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Chicago porte en elle l’histoire des gratte-ciel, à découvrir le long d’un parcours de chefs-d’œuvre architecturaux, 2024 - TGL
Chicago porte en elle l’histoire des gratte-ciel, à découvrir le long d’un parcours de chefs-d’œuvre architecturaux, 2024 - TGL
Marine Mimouni

The Good City // Architecture

Chicago, capitale mondiale de l’architecture moderne

Architecture

The Good City

Moins visitée par les Français que New York, Los Angeles, San Francisco et Miami, Chicago possède pourtant un attrait de taille : c’est la ville qui porte en elle l’histoire des gratte-ciel, à découvrir le long d’un parcours de chefs-d’œuvre architecturaux.

Lorsqu’on se trouve sur le pont Du Sable (du nom du premier habitant de Chicago), en tournant la tête, on a dans le viseur, posés au bord de la rivière, le Wrigley Building et la Tribune Tower, deux somptueux gratte-ciel des années 20 du siècle dernier, les murs-rideaux incurvés de la Trump Tower, qui s’élèvent jusqu’à 423 mètres (flèche comprise), et, enfin, les fines tiges ondulantes du St. Regis culminant à 365 mètres.


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Ces chefs-d’œuvre constituent une véritable encyclopédie du dernier siècle et demi de l’histoire de l’architecture, et font de Chicago l’une des plus belles métropoles d’Amérique du Nord.
Ces chefs-d’œuvre constituent une véritable encyclopédie du dernier siècle et demi de l’histoire de l’architecture, et font de Chicago l’une des plus belles métropoles d’Amérique du Nord. Emmanuel Appiah / Unsplash

Il y a de quoi rester bouche bée. Visiter Chicago, c’est ainsi s’arrêter sans cesse pour admirer, stupéfait, d’extraordinaires gratte-ciel néoclassiques, néogothiques, Art déco, en verre et acier, ou qui ont l’air, pour les plus récents, de sculptures géantes.

Ces chefs-d’œuvre constituent une véritable encyclopédie du dernier siècle et demi de l’histoire de l’architecture, et font de Chicago l’une des plus belles métropoles d’Amérique du Nord. Les amoureux de New York auront beau hausser le sourcil, il n’y a pas photo. Voici trois raisons qui font de la capitale du Midwest « la ville de l’architecture » par excellence.

L’école de Chicago

À la pointe des avancées techniques de l’époque, telles que les structures en acier résistant au feu et les ascenseurs hydrauliques, ils conçoivent les premiers gratte-ciel dès les années 80.
À la pointe des avancées techniques de l’époque, telles que les structures en acier résistant au feu et les ascenseurs hydrauliques, ils conçoivent les premiers gratte-ciel dès les années 80. Muzammil Soorma / Unsplash

Il y a d’abord l’intention affirmée, dès le départ, de construire une très belle métropole. Ravagée par un incendie en 1871, Chicago est réimaginée sur une carte blanche par des architectes et des urbanistes de premier plan. Ils sont à l’origine de « l’école de Chicago », dont les stars sont Daniel Burhnam, chef de file du mouvement City Beautiful, et Louis Sullivan, un autre maître du modernisme.

À la pointe des avancées techniques de l’époque, telles que les structures en acier résistant au feu et les ascenseurs hydrauliques, ils conçoivent les premiers gratte-ciel dès les années 80. Leurs grandes fenêtres, leurs façades ornementées et leurs intérieurs luxueux les distinguent de ceux, plus banals, que New York va aussi ériger.

D’ailleurs, nombre de ces trésors architecturaux ont été préservés, contrairement à la plupart des anciens gratte ciel new-yorkais. Chicago entend aujourd’hui faire inscrire neuf d’entre eux sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco.

Une harmonieuse simplicité

Chicago porte en elle l’histoire des gratte-ciel, à découvrir le long d’un parcours de chefs-d’œuvre architecturaux, 2024 – TGL
Chicago porte en elle l’histoire des gratte-ciel, à découvrir le long d’un parcours de chefs-d’œuvre architecturaux, 2024 – TGL Pedro Lastra / Unsplash

Vient ensuite la présence de deux génies, qui révolutionnent la fonction et l’esthétique de l’architecture. Frank Lloyd Wright arrive à Chicago dès 1887, dessine des intérieurs de gratte-ciel, puis construit une cinquantaine de villas, l’église Unity Temple, une école… dans son fameux style « prairie ».

Chantre de l’horizontalité, de l’insertion dans l’environnement, de l’effacement des limites entre intérieur et extérieur, il exerce son ascendant en affirmant : « la simplicité, c’est l’harmonie parfaite entre le beau, l’utile et le juste ».

En 1938, Ludwig Mies van der Rohe, fuyant le nazisme, s’installe à son tour à Chicago. Ce dernier y construit des immeubles de bureaux et d’habitation, des bâtiments universitaires, une chapelle… en imposant son credo : « less is more ».

Réduisant la forme à sa plus simple expression, magnifiant l’acier noir et le verre, adepte d’une géométrie parfaite, Ludwig Mies van der Rohe engage l’architecture dans une élégance ascétique et devient un modèle.
Réduisant la forme à sa plus simple expression, magnifiant l’acier noir et le verre, adepte d’une géométrie parfaite, Ludwig Mies van der Rohe engage l’architecture dans une élégance ascétique et devient un modèle. Alex Azabache / Unsplash

Réduisant la forme à sa plus simple expression, magnifiant l’acier noir et le verre, adepte d’une géométrie parfaite, il engage l’architecture dans une élégance ascétique et devient un modèle. À l’influence mondiale de Wright et Mies ajoutons celle de l’agence Skidmore, Owings and Merrill (SOM), fondée en 1936 à Chicago et surnommée « la General Motors de l’architecture ».

Son rayonnement planétaire, ses percées dans l’ingénierie, son organisation par équipes-projets adaptée aux réalisations complexes la conduisent à concevoir des gratte-ciel hors normes, dont la Willis Tower (1973) et la Trump Tower (2009), les deux tours de Chicago dépassant les 400 mètres.

700 000 visiteurs par an

Les buildings de Chicago.
Les buildings de Chicago. Gautam Krishnan / Unsplash

Arrive enfin le goût pour l’architecture qu’ont développé les habitants et les autorités de Chicago. Fondé en 1966 pour sauver la Glessner House, le Chicago Architecture Center a contribué à préserver d’innombrables immeubles, dont, en 2022, le James R. Thompson Center dessiné par Helmut Jahn dans les années 80.

Outre des expositions et des festivals, cette institution employant 450 conférenciers bénévoles organise des excursions consacrées à la découverte de l’architecture de Chicago pour 700 000 visiteurs par an ! De son côté, la mairie a transformé la ville en inaugurant Millennium Park en 2004.

Ces dix hectares consacrés à l’architecture et à l’art hébergent le fantastique pavillon Jay Pritzker de Frank Gehry, ainsi que le Cloud Gate d’Anish Kapoor, une sculpture monumentale en acier inoxydable instagrammée des dizaines de milliers de fois par jour… le tout à deux pas de la magnifique aile de l’Art Institute conçue par Renzo Piano.

Le Cloud Gate d’Anish Kapoor, une sculpture monumentale en acier inoxydable.
Le Cloud Gate d’Anish Kapoor, une sculpture monumentale en acier inoxydable. Antonio Gabola / Unsplash

Depuis 2000, les projets importants de Chicago, qu’ils soient publics ou privés, ont tous été confiés à de grands architectes. Plus de 200 réalisations remarquables ont ainsi vu le jour, tels le « L » de Rem Koolhaas pour l’Institut de technologie de l’Illinois ou l’Aqua Tower et le St.Regis Chicago, deux gratte-ciel signés Studio Gang, l’agence locale la plus créative.

Cette attention portée à la beauté du paysage urbain a permis d’éviter les erreurs commises à New York, comme le fiasco architectural d’Hudson Yards et la dégradation de la skyline de Manhattan due aux gratte-ciel crayon. Depuis 2015, la Biennale d’architecture de Chicago, qui concurrence celle de Venise, consacre cette perpétuelle réinvention de l’une des plus belles villes du monde.


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