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Union City Drive-In, Union City, 1993.
Marine Mimouni

Culture

La Hayward Gallery de Londres consacre une rétrospective à Hiroshi Sugimoto

Culture

Hiroshi Sugimoto défie notre compréhension du temps et de la mémoire et la capacité de la photographie à la fois à documenter et à inventer.

Au cours des 50 dernières années, Hiroshi Sugimoto a créé des images méticuleusement élaborées, profondément stimulantes et discrètement subversives. Présentant des œuvres clés de l’ensemble des grandes séries photographiques de l’artiste, l’exposition que lui dédie la Hayward Gallery à Londres met en lumière la démarche philosophique mais ludique de Sugimoto quant à notre compréhension du temps et de la mémoire, ainsi que la capacité de la photographie à la fois à documenter et à inventer. L’exposition inclut également des œuvres moins connues qui révèlent l’intérêt de l’artiste pour l’histoire de la photographie, ainsi que pour les mathématiques et les sciences optiques.


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Hiroshi Sugimoto, voyage dans le temps

Earliest Human Relatives, 1994.
Earliest Human Relatives, 1994. COURTESY OF MARIAN GOODMAN GALLERY

Cet automne, la Hayward Gallery consacre une immense rétrospective au photographe Hiroshi Sugimoto. L’exposition ouvre sur des oeuvres relativement méconnues, qui révèlent l’intérêt de l’artiste japonais pour l’histoire de la photographie. Sugimoto a souvent utilisé un appareil photo en bois, concoctant ses propres bains chimiques dans une chambre noire, avant de développer les clichés à la main.

Ses dioramas des années 70 mettent l’accent non pas sur le monde naturel qu’ils décrivent, mais sur la représentation dramatique de la nature, mise en scène pour un public venu se divertir au musée. Le médium photo apparaît ici comme un outil documentaire autant que mensonger, et c’est souvent dans cet interstice que l’artiste choisit de cultiver une poésie étrange et captivante.

La série des Seascapes en est la preuve : une hérésie qui envoie balader le ratio convenu des compositions de paysages, pour basculer vers un abstrait méditatif proche du travail de Mark Rothko. Plus loin, dans les étages, les prises de vues explorent l’idée du temps et de la mémoire, à l’image de ses fameuses salles de spectacle Theaters.

Diana, Princess of Wales, 1999.
Diana, Princess of Wales, 1999. COURTESY OF MARIAN GOODMAN GALLERY

En fait d’écran blanc, c’est en réalité une œuvre complète qui s’offre à nous ; on accède à l’essence d’un film entier qui a défilé devant l’objectif pendant toute la durée de pause du cliché. Il ne s’agit pas d’un morceau choisi ni d’un symbole, mais bien d’un tout sans concession, de la même manière que Picasso, en quête de vérité, s’était mis à peindre toutes les facettes d’un même visage, entraînant la naissance du cubisme.

Ailleurs, les propositions relativement récentes des Lightning Fields (2006) et Opticks (2018) témoignent de la passion de Sugimoto pour les mathématiques et les sciences optiques. Dans cette dernière série, la couleur apparaît, capturée à la manière de Newton, avec un prisme. Elle est ensuite retransmise sur la surface avec un appareil Polaroid pour constituer « une peinture de protons ».

Qui est Hiroshi Sugimoto ?

Né et élevé à Tokyo, au Japon, Hiroshi Sugimoto partage son temps entre Tokyo et New York. Au cours des cinq dernières décennies, ses photographies ont reçu une reconnaissance internationale et ont été présentées dans des institutions majeures à travers le monde.

Bien qu’il soit surtout connu en tant que photographe, Sugimoto a récemment ajouté l’architecture et la sculpture à sa pratique multidisciplinaire, tout en étant directeur artistique de productions artistiques. Ses œuvres figurent dans d’importantes collections publiques, notamment celle du Metropolitan Museum of Art de New York, du Centre Pompidou de Paris, le Museum of Modern Art de New York et la National Gallery de Londres.


Hiroshi Sugimoto : Time Machine, Hayward Gallery
Du 11 octobre au 7 janvier.
Southbankcentre.co.uk


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