« Je me suis levée de mon lit, j’ai ouvert les volets, et la mer et le ciel ont jeté au visage le même bleu, le même rose, le même bonheur. » Ces lignes, Françoise Sagan, alors à peine majeure, les écrit depuis la chambre 19 de La Ponche. Cette chambre, l’une des plus spacieuses de l’hôtel, jouit aussi d’un autre atout majeur : une vue directe avec le Golfe de Saint-Tropez. Certains diront qu’il lui a inspiré Bonjour Tristesse, son roman phare, achevé dans les murs de cet hôtel où tant d’illustres vedettes ont séjourné.
L’héritage de Simone Duckstein
Simone Duckstein avait 13 ans lorsque l’équipe de Et Dieu créa la femme vint s’installer à La Ponche. La suite est un générique magique de stars : Boris Vian, Daniel Gélin, Michel Piccoli, Pierre Brasseur, Jean-Paul Sartre, Jack Nicholson, Catherine Deneuve… Simone a vu tout cela les yeux grands ouverts, s’étonnant des hommes qui n’étaient « fidèles qu’à leur numéro de chambre ».
Ses parents, Marguerite et Lucien achètent en 1938 le Bar de la Ponche. Passant de 8 chambres en 1957 à 21 chambres aujourd’hui, il devient par la même occasion l’un des cinq étoiles les plus courus du monde. Pourquoi ? La patronne dit tout dans Hôtel de la Ponche, un autre regard sur Saint- Tropez (éditions Le Cherche Midi).
Véritable ambassadrice de La Ponche, le retrait de cette grande dame des affaires quotidiennes de l’hôtel fut un choc dans le milieu. Elle restera pourtant dans les murs. En travaillant étroitement avec les repreneurs de l’hôtel, Hubert et Nicolas Saltiel et le financier Georges Saier (Groupe Monsieur), Duckstein s’est assurée d’un passage de flambeau en bonne et due forme, allant jusqu’à valider la nouvelle allure de l’écrin et les détails de l’hospitalité.
Le renouveau d’un hôtel historique
L’annonce de la passation a fait parler le gotha. A la veille de son inauguration, le tout-Paris s’émerveillait déjà de voir La Ponche s’ancrer enfin dans son époque, tout en s’inquiétant d’un tour de force trop contemporain. Avec équilibre et nostalgie, Fabrizio Casiraghi a fait plus qu’accorder une seconde jeunesse à l’hôtel mythique de Saint-Tropez : il l’a réinventé.
L’architecte d’intérieur italien est connu pour ne jamais rien faire au hasard. La Ponche est un exemple en la matière. Si sa patte flamboyante s’efface un peu ici, c’est parce qu’il a eu la justesse de respecter l’âme du lieu. Cet hôtel n’est pas une adresse parmi tant d’autres, il est celui qui a vu Sartre et Beauvoir s’amouracher, Romy Schneider s’enfermer dans la 22 après un tournage éprouvant ou l’idylle Bardot-Vadim s’effilocher sous le regard brûlant de Jean-Louis Trintignant.
La Ponche : une œuvre signée Fabrizio Casiraghi
Ainsi, tout a été fait pour ne pas trop casser. Dans un souci d’efficacité, d’abord — les travaux n’ont pris que huit mois —, mais aussi pour permettre aux habitués de se réapproprier facilement les lieux. Les 21 chambres ont conservé leur forme et leur dédale, tout comme le lobby et la terrasse. Le bar, quant à lui, est le seul volume a avoir réellement été repensé : grâce à des photos d’archives et à des témoignages, Fabrizio Casiraghi l’a fait émerger de son sous-sol pour lui donner une place à part entière, de jour comme de nuit.
Côté déco, La Ponche retrouve sa légèreté. Les murs blancs et les tomettes donnent le ton, provençal, de cet hôtel qui se veut plutôt résidence de vacances. L’art y évolue d’ailleurs en pole position. Des lithographies originales de Picasso mises en valeurs par les cadres sculpturaux de Victor Levai, des œuvres de Jacques Cordier, premier mari de Simone Duckstein, une fresque signée Elvira Solana, parsèment un décor végétal et facile à vivre.
Dans les chambres, qui portent toutes le nom de leurs illustres visiteurs, le côté suranné l’emporte. Peu ou pas de fioritures, une belle plante pour seule distraction, un room directory traité comme un beau livre… Elles suivent toutes un même chemin. La 8, ceci dit, celle de Romy Schneider et Daniel Biasini, gagne la palme de l’émerveillement avec sa terrasse aussi grande que la chambre et une vue plongeante sur les toits de Saint-Tropez, la citadelle, le clocher et la mer.
Que faire à La Ponche ?
Impossible n’est pas La Ponche. En faisant entrer l’hôtel dans le troisième millénaire, le groupe Monsieur n’a évidemment pas négligé les services à proposer.
A commencer par son restaurant, dont les cuisines sont désormais régies par Thomas Danigo, aussi chef du Galanga à Paris. « Ni chichis, ni plats en surdensité, mais une cuisine tournée vers les produits, le goût » promet-il. En effet, l’assiette est pure et attise l’œil. Les papilles, quant à elles, sont ravies de vibrer sous les saveurs d’un ceviche rehaussé de pastèque ou d’une bourride de baudroie revisitée. Au déjeuner, la terrasse s’ouvre aux plats culte de la maison, alors que le soir, les tables sont nappées et la carte étoffée de mets plus pointus.
Parce que l’hôtel baigne littéralement dans le Golfe de Saint-Tropez, il n’est d’autre choix que d’en profiter pour faire quelques brasses. Les frileux préfèreront peut-être se mettre au yoga, lors de cours collectifs organisés par le studio haut-de-gamme parisien Le Tigre Yoga Club, sur le ponton face à la mer. Ou faire un saut du côté du spa, où les attendent aussi fitness vélo, tapis et machines dédiées au renforcement musculaire…
Hôtel La Ponche
5 rue des remparts, 83990 Saint Tropez
Tél. : +33 4 94 97 02 53
www.laponche.com