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La Jeep serait‑elle le seul SUV qu’on adore ne pas détester ou qu’on ne déteste pas aimer ? Au fil du temps, des modes, de l’amour‑haine des SUV et de la transformation énergétique, la marque américaine est toujours là. Et c’est parti pour durer : cette dernière est la plus rentable du groupe Stellantis.
Il y a les SUV, les 4×4, les pick-up. Et il y a la Jeep. La marque américaine a tellement d’histoire qu’elle semble rester toujours à part. Pourtant, ce n’est pas faute d’avoir été dévoyée au fil des années par ses différents propriétaires et les inspirations plus ou moins hasardeuses de ses directeurs marketing. Découverte de la Jeep Avenger.
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Jeep Avenger, un petit bijou d’automobile
Il y a eu les déclinaisons heureuses, avec les Wagoneer et Cherokee, véritables SUV avant l’heure, confortables et avec une certaine forme de luxe – il faut aimer les garnitures de plastique et velours carmin ou caramel. Il y a eu aussi les errements au gré de concept-cars qui se voulaient modernes tout en étant parfois dépassés avant même d’être révélés au public.
Les salons étaient un écrin pour les stars du marché et les journalistes se souviennent encore de l’arrivée hallucinante du Grand Cherokee, en 1992, au Salon de Detroit, brisant une vitrine géante pour s’inviter sur scène avec, au volant, rien de moins que Bob Lutz, président de la marque à l’époque, dans un pur show à l’américaine. Comme c’est le cas pour le Land Rover Defender, rien de plus difficile que de renouveler une icône. Car la « vraie » Jeep – la petite Willys MB qui fit le débarquement et donna son nom à la marque par son pitch – en est une. D’autant qu’elle a un sacré poids sur les épaules, celui de représenter l’American way of life depuis l’après-guerre.
Pour Vincent Grégoire, directeur de la prospective de l’agence NellyRodi, cette marque jouit d’un prestige particulier : « Dans l’imaginaire, c’est la voiture des sauveurs. Il y a quelque chose de positif, de bienveillant, de bonnes ondes. Dans les années 80, c’était une voiture disruptive, très masculine, pour le baroudeur sans attaches, s’inscrivant en porte-à-faux dans un contexte de plus en plus urbain. Puis la Jeep a eu une image plus outdoor, en lien avec la nature, avant une période plus bling, avec un peu d’arrogance et de suffisance, alors que la street-culture prenait le pouvoir et challengeait les élites. Après cela, il y a eu une remise en question des véhicules qui représentent quelque chose de genré, pas politiquement correct et, justement, c’est devenu un véhicule de résistance, en contradiction avec la bien-pensance autour de la responsabilité sociétale des entreprises (RSE) et du développement durable. Enfin est venue la prise de conscience de la marque qui négocie un virage plus responsable. »
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Voiture européenne de l’année
Après cet ascenseur émotionnel, que dire de l’arrivée de l’hybride et de l’électrique dans sa gamme, couronnée par un titre de Voiture européenne de l’année 2023 pour la petite dernière, l’Avenger… Pur produit du groupe Stellantis (ex-PSA), elle partage sa plate-forme et son moteur électrique avec la Peugeot 2008. Elle est aussi fabriquée en Pologne, dans l’usine de la Fiat 500. Alors, Jeep or not Jeep ? Après tout, il y a bien eu de poussifs moteurs -Diesel Renault dans les Cherokee, lorsque la marque appartenait à l’autre grand groupe français dans les années 80.
Maintenant, après le succès de la compacte Renegade, voici le temps du (faux) 4×4 urbain gentiment dévergondé en apparence. De quoi donner tort aux détracteurs de ces silhouettes certes imposantes, mais tellement appréciées pour leur position de conduite en hauteur et le sentiment de sécurité qu’elles procurent.
« Elles sont plébiscitées pour leur praticité, leur agilité, leur authenticité avec une bienveillance qui mute en écologiquement correct et ce côté antigadget durable, dans une mouvance de développement désirable. Une Jeep, avec ses points d’ancrage, répond à un besoin de protection, de sérénité, reprend Vincent Grégoire. Mais elles sont aussi toujours récupérées par une clientèle dissidente qui cherche à être rebelle en conduisant une Jeep. Deux salles, deux ambiances : peu de marques sont aussi doubles. Quand on a une tendance, on a son contraire et c’est ce qui fait une époque. »
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Objectif zéro émission
Depuis l’an passé, en Europe, la gamme n’a que des modèles hybrides ou électriques et, à l’horizon 2030, les Jeep seront 100 % électriques sur le vieux continent. Outre-Atlantique, l’objectif est de seulement 50 %, mais la révolution des mentalités au pays des V8 a bien commencé pour Jeep, car la Wrangler, digne héritière de la Jeep originelle, est leader des hybrides rechargeables, toutes catégories confondues.
En tout-terrain, l’électrique apporte le silence et un couple moteur immédiatement disponible, idéal pour les séances de franchissement. Cela permet aussi de traverser des villes en mode zéro émission. Et l’adjonction d’un moteur thermique amène, lui, la liberté : plus de questions concernant l’autonomie, il suffit de repasser à la pompe pour voyager. Best of both worlds !
Dernièrement, le patron de Jeep, le Français Christian Meunier, expliquait sa conviction du bien-fondé de l’électrique pour ses autos : « J’ai conduit de nombreuses fois une Jeep Wrangler sans portes, sans toit, sans vitres, la seule chose que vous entendez, ce sont les oiseaux et les pneus qui crissent sur le terrain. » Les prochains modèles tout électriques sont les Recon, une réinterprétation toujours baroudeuse de la Wrangler, et l’élégante Wagoneer S qui reprend le nom du SUV de luxe initial.
Ainsi le feulement des 6 et 8‑cylindres laissera-t-il place au silence, et Jeep compte bien en profiter pour continuer de trouver sa place dans un monde automobile en pleine mutation, comme l’exprime Christian Meunier : « Je ne sais pas ce que sera le design d’une voiture dans trente ans. Mais il est clair que Jeep sera toujours là. »
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Site internet de Jeep.