Horlogerie
Pour l’équipe de Tissot Timing, départager les coureurs du Tour de France et déterminer leur temps au dix-millième de seconde lors de chaque étape nécessite un matériel de chronométrage ultraperformant. Un partenariat historique.
Le truc insensé. L’événement improbable. Le résultat le plus incroyable que l’on puisse imaginer : 0,0003 seconde d’écart entre deux coureurs sur la ligne d’arrivée du Tour de France, chronométré par Tissot. Une différence de 6 millimètres entre la roue avant du vainqueur et celle du deuxième. Le 7 juillet 2017, à Nuits-Saint-Georges, en Bourgogne, le Tour de France a connu le résultat le plus serré de sa longue histoire.
Ce jour-là, si le sprinteur allemand Marcel Kittel a enrichi son palmarès, le Norvégien Edvald Boasson Hagen est passé à un cheveu de la victoire, au terme d’un parcours de 213,5 kilomètres et de 5 heures, 3 minutes et 18 secondes d’efforts.
Tissot et le suspens du Tour de France
Dans le registre des fins de course haletantes, Christian Prudhomme, le directeur de l’épreuve, a longtemps rêvé de revivre un suspens identique à celui du Tour 1989 : lors d’un contre-la-montre d’anthologie, l’Américain Greg LeMond avait devancé le Français Laurent Fignon de 8 secondes sur la ligne d’arrivée des Champs-Élysées ; la marge la plus étroite jamais comptabilisée – déjà par Tissot – entre un vainqueur du Tour de France et son dauphin.
Son désir a été exaucé l’an dernier, grâce, une fois encore, à un contre-la-montre, dans l’ascension du sommet de la Planche des Belles Filles, la veille de l’ultime journée. Occupant la deuxième position à l’instant de s’élancer, le Slovène Tadej Pogacar comptait 57 secondes de retard sur son compatriote Primoz Roglic, qui pensait avoir course gagnée.
Et l’impensable s’est produit, comme se souvient Christian Prudhomme : « Au premier temps intermédiaire, Pogacar avait déjà repris 13 secondes, puis 36 au deuxième temps intermédiaire. Il a finalement gagné l’étape, pris le maillot jaune et remporté le Tour le lendemain, à Paris, avec 59 secondes d’avance. Un scénario à la Hitchcock. Sur la ligne d’arrivée, tous les autres coureurs étaient restés les yeux rivés sur les écrans géants pour assister à cet invraisemblable retournement de situation. Dans ce genre de moment, inutile de dire combien est essentiel un chronométrage fiable. »
Le secret de la photo-finish
Au-delà du caractère émotionnel de cet épilogue, c’est sans doute en 2017 que la mission des chronométreurs s’est révélée la plus déterminante. Si un matériel « à l’ancienne » aurait pu suffire à départager les duels LeMond-Fignon ou Pogacar-Roglic, seul un dispositif de pointe a permis d’attribuer la victoire à Kittel et d’éviter un classement ex-aequo.
Impossible en effet de détecter une différence de trois dix-millièmes de seconde lorsque l’œil humain est seul juge. Le secret s’appelle photo-finish, comme l’explique Sylvain Dolla, CEO de Tissot, chronométreur officiel du Tour de France : « Le principe est de créer une image dans le temps. La ligne d’arrivée est filmée constamment afin de dérouler sur une échelle de temps horizontale un découpage au millimètre des coureurs photographiés, à une fréquence de 10 000 images par seconde. Tissot a ainsi développé un logiciel permettant aux opérateurs, dès la ligne d’arrivée franchie, d’identifier chaque coureur et de les départager avec une précision millimétrique. Couplé au système de transpondeurs fixés sur les vélos, il permet de communiquer presque instantanément les données des coureurs à leur arrivée aux officiels et aux médias qui assurent leurs diffusions dans le monde entier. »
5 secondes pour annoncer le podium
Pascal Rossier, directeur des opérations de chronométrage, se souvient parfaitement de l’intensité des moments ayant suivi le sprint final lors de l’étape du 7 juillet 2017 : « Lorsqu’il s’agit d’une arrivée groupée, nous mettons un point d’honneur à annoncer les trois premiers dans un délai de 5 secondes, le classement de l’étape après 10 secondes et le classement général au bout de 15 secondes. Dans ce cas précis, l’écart s’est révélé si étroit que près d’une minute a été nécessaire pour permettre aux commissaires d’analyser les images et d’annoncer avec certitude le nom du vainqueur grâce à la photo-finish. »
Tissot chronométreur du Tour de France… mais pas seulement
Assurer ainsi le traitement des données et la diffusion des résultats impose la présence de huit à seize personnes et le transport quotidien de deux tonnes de matériel. Lors de chaque étape, en ligne ou contre-la-montre, de nombreux systèmes à la pointe de la technologie sont agencés : chronomètres, cellules d’arrivée, équipements photo-finish, ordinateurs, tous doublés par sécurité.
Comme le souligne Sylvain Dolla, Tissot est engagé dans de nombreux événements sportifs à l’international, à l’image du cyclisme avec le Tour de France, le Giro d’Italia, mais également la Vuelta ou encore les championnats du monde.
La marque est également le chronométreur officiel de la National Basketball Association (NBA) et de la Fédération internationale de basket-ball (FIBA) ; des courses MotoGP et des mondiaux de hockey sur glace.
« Chaque sport a une spécificité, mais à mon sens le cyclisme reste le plus difficile à chronométrer », affirme Sylvain Dolla. Et l’on apprend qu’aujourd’hui encore un matériel horloger classique reste en réserve sur les lignes d’arrivée, prêt à servir « au cas où » … et comme au bon vieux temps.
Dates clés
• 1853 : création par Charles-Félicien Tissot et son fils Charles-Émile d’un atelier au Locle, dans le Jura suisse.
• 1938 : première incursion de Tissot dans le chronométrage sportif.
• 1976 : la marque s’engage en formule 1 au côté d’écuries comme Renault ou Lotus. Elle accompagne également des pilotes comme Jacky Ickx, Clay Regazzoni ou Mario Andretti.
• 1988 : Tissot devient chronométreur officiel du Tour de France (jusqu’en 1992, puis de nouveau à partir de 2016).
• 1999 : lancement de la T-Touch, première montre tactile au monde.
• 2020 : création de la Tissot T-Touch Connect Solar réunissant commande tactile, fonctions connectées et alimentation solaire.
• 2021 : le coureur slovène Primoz Roglic, deuxième du Tour de France 2020, devient ambassadeur Tissot. Lancement de la collection PRX.
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