Voyage
L’institution Belmond vient de fêter ses cent ans de présence sur la plus célèbre des plages de Rio de Janeiro. The Good Life ne pouvait pas ne pas s’y rendre…
La sensation d’être assailli par les charmes de Rio, dès l’atterrissage à l’aéroport international, n’épargne personne. La nature luxuriante, au milieu de laquelle la ville se déploie, y est pour beaucoup. Une fois passé ce premier assaut, Rio aime révéler ses secrets avec parcimonie. Son palace mythique, antonomase du glamour carioca, est le reflet de cette retenue, si rare au paradis de l’exubérance. Le Copacabana Palace cache bien son jeu puisqu’il accueille le public dans une entrée exiguë.
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Icône des années 1910
Difficile, en effet, de s’imaginer les immenses volumes qui nous attendent à l’intérieur. La double réception est la scène d’un défilé propre au « Copa », comme le surnomment les locaux. Des couples en tenue de plage en croisent d’autres, équipés pour une partie de tennis. Le quartier le plus animé de Rio s’est toujours distingué comme étant celui de la liberté dans la façon de s’habiller.
Dans son ode au Brésil, publiée en 1941, Le Brésil, terre d’avenir, Stefan Zweig racontait déjà : « Il n’y a qu’à Copacabana que l’on voit – de même que dans les stations balnéaires européennes et américaines – de jeunes femmes en pantalon et des hommes en chemise sportive, sans veste. » Transposez cela aux canons de la mode contemporaine et vous vous ferez une idée.
L’extrême discrétion des réceptionnistes, qui s’efforcent de susurrer leurs questions aux clients, contraste avec l’enthousiasme ambiant où, partout, ça claque dans les mains et ça parle fort… Bienvenue à Rio !
À l’étage, tout semble inviter à la contemplation silencieuse. La sensation d’être un intrus débarqué dans un décor de film gagne le visiteur. C’est dans cette salle de bal que se tient le fameux réveillon du Nouvel An de l’hôtel. Le 13 août, le Copa y a fêté ses 100 ans en présence du gratin local et d’invités de marque. Cent ans déjà que le Copacabana Palace chante au monde le raffinement brésilien avec un fond d’accent français.
La transformation grandiose du Copacabana Palace
Si l’histoire du Copa est un conte franco-carioca, cela est dû à l’architecte qui en a dessiné les plans : Joseph Gire (1872-1933). Ce Français, débarqué en 1916, a érigé le bâtiment qui a transformé le quartier de Copacabana, à l’époque peu fréquenté. Les Cariocas lui doivent d’autres édifices emblématiques, comme l’immeuble A Noite, considéré ici comme le premier gratte-ciel latino-américain, le palais des Orangers, résidence du gouverneur de l’État de Rio, ou encore l’hôtel Glória.
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À l’étage du Copa, dans la salle ouest, on s’affaire à peaufiner les derniers détails d’un mariage. Un peu plus loin, un quinqua en costume fait irruption dans le couloir depuis l’une des salles de réunion. Voilà maintenant l’entrée du prestigieux théâtre abrité par le palace. La majorité des spectateurs qui prennent place sur ses 332 sièges sont extérieurs à l’hôtel.
Pour eux, il ne s’agit pas seulement d’aller au théâtre, mais d’entrer au Copa. La direction de l’hôtel s’enorgueillit de cette salle, qui affiche fièrement le blason de l’institution sur le bois de jacaranda couvrant ses murs. Fermé pendant vingt-sept ans, il a rouvert ses portes en 2021 et offre une programmation quasi permanente, avec un nouveau spectacle tous les trimestres…
Mais personne n’ignore que le show principal du Copa se joue ailleurs : aux abords de la piscine semi-olympique, haut lieu de rencontres. Durant toute l’année se déroule le bal des nageurs et des groupes d’amis qui prennent place sur les transats pour trinquer à Rio. Au milieu de ce va-et-vient, certains couples arrivent à se créer une bulle d’intimité.
Ici, une femme seule se cache derrière de grosses lunettes noires et se plonge dans un épais roman. Tout ce beau monde cohabite naturellement. C’est également autour de la piscine que se déploie l’offre gastronomique du Copa, des cocktails du pool-bar ou du piano-bar aux prestigieuses cartes des restaurants italien, Cipriani, et asiatique, Mee, tous deux étoilés Michelin.La princesse Diana, Orson Welles, Mick Jagger ou encore Janis Joplin ont un jour barboté dans ce bassin mythique.
Aujourd’hui, c’est Gilberto Gil qui se fait régulièrement voir autour de la piscine. Le célèbre chanteur et ex-ministre de la Culture de Lula a récemment emménagé dans l’immeuble Chopin, dont la face est donne sur le Copa. Il n’est pas rare que les clients du Pérgula l’aperçoivent, accoudé au comptoir, dégustant un café. Certains l’auraient même entendu murmurer « bienvenue à Rio ».
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