Vous avez peut-être déjà vu l’une de ces photos, glissée entre un carreau de céramique et sous une plaque de verre puis cimentée sur un mur à Paris, Londres, New York, Tokyo ou Lisbonne. Des portraits aux couleurs vives, aux sujets sublimés et au format 10 x 15cm accompagnés d’un mot-dièse : #Backtothestreet. Derrière ce pseudo, le photographe Jean-Baptiste Pellerin, passé de la photo de rue « volée », au portrait de rue « posé », qui a décidé de les exposer dans la rue depuis 2015, après le visionnage de Faites le mur ! de Banksy.
The Good Life l’a rencontré, à l’occasion de l’expositon Backtothestreet chez Artazart, du 12 mars au 26 avril.
6 questions à Jean-Baptiste Pellerin / Backtothestreet :
The Good Life : Comment définissez-vous votre style photographique ?
Jean-Baptiste Pellerin : Je me place entre la photo d’art et la photo de reportage. Même si j’utilise une technique professionnelle, presque « magazine », le but est de traduire un ressenti. Je fais de la photo de rue humaniste, l’humain est toujours au centre de mes clichés.
TGL : Vos sujets, justement, sont tous très différents. Comment les choisissez-vous ?
J-B. P. : Il y a les photographes patients, qui restent au même endroit en attendant qu’il se passe quelque chose d’intéressant à capturer, et les impatients, dont je fais partie, qui se baladent en permanence. Je suis toujours en mouvement et le choix des sujets est instinctif. Ça peut être un style vestimentaire, une attitude, un sourire, le cadre…
TGL : Et concernant le choix du lieu des « accrochages » ?
J-B. P. : Il faut trouver un mur qui n’est pas trop abimé, sans trop de graffitis… Le plus souvent, je colle mes plaques dans mon quartier, ou dans des rues que je fréquente souvent. J’aime repasser devant mes photos, regarder les gens qui s’arrêtent pour les regarder. Parfois, je prends même une photo ! A l’étranger, c’est une question de feeling, j’emporte toujours plusieurs plaques dans mon sac lorsque je voyage.
Un photographe impatient
TGL : Vous dites : « Avant je faisais des photos des Gens, maintenant je fais des photos avec les Gens ». En quoi cela change-t-il votre travail ?
J-B. P. : Lorsque je prenais des photos volées, je capturais les gens tels qu’ils étaient, je me faisais discret, et à Paris, certaines personnes sont paranos ! Donc j’ai commencé à demander aux gens de poser pour moi, et le principal changement c’est que, désormais, je collabore avec les sujets, c’est « notre » photo, pas seulement la mienne.
TGL : Vous avez collé près de 4000 plaques partout dans le monde… Comment avez-vous sélectionné les 350 photos qui seront exposés à Artazart ?
J-B. P. : Le travail de photographe, c’est de sélectionner. On passe notre temps à faire le tri ! Pour l’exposition, j’en ai tiré 500, puis j’ai commencé à choisir chez moi, en les exposant sur le mur, à faire et défaire mes collages… J’ai fonctionné à l’instinct.
« Je collabore avec mes sujets, c’est ‘notre’ photo, pas seulement la mienne. »
TGL : Lors de vos shootings, est-ce qu’il y a une rencontre qui vous a marquée plus que les autres ?
J-B. P. : Je suis marqué à vie par toutes ces rencontres. Pour l’exposition, il y en a huit que je détaille plus que les autres. Mais il y a une anecdote amusante qui illustre bien l’esprit de Backtothestreet. Il y a quelques années, alors que je passais devant la mairie du XXe arrondissement de Paris, j’ai assisté à un mariage gay, et j’ai demandé au couple si je pouvais les photographier. Ils ont accepté mais, tout de suite après la photo, ils ont dû entrer dans la mairie et je n’ai pas eu le temps d’échanger davantage avec eux. Deux ans plus tard, ils m’ont contacté via les réseaux sociaux, parce qu’ils avaient découvert leur photo sur un mur de Londres et ont tenu à me remercier parce qu’ils avaient le sentiment que cela faisait du bien à leur communauté.
Backtothestreet, du 12 mars au 26 avril,
Artazart, 83 quai de Valmy (Paris 10).
www.artazart.com / www.backtothestreet.com
Instagram : backtothestreetphoto
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