Voyage
The Good Life vous donne les clés des lieux qui font bouger Zurich. Passages obligés. Quatrième étape, les spots excentrés.
Deux pépites d’architecture moderniste
• Pavillon Le Corbusier. Un apôtre du tout-béton, Le Corbusier ? Sa dernière oeuvre, érigée dans sa Suisse natale, bat en brèche ce cliché. Voici donc un grand auvent d’acier aux facettes complexes sous lequel s’abrite une structure de verre cubique colorée par endroit d’aplats blancs, rouges, jaunes, verts… Un tableau de Mondrian en 3D ! Commandé en 1960 au « Fada » par sa plus grande fan, la galeriste Heidi Weber, ce pavillon accueille des œuvres picturales et mobilières du célèbre architecte franco-suisse et se visite, après sa rénovation, depuis le 11 mai.
• Strandbad Tiefenbrunnen. Sur les rivages du lac de Zurich, le farniente confine parfois à l’expérience esthétique. La base de loisirs de Tiefenbrunnen se distingue par ses solariums aux lignes Mies Van der Rohe, son guichet d’entrée qu’ombragent des parasols de béton, ses cabines à claustras, sa maison de thé conique, le tout irisé de rouge et de jaune. Un chef-d’oeuvre des années 50 pensé par le trio d’architectes Joseph Schütz, Otto Dürr et Hans Nussbaumer. Bellerivestrasse 200.
Ambiance balnéaire
• Zurich-les-bains. Avec son lac, ses deux rivières, son canal et ses quelques ruisseaux, Zurich se mue à la belle saison en station balnéaire, dont les autochtones vous vanteront la pureté des eaux. Sur le lac, la plage de Tiefenbrunnen coiffe au poteau toutes les autres, par son style et son ensoleillement, mais, sur l’autre rive, celle de Wollishofen (Seestrasse 451), très années 30, ne démérite pas non plus. Sur la rivière Limmat, les piscines naturelles d’Unterer Letten (Wasserwerkstrasse 141) rameutent toute la jeunesse, tandis que le canal de Schanzengraben, ancienne douve médiévale, s’enorgueillit d’un bain réservé à ces messieurs (Badweg 10). Les bains thermaux de Zurich (Brandschenkestrasse 150, www.thermalbad-zuerich.ch), enfin, se logent dans une ancienne brasserie et se coiffent, en rooftop, d’un méga bain à remous où l’on barbote en toute saison en toisant la ville.
Des scènes en effervescence
• Le spectacle vivant très vivace. Christoph Marthaler, l’un des metteurs en scène les plus enthousiasmants du théâtre européen, est Zurichois : ses pièces, très grinçantes et très drôles, sont à voir au Schauspielhaus (Rämistrasse 34 et Schiffbaustrasse 4, www.schauspielhaus.ch), l’Odéon local, qui a d’ailleurs la bonne idée de surtitrer certains spectacles en anglais. Croisant théâtre, musique et danse contemporaine, on surveillera d’un œil curieux la programmation de Gessnerallee (Gessnerallee 8, www.gessnerallee.ch), où bouillonnent, entre autres, les œuvres d’Alexandra Bachzetsis ou de Piet Baumgartner, chorégraphes suisses bien en verve. Moins turbulent, l’opéra de Zurich, élégamment posé en bord de lac, n’en affiche pas moins un haut niveau musical, notamment quand Cecilia Bartoli est au casting – la mezzo-soprano star italienne, mariée à un baryton zurichois, se produit souvent en ces murs.
Trois musées hors radar qui valent le détour
Certes, les grandes institutions (National Museum pour le patrimoine, Kunsthaus pour l’art moderne, Museum für Gestaltung pour les arts graphiques, Haus Konstruktiv pour l’art contemporain…) regorgent de richesse.
Plus pointus, voici trois musées qui explorent de belles voies de traverse :
• Atelier Hermann Haller. C’est une petite datcha des années 30, l’une des rares bâtisses Bauhaus en bois qui tiennent encore debout, que le sculpteur Hermann Haller s’est construite dans le Zürichhorn, un coin calme des bords du lac, pour travailler au vert. Il y a façonné des statues de femmes nues par dizaines qui, disposées là un peu à la diable, émeuvent de simplicité, à moins qu’elles ne dialoguent, au gré de la programmation, avec un artiste contemporain qui ait à cœur de les revivifier. Attention, l’atelier n’est ouvert que de juin à septembre, du vendredi au dimanche, et seulement l’après-midi. Höschgasse 6. Tél. +41 44 383 42 47. www.stadt-zuerich.ch/atelierhermannhaller
• Musée Johann Jacobs. Klaus Johann Jacobs, héritier d’une dynastie brêmoise d’importateurs de café, a diversifié l’empire familial en direction du chocolat, rachetant Suchard et Tobler, avant de fonder, en 1991, à Zurich, la société d’intérim Adecco. S’étonnera-t-on, alors, que le musée qui porte son nom tente de creuser la question du commerce globalisé et des interdépendances mondiales ? Au sous-sol de cette villa bourgeoise, la plasticienne américaine d’origine vietnamienne Tiffany Chung explore, jusqu’au 5 mai, l’histoire coloniale et décolonisée de Thu Thiem, vieux quartier d’Hô Chi Minh-Ville, pendant qu’au rez-de-chaussée la Suissesse Quynh Dong, d’origine vietnamienne aussi, détourne en vidéo les clichés kitsch associés au Sud-Est asiatique. Seefeldquai 17. Tél. +41 44 388 61 90. www.johannjacobs.com
• Musée Rietberg. C’est sur les hauteurs verdoyantes de Zurich, dans une demeure néoclassique, dont la poétesse Mathilde Wesendonck, muse de Wagner, fut la première occupante, que le musée Rietberg s’est installé. On lui a adjoint, dans les années 2000, une extension souterraine, afin de préserver la beauté du parc. On admire alors, dans les étages de la villa et dans le bunker contemporain, la richissime collection d’Eduard Von der Heydt, léguée à la ville en 1949, qui balaie les arts océaniques, africains, amérindiens et asiatiques. Gablerstrasse 15. www.rietberg.ch
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