Résultat ? Une propulsion douce portée par une puissance raisonnable, mais avec beaucoup de couple. Le tout en silence, grâce à un dessin d’hélice unique, avec très peu de cavitation (bulles d’air).
De quoi donner une bonne heure d’autonomie à quatre personnes sur un semi-rigide, ce qui est largement suffisant en usage quotidien. Il est aussi possible d’effectuer une recharge à 50 % avec une batterie externe lorsque le moteur tourne, pour prolonger son autonomie.
En SUP, six heures d’usage sont facilement atteintes, d’après le cocréateur de la marque. 3 000 acheteurs se sont déjà laissé convaincre l’été dernier par le POD 600, vendu 1 295 € (accessoires compris pour une utilisation trois-en-un), capable d’atteindre une vitesse de cinq nœuds.
Son autonomie est de six heures maximum, trois heures comme « scooter sous-marin » et une heure en tant que moteur de bateau. Enfin, il faut compter 4 à 5 heures pour la recharge de ce moteur électrique léger de 4,5 kilogrammes.
Développement et partenariats
Les étapes à venir pour Kahe marquent un tournant vers l’équipement de plus grosses embarcations. L’embauche du marin Laurent Voiron pour la mise au point des produits de la marque correspond à l’engagement d’une réflexion ambitieuse : construire un ensemble moteur et bateau cohérent et homogène.
Une levée de fonds citoyenne d’environ 1,5million d’euros accompagne ce développement, tandis qu’un partenariat a été mis en place avec le laboratoire de recherche Catie, à Bordeaux, pour développer un système d’intelligence embarquée permettant aux bateaux de retrouver un cap, de plus facilement se garer dans un port, voire de disposer d’un système de navigation et de parking autonomes.
Enfin, Kahe a signé un partenariat avec Tahe Outdoors pour développer une solution à hydrogène avec une pile à combustible pour alimenter ses moteurs électriques sans passer par la case recharge. De quoi multiplier les solutions de décarbonation de la propulsion nautique.
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