TWA Hotel, « Catch Me If You Can »…

Près de vingt ans après sa fermeture, le flamboyant terminal conçu par l’architecte Eero Saarinen pour Trans World Airlines (TWA), compagnie aérienne des années 60, est réhabilité en hôtel de luxe. Inauguré le 15 mai dernier, le TWA Hotel entend bien raviver l’époque glamour des sixties qui nous replonge dans Catch Me If You Can, tout en offrant à l’aéroport JFK, et à ses 60 millions de passagers annuels, son premier hôtel au cœur du tarmac.

Le taxi nous dépose devant l’entrée du bâtiment. De jeunes hommes en combinaison blanche avec l’écusson TWA brodé dans le dos nous accueillent. On pénètre dans le terminal et nous voilà immédiatement immergés dans le splendide univers créé par l’architecte finno-américain Eero Saarinen en 1962.

D’abord, les couleurs. Un beau rouge piment, couleur emblématique, contraste de manière élégante avec les grands aplats de blanc. Ensuite, les perspectives, tout en courbes et en symétrie, qui donnent à l’ensemble une empreinte aérienne, sophistiquée et futuriste. Derrière un comptoir d’accueil central, des hôtesses au chignon parfait et tirées à quatre épingles posent pour les photos souvenirs.

Au-dessus d’elles est installé un impressionnant tableau d’affichage qui s’anime de temps en temps dans un délicieux claquement mécanique pour annoncer des vols imaginaires vers des endroits paradisiaques. Deux couloirs desservent ce repère central. A droite, on trouve le traditionnel food court revisité avec de petits stands proposant des snacks et, à gauche, les comptoirs d’enregistrement derrière lesquels s’affaire du personnel en tenue.

Dans le fond, une immense baie vitrée donne sur Connie, un véritable Lockheed Super Constellation de 1958 remis en état. Reconverti en bar à cocktails typique des sixties, il est l’une des attractions majeures de l’hôtel.

TWA, entre pèlerinage architectural et parc à thème

Le terminal-lobby est empli de visiteurs. Des clients, installés dans le salon rond central, travaillent sur leur ordinateur, d’autres traînent leur valise à roulettes, un groupe de touristes étrangers déambulent sous la houlette d’un guide, un mannequin à la moue boudeuse prend la pose discrètement tandis que d’autres apprentis photographes n’hésitent pas à mitrailler les moindres détails pour alimenter leurs réseaux sociaux.

Enfin, des mondains se promènent un cocktail à la main. Le buzz, renforcé par la tenue du défilé croisière de Louis Vuitton, quelques jours à peine après l’inauguration des lieux, ne faiblit pas. Un mélange qui a le mérite d’être aussi hétéroclite que savoureux. Ainsi, on oscille constamment entre pèlerinage architectural et parc à thème.

Sur les mezzanines sont installés le Lisbon Lounge ou le Paris Café, le dernier- né du restaurateur français Jean- Georges Vongerichten. C’est l’histoire d’une résurrection, le retour en puissance d’une époque fantasmée à dessein et érigée en symbole nostalgique ultime. Un art du story-telling dont les Américains ont le secret.

L’imaginaire des années 50 et 60

C’est tout l’imaginaire des débuts glorieux et glamour du Jet Age des années 50 et 60 qui est ici savamment orchestré. Une époque où la concurrence entre les compagnies aériennes ne se mesurait pas aux tarifs les plus bas qu’elles offraient, mais aux tenues les plus raffinées pour ses agents de bord, aux meilleurs vins à bord ou au terminal le plus spectaculaire.

Un temps où TWA, propriété d’Howard Hughes, était déjà synonyme d’opulence et de raffinement. C’est dans ce contexte qu’en 1955 Eero Saarinen commence à imaginer ce bâtiment censé incarner l’essence même de la modernité, dont la forme atypique lui aurait été inspirée par un pamplemousse coupé en quatre morceaux lors d’un petit déjeuner. L’architecte décède un an avant l’inauguration du terminal.

Par ailleurs, le secteur aéronautique se développe de manière considérable entre 1955 et 1962, le nombre de passagers explose de 3,5 millions à 11,5 millions à l’aéroport JFK. Une accélération qui rend le terminal – classé au patrimoine historique dès 1994 – déjà obsolète quand il accueille ses premiers voyageurs. TWA l’utilise tout de même jusqu’en 2001. La compagnie aérienne disparaît dix ans plus tard, absorbée par American Airlines.

Un investissement de 265 M $

Les projets de reconversion ne manquent pas, mais tardent à être développés. En 2008, JetBlue, une compagnie aérienne américaine spécialisée dans les vols à bas coût, construit un terminal voisin sans toucher à l’édifice original. En 2014, MCR Development, qui possède et opère entre autres le High Line Hotel à Manhattan, prend les rênes du projet hôtelier : 265 millions de dollars sont investis pour la rénovation et pour la construction de deux bâtiments en verre situés de part et d’autre du terminal et proposant 512 chambres.

Ces dernières, sobres et rétro, sont imaginées comme des machines à remonter le temps. Mobilier vintage, revêtement en noyer, tables Tulipe, verres à martini et exemplaires du magazine Life. Une immense baie vitrée largement insonorisée offre une vue imprenable sur l’activité aéronautique.

La meilleure vue pour se laisser hypnotiser par le va- et-vient incessant des avions reste néanmoins celle du rooftop. Jusqu’à déguster un cocktail dans une piscine surplombant le tarmac. Le sentiment d’incongruité est assez exquis. Ce soir-là, l’air est poisseux et l’orage, proche. Le bruit des engins est absolument assourdissant et l’air est saturé par les odeurs de carburant.

C’est alors que l’on assiste au ballet fascinant créé par le décollage et l’atterrissage des avions. Un A380 de Singapore Airlines se meut lourdement, mais avec grâce. Tranquillement garés, des avions Delta, Swiss Airline et KLM forment une rangée. Au loin, on distingue les contours de Manhattan.

TWA Hotel, les données clés

  • 512 chambres. Tarifs à partir de 219 $ hors taxes.
  • Plus de 4 600 m² d’espaces consacrés aux rencontres, aux événements et aux conférences.
  • 6 restaurants et 8 bars.
  • Plus de 900 m² de points d’observation pour le public.
  • Certification LEED.Partenariat public-privé entre MCR, JetBlue et Port Authority of New York and New Jersey.
  • Coût total investi : 265 M $.

TWA Hotel 
One Idlewild Drive JFK International Airport.
Tél. +1 212-806-9000
www.twahotel.com


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