Lifestyle
Entrons dans l’été le pied léger entre mocassins et baskets, espadrilles et loafers, sandales ou derbys super‑light cousus au petit point dans les ateliers parfois centenaires des meilleurs chausseurs du monde.
Bally. La saison printemps-été dévoile des pépites, dont la capsule Scribe, des chaussures sport et unisexes comme la Outline ou la Trendal à surpiqûres, voire le mocassin Cologny. La marque née en 1851 ayant notamment lancé les bottes Reindeer portées par Tenzing Norgay en 1953, lors de la toute première ascension du mont Everest, on peut opter pour la Bally Hike. Cette création en clin d’œil et en collaboration avec le rédacteur de mode et styliste Robert Rabensteiner dévoile des chaussures de randonnée classiques, tout-terrain, fonctionnelles mais tendance, grâce au color-block. À dénicher en ligne ou dans l’une des 320 boutiques et points de vente multimarques dans près de 60 pays. www.bally.fr
Birkenstock. C’est le nom de la célèbre semelle-baquet en liège et latex et de la marque née en 1774 ! Avec 5 200 employés dans le monde, une flopée de développements (couchages ou cosmétiques naturels), Birkenstock appartient à la Financière Agache – holding détenue par la famille Arnault – et à Catterton – grand investisseur mondial. Quant aux modèles Arizona ou Berlin fabriqués en Allemagne, connus comme le loup blanc dans plus de 100 pays, leur glamour a grimpé en flèche grâce à des fusions réussies avec le design de Faye Toogood ou Jil Sander. La collection 1774 nous réserve de jolies surprises à venir, dont le président de la marque, Oliver Reichert, sera sans doute le premier fan. www.birkenstock.com
Camper. L’atelier créé par Antonio Fluxá a près de 150 ans, mais la marque Camper (« paysan », en majorquin) est née en 1975 sous l’impulsion de Lorenzo Fluxá, qui lança en même temps le modèle Camaleon, qui fit sensation. La famille, représentée par Miguel Fluxá, devenu P-DG en 2012, dirige le groupe (qui a également un pied dans l’hôtellerie !). Celui-ci continue son développement à Düsseldorf – avec une boutique designée par David Saik Studio aux couleurs de l’île-berceau de Camper (Majorque) – ou à Shanghai. Là, les architectes japonais de Schemata Architects ont fait merveille sur 3 étages avec un peu de bois, de carton et de métal. Plus de 100 designers ont collaboré avec cette marque atypique dont la direction artistique est assurée, depuis 2019, par le Finlandais Achilles Ion Gabriel, qui plonge notre été dans un bain de couleurs ultravitaminées. www.camper.com
Carlos Santos. À 14 ans, Carlos Santos travaille déjà dans la fabrique de chaussures Zarco, atelier fondé par sa famille en 1946 à São João da Madeira, dans le nord du Portugal. Il va ensuite se former au savoir-faire bottier en Italie. En 2000, devenu propriétaire de la manufacture, il l’oriente vers le luxe et lui donne son nom dix ans plus tard. Cousu Blake, bolognais, Goodyear, chaque modèle est réalisé entièrement à la main et fait le bonheur de clients en France, en Belgique, au Japon, en Russie ou aux États-Unis. C’est d’ailleurs la seule marque de chaussures de luxe au monde recommandée par le Club Rolls Royce à ses adhérents. Conduire sa limousine nu-pieds dans des mocassins Carlos Santos, ça en jette ! www.santosshoes.com
Church’s. Thomas Church et ses fils, Alfred, William et Thomas Jr., installent l’atelier en 1873 dans St James Street, à Northampton, lequel est toujours en place dans la capitale anglaise des belles chaussures. Depuis sa création, Church’s reste la valeur sûre de l’upper class et appartient depuis 1999 au groupe Prada. La marque a un nouveau président, Denni Manzatto, qui est chargé de la repositionner à l’international. Church’s possède désormais 3 usines d’où sortent les prestigieux Oxford et Brogues (dérivé du gaélique bróg, « chaussure ») appréciés de la famille royale d’Angleterre. Réalisés à l’ancienne en 250 opérations, nouveaux modèles et souliers historiques n’ont rien de figé, prenant des couleurs dans la tendance des saisons. www.church-footwear.com
Crockett & Jones. Cela fait cent trente-cinq ans que ses souliers enchantent les fans de chaussures anglaises. La réputation de la marque repose en grande partie sur la fabrication 100 % anglaise des modèles emblématiques dans l’usine de Northampton et sur la technique traditionnelle du cousu Goodyear. Environ 200 opérations sont nécessaires pour produire une paire de chaussures plus que parfaite (soit huit semaines de travail) ! Crockett & Jones, qui fait partie des plus belles marques au monde, est dirigé par un héritier direct, Jonathan Jones. Installée depuis 1998 à Paris, dans le quartier de la Madeleine, la boutique de 160 m² sent bon le cuir et les cirages et, comble du chic, y œuvre aussi le maître-bottier Dimitri Gomez pour la création de modèles sur mesure. Bien sûr, à cette adresse, s’ajoutent ses petites sœurs de Londres, Birmingham, Paris, New York et Bruxelles. eu.crockettandjones.com
Doucal’s. En 1973, Mario Giannini crée, à Montegranaro, village des Marches, son atelier de souliers de luxe au chic très Dolce Vita, comme l’Italie en a le secret. Des années plus tard, Jerry Giannini et son frère Gianni se retrouvent aux commandes de la maison familiale. Se définissant « artisan du 3e millénaire », Gianni dessine les collections féminines et masculines. Doucal’s est un condensé d’épure, de finesse, et se singularise par une technique artisanale, le sacchetto – qui consiste à coudre le mocassin en peau à l’envers, comme un gant. La collection comprend des espadrilles en cuir, sandales, mocassins estivaux, mais aussi des sneakers ou des derbys ornés de boucles, franges, tressages ou en simple cuir glacé très élégant.
Dr. Martens. À Munich, en 1945, le docteur Klaus Maertens invente une botte à 8 œillets, à la semelle à coussin d’air plus confortable que celle en cuir. Conquise, la manufacture anglaise Griggs va en assurer la production à partir de 1960 et imaginer un second modèle, le mythique 1460. Il coûte alors 2 £ (presque rien). Aussitôt, les jeunes issus des banlieues ouvrières anglaises font de la version 1460 leur botte culte, subversive. Cette rebelle reste toujours un étendard brandi selon l’humeur fashion du moment (gamme Originals Dr. Martens) et représente 43 % des ventes. Les performances de l’entreprise (265 M €) lui ont permis, l’an passé, d’entrer en Bourse au second marché ! www.drmartens.com
Fratelli Rossetti. Ici, on ne jure que par le style et le savoir-faire de la manufacture de Parabiago, près de Milan. Dirigée par les frères Rossetti (Diego, Dario et Luca), la diva italienne livre un été où domine la technique Pencil. Coutures et perforations sont soulignées d’un ton plus sombre comme tracé au crayon. Les couleurs sont appliquées à la main, à l’éponge, sur le cuir brut ciré et brossé, pour lui donner une nuance inimitable. Même la semelle en cuir est peinte à la main, harmonisée à la couleur de la tige. À découvrir à la nouvelle adresse milanaise (Galleria Vittorio Emanuele II), dont la déco a été confiée au studio Architude, tandis que de nouvelles boutiques sont en cours d’ouverture au Brésil et à Dubaï. www.fratellirossetti.com
Geox. Créé il y a vingt-cinq ans, Geox est réputé pour… ses trous. Son fondateur et président, Mario Moretti Polegato, les pieds en feu sur un trottoir brûlant aux États-Unis, déchire au couteau la gomme de ses baskets et, de retour, mettra au point ces microperforations dans la semelle de ses futurs modèles. Cinquante-cinq brevets déposés plus tard, ces respirations permettent à l’air de sortir de la chaussure, mais pas à la pluie d’y entrer. Malin ! 867 boutiques en propre, 10 000 points de vente dans le monde. Sise à Montebelluna, la marque est cotée en Bourse à Milan. Notre cœur balance entre les lignes Amphibiox ou Respira au confort impeccable, y compris les modèles en cuir. www.geox.com
G.H. Bass. Rien de plus américain que ce mocassin inventé par un… journaliste qui a redessiné un chausson de fermier norvégien et l’a fait éditer par Georges Henry Bass, l’un des meilleurs chausseurs américains. Quatre-vingt-cinq ans plus tard, pour fêter l’anniversaire des Weejuns Penney Loafers toujours portés sur les campus et ailleurs dans le monde, G.H. Bass fait frapper un set de pennies américains. Pourquoi ? Parce que les « moms » glissaient ce penny sous la bride du mocassin de leurs chers petits partis étudier à l’université, afin qu’ils puissent passer un coup de fil de la cabine la plus proche – le portable n’existait pas encore. Mais posséder un smartphone et les Weejuns, c’est toujours smart aujourd’hui.
J.M. Weston. Le nom a été déposé il y a cent ans cette année, et la marque a conservé sa première boutique (mythique), rue de Courcelles, à Paris. En cours de restauration, elle sera livrée dans ses habits neufs en septembre. Avec un nouveau président à sa tête, Marc Durie, J.M. Weston est également piloté côté design par Olivier Saillard. À lui la modernisation des collections régulièrement recolorisées, comme le fameux mocassin bicolore avec sa barrette typique en forme de masque ou les derbys fins, racés dont raffolent les aficionados. Olivier Saillard dessine également les modèles féminins, parmi lesquels la bottine Cambre, dont le talon prend, à cette occasion, quelques centimètres. eu.jmweston.com
Sebago. Avant Sebago, d’autres ont pioché dans l’héritage du mocassin dont l’origine serait amérindienne, norvégienne ou même… londonienne, puisque le roi George VI a porté un chausson souple (le 98, en 1926), plus connu désormais sous le nom de Wildsmith Windsor loafer, que le bottier anglais Wildsmith Shoes avait créé sur commande royale. Diplomate, John Kennedy fera cohabiter la version anglaise et le Classic Dan américain de Sebago qui existe, lui, depuis 1946. De nos jours, la fabrication s’effectue en République dominicaine, mais toujours à la main, comme autrefois. Les mocassins, petits bijoux de souplesse enduraient le Moonwalk de Michael Jackson, tandis que les Docksides marchent sur l’eau sans gémir ni se mouiller, chaloupent sur un pont de bateau comme de vieux loups de mer. Leur slogan ? « Fait pour durer », ce qui n’empêche pas de désirer le modèle de l’été ! www.sebago.fr
Timberland. Basé à Stratham, dans le New Hampshire, et appartenant depuis 2011 au groupe VF Corporation, Timberland est d’abord connu pour la Yellow Boot (1973), une botte en cuir imperméable révolutionnaire, parfaite pour affronter les rigueurs du climat de la Nouvelle-Angleterre. Toutefois, il existe aussi une gamme complète de chaussures, de vêtements et d’accessoires basée sur des innovations écologiques. Ainsi, les semelles GreenStride, qui équipent les chaussures de bateau, combinent 75 % de canne à sucre bio et de latex, d’où leur confort et leur légèreté au rebond du pas, auquel s’ajoute ce cuir issu de fermes biologiques. Timberland propose un été marqué par de nouvelles chaussures de randonnée imperméables et des sandales respirantes adaptées à la pleine nature. Des modèles qui allient simplicité et savoir-faire.
Tod’s. Cordonnier, Dorino Della Valle monte son atelier en 1940, que l’impérial Diego Della Valle, son fils, transformera en empire. Il crée Tod’s en 1978, y associant design et fait‑main, comme le souligne le concept Made by Human, qui célèbre les artisans qui sont engagés auprès de Tod’s depuis de nombreuses années. La marque est d’abord connue pour son mocassin Gommino à 133 picots de caoutchouc, pensé « comme un gant pour le pied ». Un must have créé pour les automobilistes – les picots empêchant le mocassin de déraper sur les pédales. Depuis 2019, le directeur artistique, Walter Chiapponi, propose le modèle emblématique dans d’infinies variations, ainsi que des sneakers, sandales et des penny loafer. Le 4 février, 2e chapitre du projet intitulé « Tod’s Re-Generation » : 20 étudiants réinterprètent les codes de la marque (accessoires et prêt-à-porter) en travaillant autour du développement durable. www.tods.com
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