Horlogerie
Photographe de mode et réalisateur réputé, le Suédois Kalle Gustafsson a collaboré avec de nombreuses marques internationales et tiré le portrait de célébrités comme Brian Ferry, Henry Cavill et Avicii. Il nous ouvre les portes de son appartement à Stockholm, petit bijou de design moderniste.
Depuis la fenêtre de son appartement de Stockholm, Kalle Gustafsson admire le pont Sankt Eriksbron qui enjambe le canal Barnhusviken, et une ligne de chemin de fer qui mène à la gare Centrale. À l’intérieur, l’atmosphère chaleureuse et rétro est modelée à l’image du propriétaire. « Je voulais créer mon propre espace de toute pièce, sans architecte », explique-t-il.
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Le chantier demande un an de travaux pour transformer le trois pièces-cuisine en un large loft avec une chambre et deux salles de bains, et dont les zones sont délimitées grâce à des parois ajourées signées Ludvik Volak. Lorsqu’il trouve un système de canalisation sous le plancher, Kalle Gustafsson pose naturellement la cuisine – qu’il conçoit – par-dessus, en plein milieu du salon.
Les plantes, le bois et le rotin dominent les lieux, matériaux fétiches du photographe qui puise son inspiration dans l’esthétique Mid-Century des années 50. Il découvre le travail de Pierre Jeanneret en 2013, qu’il explore davantage avec les édifices de Chandigarh, une ville du nord de l’Inde à l’urbanisme pensé par son cousin Le Corbusier.
Sa passion pour le design l’incite à ouvrir sa propre galerie, Maison Première (aujourd’hui fermée). Meubler son espace de Stockholm a donc été facile : « J’avais déjà tout ce qu’il fallait pour emménager », se souvient Gustafsson. Pour preuve : les nombreuses pièces de Pierre Jeanneret présentes dans l’appartement, de la table à manger au sublime bureau.
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Sur les étagères, des appareils photo vintage, des monographies consacrées à Elliott Erwitt, Irving Penn, Richard Avedon et de multiples références aux travaux d’Henri Cartier-Bresson, Anton Corbijn, Peter Lindbergh, Guy Bourdin et Mikael Jansson, que le Suédois a découvert lors de ses études en France.
Une mode simple et responsable
Kalle Gustafsson, fasciné par le rapport au réel des documentaires sur la Seconde Guerre mondiale pense, un temps, devenir photojournaliste. Ce goût de conteur d’histoire(s) le conduit finalement vers la mode et le cinéma, domaines dans lesquels il développe un style plus contemplatif et nostalgique, loin de la surenchère visuelle qui prévaut dans le domaine de la publicité.
« Je suis attiré par les choses simples, le luxe extravagant ne m’intéresse pas vraiment », explique Kalle Gustafsson, qui porte en filigrane une critique de son milieu. « Beaucoup de marques se concentrent sur le business, sans se soucier de leur impact sur le climat ou les populations des pays en voie de développement. L’industrie de la mode devrait investir plus sérieusement dans des programmes de recyclage et incorporer des systèmes de développement durable », insiste-t-il.
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Parmi ses modèles, l’architecte californien Harry Gesner, dont la Wave House (1957) aurait inspiré l’opéra de Sydney, fait figure de muse. « Harry Gesner était sensibilisé à la nature et aux gestes écoresponsables bien avant que le concept n’existe. C’était un esprit libre porté par ses voyages. Précisément ce que je voudrais être ! » plaisante le réalisateur qui a travaillé sur un documentaire consacré à l’architecte décédé l’été dernier.
Après une jeunesse de skater bohème bercé par le hip‑hop, l’auteur de la pochette de l’album Western Stars (2019) de Bruce Springsteen, opte, à 42 ans, pour le jean Levi’s baggy des années 90, un tee-shirt à manches courtes raglan et de la musique classique en fond sonore. Il caresse l’idée de se lancer dans le design de meubles, à moins qu’il opte pour la création d’une marque de vêtements écologiques… Le doux rêveur est ouvert aux suggestions.
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