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Alors qu’une nouvelle génération de Panda pointe le bout de son museau carré, la première génération, avec son design devenu iconique, est plus tendance que jamais. Un culte lancé par Giovanni Agnelli himself, dans les Alpes suisses.
Que serait la culture automobile italienne sans Giovanni Agnelli ? L’« Avvocato », qui a été propriétaire et dirigeant du groupe Fiat durant un demi-siècle, était un mythe dans une Italie qui voyait en lui son dernier roi. L’éternel play-boy était un pilier de la jet-set internationale et consommait les voitures de luxe comme aucun autre.
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L’icône de la pop culture automobile
« Gianni » se les faisait fabriquer sur mesure, qu’il s’agisse de Ferrari uniques ou de Fiat transformées en voitures de plage, avec carrosserie sans toit et sièges en osier – un type de voiture inventé pour lui lorsqu’il acheta la Leopolda, villa sur les hauteurs de Villefranche-sur-Mer, trop loin de la plage pour s’y rendre à pied…

Alors quand, en 1993, il se mit en quête d’une nouvelle auto pour ses déplacements en villégiature d’hiver dans la station suisse de Saint-Moritz, on l’imagine volontiers passer commande de quelque extravagante création automobile.
Les paparazzi ont dû être surpris de voir l’élégant Avvocato, vêtu d’une très chic combinaison beige, s’extraire d’une Fiat Panda 4×4 tout juste équipée d’une galerie de toit pour transporter ses skis. La petite Fiat est née en 1980 comme outil à tout faire pour les ouvriers et les agriculteurs. C’était une petite voiture économique, à la fois spacieuse, compacte, simple et pratique.
Dessinée par « le » designer du XXe siècle, Giorgetto Giugiaro, la « voiture à malices » (son slogan de lancement en France), n’était pas franchement jolie avec sa ligne cubique, mais elle avait plus d’un tour dans son sac. Son intérieur déhoussable et lavable, sa banquette arrière transformable en lit ou sa large étagère sous la planche de bord (avec cendrier coulis- sant) en faisaient la digne héritière d’une Ford T ou d’une Citroën 2CV.

Cette première génération de Panda s’est vendue à 5,5 millions d’exemplaires en un peu plus de vingt ans et elles pullulent encore dans la campagne italienne, en témoigne le compte Instagram « Pandini nei paesini » (107 000 abonnés) qui documente quotidiennement ce morceau d’Italie…
Une Panda pimpée comme jamais
Capable de passer partout dans sa version 4×4 rehaussée et renforcée, elle était le premier choix pour tout montagnard italien pragmatique. Giovanni Agnelli lui ajouta du style : sa Panda était gris argent, rehaussée d’un filet de peinture noire et bleue, la signature de ses autos personnelles.

Lorsque cette voiture, revendue par l’Avvocato en 2008, fut retrouvée une décennie plus tard, elle fut restaurée par Garage Italia, l’officine de personnalisation automobile créée par son petit-fils, Lapo Elkann. Ce dernier fit tendre les sièges de la Panda familiale du même tissu en laine qui était utilisée pour les costumes qu’affectionnait son grand-père, réalisé par la manufacture lainière Vitale Barberis Canonico, basée à Bielle, dans le Piémont.
Cette auto a été vendue aux enchères pour la bagatelle de 37 000 euros, lançant la mode des Panda « restomod », modifiées pour transformer l’utilitaire Fiat en un élégant objet pour happy few. Exemple de cette tendance : la Panda 4×4 Piccolo Lusso réalisée par le carrossier Niels Van Roij.
Spécialisé dans la réalisation de voitures unique sur demande, le designer néerlandais a magnifié l’apparence de la voiture en peignant chaque pièce en plastique noir dans une élégante teinte Azzuro Blu, en tendant l’habitacle de cuir souple et de tissu, et en recouvrant le coffre de bois de teck.

De son côté, Garage Italia a poursuivi sa démarche en commercialisant d’élégantes Panda converties à la motorisation électrique.Claudio Bambi, de Bambi Reimagined, explique l’engouement pour la personnalisation des Panda : « C’est une voiture très polyvalente, avec ses lignes simples et emblématiques, elle peut conquérir le cœur de tout le monde. Et comme le disait la publicité, la Panda est la “voiture officielle pour faire tout ce que vous voulez”. »
En témoigne sa création, l’inattendue Panda Materia, réalisée en collaboration avec le studio de design CasaGarage, transfigurée pour devenir une surprenante pièce de mobilier mobile.
Kit carrosserie recouvert de velours lavable, pare-chocs en cuir de Florence, tissus intérieurs en cellulose/latex fournis par le japonais Uashmama, parquet dans le coffre, panneau de toit en Plexiglas foncé, matelas de capot pour la transformer en fauteuil géant : cette petite Fiat se vit aussi bien dedans que dehors.

« La philosophie de la Panda Materia est d’utiliser des maté- riaux non conventionnels dans le monde de l’automobile ou, en tout cas, non utili- sés de manière conventionnelle. La Panda Materia est une véritable expérience qui stimule les sens – le toucher, l’odorat et la vue », raconte Claudio Bambi.
Cette Panda Materia, dont le premier exemplaire a demandé six mois de travail, est désormais disponible sur commande, à partir de 27 000 euros pièce. Chacune sera unique ; à votre tour de faire ce que vous voulez de la Panda.