Photo : Claude Nori, Jours heureux au Pays basque

Les jours et les nuits, le passage des saisons, la lumière changeante, le soleil au zénith… Autant de choses que Claude Nori capture dans ses photographies. Ses clichés reflètent une sensibilité particulière qui a su mêler deux dimensions, documentaire et autobiographique, avec justesse. Assemblées les unes aux autres dans son ouvrage intitulé Jours heureux au Pays basque, les images racontent une histoire, le récit d’une vie sur la Côte basque.

Né en 1949 à Toulouse, de parents émigrés italiens, Claude Nori découvre la photographie en 1968, alors qu’il se destine à une carrière de réalisateur. Il croise sur sa route Jean Dieuzaide, photographe de renom, également originaire de la région toulousaine, qui l’encourage à continuer sur cette voie. Claude Nori compose des superpositions en laboratoire et expérimente la photographie « psychédélique ». Il décide alors d’envoyer ses clichés reflétant un monde surréaliste au magazine Photographie Nouvelle, qui l’invite à venir à Paris pour les publier.

Sa carrière de photographe est alors lancée, il s’installe dans la capitale en 1974. A travers ses rencontres, il réalise la nécessité de s’exprimer autour de la photographie, discipline en pleine mutation dans les années 70. Alors accompagné d’un groupe d’agitateurs, de photographes et de critiques, tous issus de cette nouvelle génération hétéroclite, il décide – avec le soutien de Bernard Plossu, son ami photographe – de créer les éditions Contrejour, à la fois maison d’édition et galerie, à Paris, dans le quartier Montparnasse, qui deviendra par la suite un lieu de diffusion de la nouvelle photographie.

A sa création, la maison d’édition au nom évocateur tente de redonner une place privilégiée à ces maîtres oubliés de la photographie – via la publication de plus de 200 ouvrages – et ouvre une réflexion critique sur l’art de l’instantané. En 1976, après avoir travaillé pour le magazine Vogue, Claude Nori sort son premier livre de photographies, Lunettes, préfacé par Agnès Varda.

Claude Nori, entre poésie et photographie

Il sera suivi de nombreux ouvrages, dont Jours heureux au Pays basque, en 2011. Sur la côte ouest, à Biarritz ou ailleurs, il photographie sa femme, Isabelle, ses filles, Elsa et Giulia, les habitués du littoral, mais aussi les rencontres poignantes faites dans ce Pays basque qu’il aime tant, où l’air est, pour lui, « chargé de bonheur ».

Ses premiers souvenirs sur la côte remontent à l’année 1962, alors qu’il n’a que 13 ans. Une colonie de vacances du côté d’Hasparren, un ciel profond et pur, un curé jouant à la pelote basque, des bains de mer… il n’en fallait pas plus pour être heureux. De Biarritz à Anglet, Arcangues, Hendaye ou encore Saint-Jean-de-Luz, Claude Nori nous transporte dans son univers, mêlant photographie et poésie.

Loin des clichés déjà vus, il livre ici un carnet intime, faisant se juxtaposer photographie, réflexions personnelles et récits de ses propres expériences. Une rencontre lors d’une croisière en Méditerranée – Isabelle, qui deviendra sa femme –, le besoin de quitter Paris, la nécessité de tourner une page, Claude Nori rêvait d’un ailleurs.

« La lumière était si omniprésente qu’elle en paraissait absente. »

Pris d’une véritable révélation pour la ville de Biarritz, il s’y installe, en 1999, avec sa femme et ses deux filles, et ne la quittera plus jamais. Entre deux photographies de son ouvrage presque autobiographique, Claude Nori nous livre son émerveillement pour la station balnéaire. « La lumière était si omniprésente qu’elle en paraissait absente. On aurait dit qu’elle ne venait d’aucun point précis de l’univers. Elle était simplement l’espace, sans origine ni destin. Dans cet horizon où se glissaient des cargos au ralenti, à travers ce décor ouvert au monde, il me semblait que l’ennui et les peines devaient être moins lourdes à porter, au moins pour quelque temps. »

L’artiste prépare d’ailleurs actuellement un ouvrage entièrement consacré à Biarritz. Ses photographies, personnelles et authentiques, traversant paysages, villes et villages, où règne encore une certaine harmonie, retracent l’histoire de son escapade sentimentale. Mêlés aux récits dispersés tout au long de l’ouvrage, ses clichés nous renvoient à une dimension universelle : le sentiment d’appartenir pleinement au monde, d’y être en symbiose, ou plus simplement d’être heureux, au Pays basque ou ailleurs…

Jours heureux au Pays basque, Claude Nori, éditions Contrejour, 2011.


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