Diaporama : La solitude et l'isolement vus par Gregory Crewdson

Après une longue absence durant laquelle Gregory Crewdson a fui la frénésie new-yorkaise pour se réfugier dans le Massachusetts sauvage de son enfance, la série « Cathedral of the Pines » émerge de cette période d’isolement comme une évidence.

Alors qu’il traverse une période de crise existentielle, Gregory Crewdson, photographe originaire de Brooklyn délaisse sa ville natale en 2000 pour se réfugier à Great Barrington, dans le Massachusetts, où il a passé ses vacances lorsqu’il était enfant. Un long exil qui finit par être salutaire. Au détour d’une piste enneigée, il tombe sur un sentier non loin de la ville de Becket, dont la pancarte indique « Cathedral of the Pines ». La série s’impose alors comme une évidence.

Jusqu’à présent, Gregory Crewdson (@crewdsonstudio) s’était acharné à décons­truire le rêve américain en donnant à voir la névrose, l’ennui ou la désillusion dans des compositions monumentales, puisant dans l’esthétique du photo-documentaire tout autant que dans celle de la photofiction. Avec Cathedral of the Pines, Gregory Crewdson explore les thèmes de l’isolement géographique, de la solitude des êtres et de la quête d’un refuge physique ou mental. Il s’agit de sa série la plus intime et la plus cathartique. Le photographe décide d’utiliser le décor naturel qu’offrent les forêts alentour et réunit une équipe restreinte. Pendant deux ans et demi, il travaille à cette série, qui a été exposée à l’automne 2016 dans la galerie Daniel Templon, à Paris. « Chaque photo débute par le choix d’un espace intérieur ou d’un paysage, explique le photographe. En fonction de cet espace, je crée une mise en scène. Avec ma partenaire, Juliane Hiam, nous faisons une description qui devient une sorte de “bible” de l’image. Puis nous sélectionnons une équipe. La réalisation de chaque photo exige un important travail de postproduction qui peut prendre des mois comme des années. »

Les photographies s’offrent comme des tableaux qui hypnotisent et happent dès le premier regard. Les scènes figurent toutes un moment suspendu, une pause dans le temps étirée à l’infini. Les corps semblent aussi immobiles que les objets, figés dans une éternité. Et pourtant, on devine les mouvements de la vie par le désordre qui règne dans les intérieurs, par les traces fraîches de pas dans la neige, par un verre rempli, par des coussins éparpillés au sol. Une histoire de mélancolie, d’attente, de solitude, de désenchantement. Les photographies exacerbent et subliment les points de tension. D’une image à l’autre, la nature se fait tour à tour menaçante et bienveillante. La forêt est omniprésente à toutes les échelles. Domestiquée et ornementale dans les tableaux accrochés aux murs, envahissante et éthérée depuis de grandes baies vitrées, majestueuse et écrasante dans les scènes extérieures. Par ces montages artistiques, Gregory Crewdson documente et explore le mal et la complexité des êtres. Il donne ainsi à voir une réalité qui confine au sublime et au spirituel.