Madrid, comme toutes les capitales européennes, profite d’un tissu architectural diversifié, de bâtisses plusieurs fois centenaires en gratte-ciel de verre et béton. Le béton, justement, est le matériau phare d’un mouvement qui a envahi les grandes agglomérations entre 1950 et 1980 : l’architecture brutaliste. Graphique, géométrique, organique, massive, austère, elle a également submergé le Madrid de la fin du franquisme.
Ce sont ces bâtiments, morceaux de l’histoire d’une Espagne entre deux régimes, que le photographe milanais Roberto Conte a décidé de mettre en valeur dans sa dernière série Brutalismo Madrileño. Le photographe a notamment constaté que sous Franco, les architectes mandatés pour dessiner de nouveaux bâtiments étaient principalement espagnols.
Ainsi, on doit le siège l’Instituto del Patrimonio Cultural de España, dont la construction a commencé en 1967 pour s’achever en 1970, au duo Fernando Higueras Díaz et Antonio Miró Valverde. Cette imposante structure circulaire surmontée d’une « couronne d’épines » rassemble, à elle seule, toutes les caractéristiques de l’architecture brutaliste : praticité, aspect monumental, austérité, minimalisme et circulation optimisée de la lumière.
On retrouve les mêmes architectes derrière la conception de l’Edificio Princesa et ses imposantes terrasses végétalisées. La série Brutalismo Madrileño capture également la célèbre Torres Blancas et ses 71 mètres de haut et la Torre de Valencia, un monstre de béton de 94 mètres imaginé par Javier Carvajal Ferrer.
Et si l’immeuble Los Cubos, récemment rénové, vous dit quelque chose, c’est normal. Sa ressemblance frappante avec le centre Pierre-Mendès-France (Paris 13e) de l’université Paris 1 ne doit rien au hasard. A la baguette, on trouve les seuls architectes étrangers représentés dans la série Brutalismo Madrileño, un consortium français mené par Michel Andrault et Pierre Parat du cabinet ANPAR, à l’origine de l’annexe de la Sorbonne dans le 13e arrondissement de Paris.
Des églises modernistes, tours résidentielles grisâtres et parallélépipèdes géants complètent cette impressionnante série. Le travail de Roberto Conte, notamment ses visites de bâtiments à l’abandon, est visible sur son site internet et son compte Instagram.
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