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Le scooter est mort, vive… la voiture sans permis ?

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La voiture sans permis n'est plus un objet de railleries. Elle est même en train de remplacer le scooter dans le cœur des ados de bonne famille. Décryptage.

Elles ont tellement changé d’aspect que vous en avez peut-être déjà vu une sans le savoir. Depuis plusieurs mois, aux abords des lycées, notamment ceux situés dans la moitié sud de la France, un type de véhicule prend peu à peu la place des scooters : les voitures sans permis. Avec leurs faux airs de Smart pour certains modèles, ces quadricycles, à moteur thermique ou électrique que l’on peut conduire dès l’âge de 14 ans, séduisent nombre d’adolescents… et leurs parents. Une nouvelle clientèle qui marque un tournant pour les entreprises du secteur.


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La nouvelle vie des voitures sans permis

Nées dans les années 1970, les voitures sans permis ont longtemps été un segment de niche essentiellement destiné à des personnes qui habitaient à la campagne. “Au départ, nos voitures étaient là pour rendre service à des populations isolées en zone rurales. Si elles représentent toujours une bonne partie de nos acheteurs, qui ont besoin d’un véhicule simple et facile à conduire dans le cadre de leur vie quotidienne, la moitié de nos ventes sont aujourd’hui faites auprès des adolescents, souligne François Ligier, directeur général de Ligier, l’un des leaders français des voitures sans permis. Nous avons aussi des actifs, qui vivent en milieu urbain, mais qui n’ont pas passé le permis et ont besoin de mobilité.”

Pour Ligier et Aixam, l’autre poids lourd tricolore des voitures sans permis, le succès auprès des jeunes a d’abord été rencontré de l’autre côté des Alpes. “Nous avons attaqué le marché italien au milieu des années 2000. Il y a une culture du Piaggio APE [un triporteur motorisé], qui servaient certes aux paysans, mais aussi aux adolescents pour se déplacer. Nos véhicules incarnaient une forme de continuité”, poursuit François Ligier.

A la même époque, Aixam perce, lui aussi, au pays de la Vespa. “Tout a commencé dans un lycée à Rome. Nous avions un distributeur situé non loin de cet établissement et, par je ne sais quel miracle, il a réussi à attirer les jeunes. Et comme pour entrer dans la Ville éternelle, on ne peut alors pas rouler dans une voiture classique, les parents se sont dits pourquoi pas acheter une sans permis”, se remémore Philippe Colançon, directeur général d’Aixam.

Exode rural et retrait de permis

En France, il a fallu attendre quelques années pour que les adolescents adoptent ces véhicules. La pandémie et l’exode urbain qui s’en est ensuivi a participé à leur popularité. “De plus en plus de gens achètent des maisons en campagne, où il y a peu de transports en commun. Leurs enfants ont donc besoin d’un véhicule pour aller à la gare ou au lycée, observe Brahim Khetif, gérant de la concession Lyon Sans Permis. En parallèle, il y a aussi de plus en plus de clients qui viennent nous voir parce qu’on leur a retiré leur permis, souvent en raison de test positif au cannabis.

Convaincre les parents que les véhicules sans permis sont plus sécurisants qu’un scooter est une chose. Séduire les jeunes de rouler dedans en est un autre. Pour y parvenir, les conducteurs ont dû s’éloigner de la représentation d’une voiture quelque peu ringarde que peut renvoyer une sans permis dans l’imaginaire collectif.

Lifting pour les voitures sans permis

“Les adolescents ne veulent pas être montrés du doigt, ils veulent un véhicule dont ils peuvent être fiers. Cela nous a obligé à revoir complètement l’allure et l’équipement de nos voitures. Nous avons recruté à cette fin et beaucoup écouté les clients. Aujourd’hui, nous avons fait notre révolution, avec des véhicules invisibles dans la circulation, mais qui permettent d’afficher un certain statut”, relate François Ligier.

Le constructeur ne s’est pas arrêté là : il a également repensé l’usage. “Se déplacer est presque secondaire: la voiture sans permis est un lieu de vie, de communauté. C’est le premier espace de liberté pour un adolescent. Il est dans sa voiture. Il apprend bien sûr le Code de la route, mais il accède aussi à une forme d’indépendance, pour aller au sport, à l’école, voir ses amis.”


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Le sans-permis passe à l’électrique

Si les moteurs thermiques constituent toujours le gros des ventes de voitures sans permis, les batteries électriques commencent à se faire une place non négligeable sur le marché. “En 2022, sur 19 000 véhicules sans permis que nous avons vendus, 3 000 étaient des électriques. C’est dix fois plus qu’il y a quatre ans”, indique Philippe Colançon.

Une part qui ne devrait pas cesser de grossir. “Le prix des batteries baissent et celui des moteurs thermiques augmentent. Les courbes sont en train de se croiser et nous sommes convaincus que l’électrique est 100% de notre futur dans les cinq à dix ans qui viennent”, assure le dirigeant, qui estime que les voitures sans permis, dont les caractéristiques sont encadrées par la loi — 3 mètres de long par 1,5 mètre de large, 1 conducteur et 1 passager maximum, 45 km/h maximum et un poids de 425 kg en dehors du poids de la batterie — sont le type de véhicule le plus adapté à l’électrique. 

L’ami qui vous veut du bien

C’est donc tout sauf un hasard si les géants de l’automobile commencent à investir ce segment — Renault s’y était essayé avec la Twizy dans les années 2010, mais ce fût un échec commercial. Citröen a, lui, réussi un joli coup avec l’AMI, un modèle disponible depuis trois ans qui s’est écoulé à plus de 20 000 exemplaires, selon les données 2022.

“Citröen est parvenu, et c’est brillant, à faire un modèle très accessible grâce à de nombreux partis pris. Ce véhicule est d’une simplicité redoutable, avec des choix que l’on n’aurait pas osés faire, comme l’absence de coffre”, reconnaît François Ligier. Et ce, à un prix défiant toute concurrence : comptez environ 7.900 euros pour AMI contre entre 15.000 et 20.000 euros — selon le niveau d’équipement pour un véhicule Aixam ou Ligier.

Copyright maison-vignaux @ Continental Productions
Copyright maison-vignaux @ Continental Productions

Le full électrique pour les kids

Mais qui dit véhicule électrique, dit batterie et donc autonomie. “C’est le problème numéro 1, assure Brahim Khetif. Lorsque l’on fait une charge complète sur une AMI, on se rend compte qu’elle baisse très vite après quelques kilomètres. Il y a un gros différentiel entre les chiffres annoncés par les constructeurs et ceux que l’on observe à l’usage. De nombreux parents viennent nous voir pour les revendre et repasser à un moteur thermique.” C’est le cas d’Emmanuel Dupré, qui a mis en vente le véhicule électrique sans permis acheté il y a un an pour ses deux fils sur un site de petites annonces.

L’électrique n’est pas adapté à l’usage qu’en font mes enfants. Nous habitons à Frangy, un petit village à 20 kilomètres d’Annecy. Si en ville et dans les agglomérations, mes fils, âgés de 17 et 15 ans, étaient très contents de rouler avec, sur des longs trajets, c’est plus compliqué. Ils sont tombés en panne de batterie plusieurs fois. Souvent de leur fait, en oubliant de recharger la batterie ou d’emporter le câble. J’ai été obligé d’aller les remorquer en pleine nuit avec ma voiture.

Jonathan, lycéen à Lyon, se dit plus satisfait. “Mes parents, qui voulaient pas entendre parler de scooter, m’ont acheté une Aixam électrique il y a quelques mois, et en vrai, c’est assez génial. Il y a toujours des grèves ou des pannes dans les transports en commun en ce moment. J’avais déjà pas mal d’amis qui en avaient une, donc je connaissais bien. Je m’en sers tous les jours pour aller en cours et, à la sortie, j’embarque toujours un pote. Faut dire qu’à côté du lycée, on a une borne de recharge, donc c’est hyper pratique”, conclut le jeune homme de 16 ans.


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