Model City : Pyongyang, l’album photo de l’architecture politique nord-coréenne

Deux architectes basés à Pékin ont multiplié les allers-retours à Pyongyang, mystérieuse capitale de la Corée du Nord et viennent de sortir un livre de photos pour expliquer les liens entre architecture et idéologie politique.

Dictature, autarcie, mystères, autocratie… Les mots-clés autour de la Corée du Nord sont nombreux. Et « architecture » en fait partie. Notamment à Pyongyang, la capitale reconstruite intégralement après la guerre de Corée, dans les années 50. Depuis l’ouverture (toute relative) du pays aux étrangers, on découvre une ville aux allures post-modernistes, aux buildings colorés et grandes constructions brutalistes.

Et l’architecture a servi l’idéologie des leaders qui se sont succédés depuis. C’est ce qu’ont voulu démontrer Cristiano Bianchi, photographe et architecte italien, et Kristina Drapić, architecte et graphiste serbe, dans leur livre Model City : Pyongyang, édité par Thames & Hudson. Basés à Pékin, ils font leur premier voyage en Corée du Nord en 2015. Depuis, ils y sont retournés trois fois et ont décidé de documenter leurs voyages.

A l’aide de commentaires d’experts en architecture nord-coréenne pour accompagner leurs 200 clichés, plans et illustrations, ils font le lien entre l’architecture et le pouvoir autoritaire local. En octobre Bianchi, justifié leur démarche pour le New York Times : « La société nord-coréenne est construite autour de l’idéologie Juche, une forme endémique de socialisme basée sur l’autonomie (et l’autocratie, ainsi que le culte de la personnalité, NDLR), et elle s’est diffusée dans toute la ville, notamment via l’architecture. »

Pyongyang, entre fiction et réalité

Il cite notamment De l’architecture, un traité rédigé par l’ancien chef de l’Etat Kim Jong Il, qui transpose les règles Juche à l’architecture, des perspectives au respect des proportions en passant par l’organisation des espaces. Résultat, peu importe l’époque et le style, du brutalisme des années 50 aux grandes tours rétro-futuristes colorées du XXIe siècle, le tissu urbain est homogène.

Autant que le communisme par l’architecture, c’est la « confusion entre le vrai, le réel, et la mise en scène propagandiste » qui a troublé les architectes, comme le confiait Bianchi, toujours au NY Times. Une sensation qu’il définit comme une « réalité fictionnelle », dont il se fait l’écho, avec Kristina Drapić, dans Model City : Pyongyang.

En effet, toutes les photos ont été modifiées pour faire ressortir les couleurs plus vives, et un fond uniforme d’un ciel parfait, dégradé immaculé du bleu au rose, remplace le ciel d’origine. Un clin d’œil aux affiches de propagande qui fleurissent dans tout Pyongyang…

Model City : Pyongyang, Cristiano Bianchi et  Kristina Drapić, Thames & Hudson, 19.95 £,


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