Depuis son lancement en 1959, elle s’est rapidement imposée comme un phénomène planétaire. Ses 29 centimètres de hauteur, sa plastique hypertrophiée et ses cheveux blonds sont devenus un symbole.
Tour à tour célébrée, désirée et décriée, la poupée Barbie a traversé les époques et a cristallisé bien des débats contemporains. Le photographe américain David Parise prend le parti d’en rire en offrant une seconde jeunesse à la belle et à son éternel compagnon, Ken. Retour plein d’humour et de nostalgie dans une mise en scène insouciante des années 60.
The Good Life : Quelle est l’histoire de cette série ?
David Parise : J’ai toujours nourri une profonde admiration pour les photographes qui utilisaient des miniatures comme objets d’études, mais je n’ai jamais pensé que pour moi ce serait les Barbie ! En 2009, la poupée Barbie fêtait son 50e anniversaire. Je suis entré par hasard dans une librairie à Miami Beach et je suis tombé sur cet énorme livre rose présentant une rétrospective complète de la poupée Barbie. Je me suis retrouvé à feuilleter les pages en me disant que, vraiment, la Barbie ne représentait absolument rien pour moi. Jusqu’à ce que j’arrive à la partie consacrée aux poupées du début des années 60 et que je voie leurs vêtements. Ç’a été une véritable révélation. Je ne pouvais pas croire à la minutie des détails, au choix des tissus, à la recherche du stylisme et à la qualité des tenues qui étaient mises en scène à cette époque. J’ai immédiatement pris la décision de les photographier. Je connaissais bien Miami Beach, et les hôtels Art déco emplis d’histoire constituaient la toile de fond idéale. Il a également fallu que j’use d’une bonne dose d’humour dans mes narrations, ce que j’ai fait avec un immense plaisir. Je me suis toujours considéré comme un photographe amateur. Je n’ai pas suivi de formation, mais je photographie depuis l’âge de 11 ans et qu’on m’a offert un appareil Brownie. C’est sans doute pour cela que j’ai toujours fait usage du second degré dans mes séries.
TGL : Que représente cette série pour vous ?
D. P. : Beaucoup de gens ont pensé que j’essayais de faire passer un message fort, une certaine critique sociale, surtout vu la société dans laquelle nous vivons. Mais c’est une intention beaucoup trop sérieuse et réfléchie qu’on me prête. Je me suis simplement amusé à créer des histoires qui rappelaient une époque dans laquelle j’avais grandi. J’aime bien dire qu’on se rappelle tous de ces années 60 glamour, innocentes et légères – ou du moins ce qu’on imagine être comme tel. Parfois, je me suis directement inspiré de souvenirs que j’avais gardés, comme celui de ma mère et de ma sœur en train de fumer au bord de la piscine du beach club. Ou alors j’ai reproduit des pratiques que je trouvais étranges à l’époque. Par exemple, beaucoup de gens s’amusaient à faire l’équilibre sur la tête. Ce sont des acheteurs qui m’ont expliqué qu’il s’agissait de postures de yoga ! La seule image que j’ai réalisée en ayant en tête un message plus sérieux est celle de la marche des femmes. Je me suis réveillé un matin de janvier en me demandant ce que je pouvais faire pour soutenir cette cause primordiale. J’ai fini par télécharger les écriteaux utilisés pour la mobilisation et je les ai mis à la taille des poupées Barbie. Cela s’est révélé être une image extrêmement puissante.
TGL : Quelle est la suite des aventures de Barbie et Ken ?
D. P. : Je continue à prendre beaucoup de plaisir à photographier ces poupées Barbie des années 60. Elles sont une source d’inspiration permanente, donc je compte alimenter encore cette série par de nouvelles histoires. Je m’apprête d’ailleurs à m’envoler vers les îles Bimini, aux Bahamas, pour faire quelques photos paradisiaques.