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Ferrari de Michael Mann : le cinéma et l’automobile, une love-story vrombissante

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Drôle dans Le Corniaud (1964) de Gérard Oury, transgressive dans Crash (1996) de David Cronenberg, enfantine dans Cars (2006) de John Lasseter et héroïque dans tous les James Bond, l’automobile sait tout jouer et particulièrement les gros bras dans des courses-poursuites, désormais indénombrables. Zoom sur un phénomène à l'occasion de la sortie de Ferrari, sur Prime Video, le 8 mars 2024.

L’industrie du cinéma et de l’automobile ont ce point en commun : procurer du rêve. Fascinés par leurs courbes et leur charisme, des cinéaste de tous horizons ont souvent été séduits par les belles cylindrées et les bolides puissants, au point de leur offrir leur nom en haut de l’affiche ou le rôle principal de leur projet cinématographique, à l’instar de la Coccinelle dans Un amour de Coccinelle (1966) ou de la Plymouth Fury dans Christine (1983). La liste conjuguant septième art et voiture en tout genre ne cesse de s’agrandir au fil du temps. Cette année encore, les sorties de Race for Glory: Audi vs. Lancia au cinéma (7 février) et de Ferrari (8 mars) sur Prime Video montrent que cette histoire d’amour est loin de s’essouffler.

Sur le tournage de Ferrari.
Sur le tournage de Ferrari. Lorenzo Sisti

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Comment l’automobile a devancé la locomotive au cinéma

Rien n’était gagné d’avance ! Au début du cinéma, l’automobile s’est fait voler la vedette par le train. Le film fondateur en matière de course-poursuite restera sans conteste Le Mécano de la Générale (1926) de Buster Keaton. Au moment où des espions nordistes s’emparent de sa fiancée et de sa locomotive, le cheminot Johnnie Gray se lance à leur poursuite, dans un bel élan de bravoure totalement burlesque. Cette scène tournée en milieu naturel marque les débuts du film d’action.

Il faudra attendre des décennies pour que l’automobile fasse sensation au grand écran ! En 1968, les cinéphiles du monde entier découvrent, accrochés à leur siège, Steve McQueen au volant de sa Ford Mustang Fastback prenant en chasse deux redoutables criminels conduisant une Dodge Charger RT, tous trois bondissant le long des rues emblématiques de San Francisco. Le choc est immédiat ! Cette scène d’anthologie issue de Bullitt de Peter Yates permet à l’automobile de prendre sa revanche sur le train et même une longueur d’avance. Dans la mémoire collective, cette séquence reste encore aujourd’hui la course-poursuite la plus impressionnante de l’histoire du cinéma, reléguant celle du Mécano de la Générale au rang des « archives poussiéreuses ». Depuis, de nombreux réalisateurs, des James Bond aux Fast and Furious, ont tenté de rivaliser, avec toutes sortes de gadgets et d’effets spéciaux hors normes, en vain ! Empreinte d’un réalisme fascinant et angoissant, celle de Bullitt conserve sa pole position.

De la course-poursuite au sport automobile au cinéma

Bullit a donc marqué l’histoire du cinéma mais en matière de course automobile notable, le précurseur est Grand Prix (1966). Ayant pour tête d’affiche Yves Montand, cette fiction signée John Frankenheimer a été tournée pendant le véritable championnat du monde de Formule 1 de 1966, auquel elle fait référence ! Récompensé par trois Oscars (Meilleur son, Meilleur montage et Meilleur mixage), ce long-métrage a ouvert la voie à une série de films consacrés au sport automobile, dont les incontournables Rush (2013) de Ron Howard et Le Mans 66 (2019) de James Mangold.

Le dernier en date : Race for Glory: Audi vs Lancia, sorti le 7 février 2024. Réalisé par le cinéaste transalpin Stefano Mordini, le film revient sur le légendaire championnat du monde des rallyes de 1983, durant lequel Walter Röhrl, à bord de sa Lancia Rally 037, et Hannu Mikkola, aux commandes de l’Audi Quattro, se disputent la victoire alors que les rivalités entre les deux constructeurs est à son paroxysme. En résulte un opus distrayant mais un peu mou, intéressant sur le plan historique mais davantage réservé aux passionnés.

La course poursuite de Race for Glory: Audi vs Lancia.
La course poursuite de Race for Glory: Audi vs Lancia.

Toute la complexité d’Enzo Ferrari en quatre mois

En termes de films consacrés aux grosses cylindrées, nos attentes se sont tournées vers Ferrari — à découvrir sur Prime Vidéo à partir du 8 mars 2024 — tout d’abord, parce que son casting réunit Adam Driver, méconnaissable, et Penélope Cruz, particulièrement féroce. Ensuite, parce qu’il a été réalisé par Michael Mann, gage de réussite — Collateral (2004) et Heat (1995). Certes, le réalisateur américain n’a pas signé que des chefs-d’œuvre mais sa mise en scène généralement nerveuse ne pouvait que servir parfaitement ce récit.

Basé sur le livre du journaliste automobile Broke Yates, intitulé Enzo Ferrari : The Man, The Cars, The Race, The Machine (1991), le scénario ne date pas d’hier. Écrit par Troy Kennedy Martin (1932-2009) dans les années 1990/2000, il se concentre uniquement sur une période charnière : les quatre mois de 1957 durant lesquels les conflits professionnels et personnels de l’ancien coureur automobile ont été cruellement mis en lumière.

A ce moment-là, la marque au Cheval Cabré est en difficulté et la maîtresse de l’entrepreneur, Lina Lardi — avec qui il a eu un fils, Piero, qu’il ne reconnaîtra officiellement qu’à la mort de son épouse Laura en 1978 — souhaite sortir de l’ombre. A propos de ces éléments, Michael Mann souligne en note de production : « Ferrari était précis et logique, rationnel dans tout ce qui concernait son usine et son équipe de course. Dans le reste de sa vie, il était impulsif, défensif, libidineux, chaotique. C’est cette asymétrie et cette merveilleuse contradiction qui l’ont rendu, ainsi que les autres personnages de cette histoire, si humain à mes yeux ».

Adam Driver campe le personnage d’Enzo Ferrari.
Adam Driver campe le personnage d’Enzo Ferrari. Lorenzo Sisti

Au-delà des potins, une ode aux machines

A contrario des tabloïdes à scandales, Michael Mann s’est intéressé à la psychologie et au caractère insaisissable de cette personnalité marquante du XXe siècle, ici froidement incarnée par Adam Driver. Pour l’occasion, l’acteur reprend l’accent italien trois ans après avoir redonné vie à Maurizio Gucci dans House of Gucci (2021). Un cran au-dessus, Penélope Cruz, en Laura Ferrari trompée et endeuillée par la mort de leur fils Dino, est bouleversante.

Et le sport automobile dans tout ça ? Le film y vient ! Pour redorer son blason, Enzo Ferrari s’investit totalement dans les Mille Miglia, une compétition d’endurance de 1 600 kilomètres se déroulant sur la voie publique, entre Brescia et Rome. Sur circuit comme sur route, les séquences de courses automobiles sont à couper le souffle, tout comme deux terribles accidents dans lesquels le corps d’un pilote est projeté dans les airs… Le temps d’un vol quasi métaphysique, où l’homme est réduit à néant face au vrombissement des machines. Oscillant entre portrait intimiste et grand spectacle, Ferrari trouve un bel équilibre mais ne fera pas oublier, non plus, l’indétrônable course-poursuite de Bullitt !

Affiche de Ferrari, de Michael Mann.
Affiche de Ferrari, de Michael Mann.

Ferrari de Michael Mann, disponible sur Prime Video à partir du 8 mars 2024.


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