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Avec plus de 1 500 références de lunettes, dont le tiers de solaires, 7 000 revendeurs répartis dans 80 pays, une filiale américaine qui vient d’ouvrir et une boutique à Londres inaugurée en voisine de Ray-Ban, l’entreprise française menée par Charles Brun, Xavier Aguera et Quentin Couturier est en train de conquérir le monde entier.
Izipizi, c’est une histoire de copains. Une amitié entre trois garçons, Charles, Xavier et Quentin, née il y a vingt ans sur les bancs du lycée Sainte-Marie, à Lyon. « À l’époque, passé 40 ans, nos chères mamans se sont mises à porter des lunettes pour lire, et un peu comme tout le monde, les oubliaient régulièrement à la maison, raconte Charles Brun. On a donc cherché une solution pour parer aux difficultés du quotidien et mis au point des lunettes de lecture, sur socle, inspirées des stylos à chaînettes des bureaux de poste et des banques, proposées en libre-service. »
Chiffres
- 15 : le nombre de boutiques Izipizi dans le monde.
- 20 % : la part des ventes réalisées par les lunettes de soleil pour enfants sur le segment des solaires Izipizi.
- 30 % : la croissance moyenne annuelle enregistrée par Izipizi ces 5 dernières années.
- 40 % : les ventes du segment de la solaire dans les ventes totales Izipizi. Les lunettes de lecture représentent 50 % des ventes et les lunettes Screen, créées pour l’usage des écrans, et Sleeping, environ 10 %.
- 60 % : la part des ventes du wholesale, contre 35 % pour les ventes en ligne et 10 % pour le retail.
- 80 % : la part des ventes réalisées à l’export.
- 500 : le nombre de références de lunettes de soleil sur un catalogue total de 1 500 produits.
- 7 000 : le nombre de points de vente Izipizi dans le monde, répartis dans 80 pays.
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Izipizi, des lunettes originales
Rapidement, l’idée séduit les banques et les agences d’assurance. En costard-cravate, les trois apprentis VRP parcourent la France à la recherche de nouveaux comptes. « Cela nous a permis de nous faire une place sur le marché de la lunette, poursuit le cofondateur. La presse s’est rapidement intéressée à notre produit, design, original et fabriqué en France. Les commandes se sont multipliées et le grand public a voulu tester. »
Repimpée en accessoire design décliné dans toutes les couleurs, la lunette–loupe made in France et baptisée See Concept présente sa nouvelle image au salon Maison & Objet en 2012. « Comme Swatch l’avait fait pour les montres, nous avons commencé à dépoussiérer tout le segment de la lunette de lecture, en imaginant des collections à prix accessible, centrées sur la couleur, le dessin et la qualité. »
Un choix qui paie. Après Colette, leur premier point de vente, leurs lunettes débarquent chez Merci, à Paris, dans les grands magasins Selfridges et même à la boutique du MoMA, à New York. « Un carton immédiat, ajoute Charles, en deux semaines, tous nos stocks étaient épuisés. »
En 2014, le trio élargit son spectre et lance ses premières solaires. Sur un marché où le luxe et les marques en licence dominent, leur concept mise, à l’opposé, sur un produit accessible, looké, mais, cette fois, fabriqué à Taïwan.
« Pour maintenir nos prix accessibles, entre 40 et 60 euros la paire de solaires, notre stratégie a consisté à réduire nos marges au maximum, à gérer tout en direct et à supprimer les 15 000 intermédiaires qui font gonfler le prix de production. Un business-plan qui ne nous donnait pas d’autre choix que de nous tourner vers l’Asie, où la main-d’œuvre et la production en gros volume sont disponibles. Une entreprise familiale nous a convaincus : elle produit depuis dix ans toutes nos lunettes en plastique injecté et des verres de qualité capables de bloquer 100 % des ultraviolets. »
Sleeping, les lunettes de sommeil
C’est la dernière nouveauté signée Izipizi. Les Sleeping, lunettes pour mieux dormir, naissent de la collaboration avec le chercheur suisse Eugène Duvillard, l’inventeur de verres révolutionnaires capables de bloquer les lumières artificielles, notamment celles des LED, des écrans de nos téléphones et ordinateurs à l’origine des problèmes d’endormissement. Appliqué aux montures Izipizi, le concept débarquait en boutiques il y a quelques mois. « Une étude auprès de 300 personnes a démontré que le port de ces lunettes, généralement 2 heures avant d’aller se coucher, pendant le dîner ou devant la télé, réduisait par deux le temps d’endormissement, explique Izipizi. On connaît tous quelqu’un qui dort mal, ces lunettes peuvent réellement aider. »
Après les collections solaires pour adultes sont lancées celles consacrées aux enfants. À la manière de la marque de maillots de bain Vilebrequin, See Concept flaire le bon coup en dupliquant ses modèles adultes en miniatures, proposés dans toutes les catégories d’âge : 0-9 mois, 9-36 mois, 5-10 ans, puis ados. « Des lunettes pour toute la famille et tous les moments de vie, commente Charles. Des lunettes pour vivre, lire, travailler, partir en vacances, faire du sport et même s’endormir mieux. »
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Lancée sur un rythme de ventes effréné, See Concept profite du succès montant pour changer de nom. En 2017, Izipizi – transcription de l’anglais easy peasy, ou « fastoche », en français – réussit la transition.
« La solaire a vite pris, indique Charles. Un marché colossal, qui parle à tout le monde, à la différence des lunettes de lecture qui intéressent surtout les seniors, et que l’on enrichit progressivement par de nouvelles collections : des lunettes de soleil pour le sport, des capsules et des modèles toujours plus innovants. Un parti pris qui semble payer. Depuis cinq ans, notre croissance annuelle moyenne est de 30 à 35 %. »
Aux campagnes de marketing et de communication bien léchées, prêchant partout la positivité et le sourire dans le bonheur partagé, Izipizi joue la stratégie wholesale et gagne plus de 7 000 points de vente répartis dans plus de 80 pays.
« Une stratégie pensée dès les origines, précisent les fondateurs. Notre idée était d’être partout et le plus visible possible. Comme pour la lunette-loupe, nous nous posons à l’opposé du circuit traditionnel des opticiens, visons les concept-stores de pointe, les boutiques indépendantes de design, de mode, celles des musées, les boutiques d’hôtels et celles des aéroports. »
Un peu plus de dix ans après son lancement, Izipizi veut aujourd’hui conquérir l’Amérique. Quelques mois avant l’entrée à son capital, en juillet dernier, du fonds anglo-saxon certifié B Corp, TowerBrook Capital Partners, propriétaire des marques Jimmy Choo et Kaporal, l’entreprise française inaugurait sa première filiale à New York, la quatrième du genre après l’Allemagne, le Benelux et le Royaume-Uni. Un événement doublé de l’inauguration d’un premier entrepôt dans la région de Chicago, pensé pour assurer la logistique et le transport des lunettes sur l’ensemble du territoire américain.
D’autres filiales devraient suivre au Canada et en Amérique du Sud, avant la conquête du marché asiatique après 2026. « Notre entreprise emploie 180 personnes, nous en embauchons 25 nouvelles chaque année, notre croissance est saine et nous n’avons jamais eu besoin de faire des levées de fonds, commente Charles Brun. En bons paysans, nous essayons de prendre le temps de bien faire les choses. »
Aux ventes en ligne ou chez ses revendeurs, le réseau retail devrait lui aussi s’étoffer et suivre un rythme de cinq ou six ouvertures de magasins par an. Le 22 mars dernier, Izipizi ouvrait ainsi sa quinzième adresse à Londres, après Bruxelles, Nice, Lyon ou encore Paris. Une ouverture remarquée, par la façade graphique et joyeuse posée au cœur du quartier populaire de Camden et par son emplacement, en voisin du géant Ray-Ban.
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