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La créatrice Ahlem Manai‑Platt, vient d’ouvrir à Paris sa quatrième boutique, dix ans après avoir lancé sa marque de lunettes à Los Angeles, 2023 - TGL
La créatrice Ahlem Manai‑Platt, vient d’ouvrir à Paris sa quatrième boutique, dix ans après avoir lancé sa marque de lunettes à Los Angeles.
Marine Mimouni

The Good Business

Ahlem Manai‑Platt ouvre sa première boutique à Paris

The Good Business

La créatrice franco‑tunisienne Ahlem Manai‑Platt, vient d’ouvrir à Paris sa quatrième boutique, dix ans après avoir lancé sa marque de lunettes à Los Angeles. Elle espère en ouvrir une dizaine, en France et aux États‑Unis. Retour sur le parcours d’une créatrice passionnée et d’une marque courue des esprits les plus créatifs.

Le 15 avril dernier, rue du Dragon, dans le 6e arrondissement de Paris, Ahlem Manai‑Platt inaugurait sa première boutique parisienne. La quatrième du genre, après Los ­Angeles, New York et San Francisco.

Chiffres clés

  • 4 : le nombre de boutiques Ahlem dans le monde, à Los Angeles, New York, Paris et San Francisco.
  • 2014 : l’année de commercialisation des lunettes Ahlem.
  • 40 : le nombre de pays qui distribuent aujourd’hui la marque, principalement dans les concept-stores et magasins de mode sélectifs.
  • + 25 % : la croissance de la marque en 2022.
  • 27 : le nombre d’employés associés à la société Ahlem.
  • 50 : le nombre de modèles édités pour la catégorie lunettes de soleil, un chiffre identique pour la catégorie des lunettes optiques, tous disponibles en 4 couleurs.
  • 460 : le prix moyen, en euros, d’une paire de lunettes signée Ahlem.


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Portrait Ahlem Manai‑Platt.
Portrait Ahlem Manai‑Platt. DR

Signée de l’architecte Andreas Fornell, connu, notamment, pour avoir imaginé les boutiques de mode Acne Studios, la boutique s’ouvre derrière une façade archée, couleur « British Racing Green » – sa préférée –, sur un intérieur élégant et minimaliste, se mariant bien aux modèles Ahlem, tous nommés selon un quartier de Paris : Abbesses, Montmartre, Marais, Sacré-Cœur… L’histoire ­d’Alhem commence à Paris, sa ville d’origine.

« Je voulais être journaliste, reporter d’images, raconte-t-elle. J’ai d’abord fait une licence d’histoire à la Sorbonne. Puis, au retour d’un voyage photo au Mexique, j’ai signé un premier job à l’agence Capa, d’abord au service numérisation, puis comme caméraman, à suivre des artistes dans leurs voyages. Je n’ai pas tenu longtemps… Jusqu’au jour où Acne Studios me confie, presque par hasard, un nouveau job, aux achats. J’ai enchaîné chez Miu Miu, créé ma boîte de consulting, avant de réaliser qu’il manquait une pièce à ma vie. »

La devanture de la première boutique parisienne de la créatrice Ahlem Manai-Platt.
La devanture de la première boutique parisienne de la créatrice Ahlem Manai-Platt. DR

Et la lunette fut. « J’ai toujours rêvé de lunettes, poursuit Ahlem. Elles faisaient partie de ma panoplie quand j’étais petite, avec ma montre Swatch et mon appareil photo. Je les collectionnais, les portais dans les avions qui m’emmenaient rejoindre mes parents, à Paris et Tunis. »

En 2013, elle griffonne sur un carnet ses premiers dessins. Le style plaît à son entourage. Ses amis la convainquent d’aller plus loin. Très vite, une première collection de montures se met en place. « Je me suis lancée toute seule, sans rien, sans business-plan, sans benchmarking, sans regarder la concurrence et avec une idée en tête : fabriquer en France, là où la qualité de l’artisanat français est unique au monde. » 


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Ⓒ Mickaël A. Bandassak.
Ⓒ Mickaël A. Bandassak.

L’effet boule de neige

Prenant ses bonnes idées, et son courage à deux mains, l’apprentie entrepreneuse contacte tous les fabricants du Bottin. Un seul lui répondra. Huit mois plus tard, elle reçoit ses premiers prototypes. « Les lunettes que j’imagine se repèrent par leurs découpes, par leurs lignes, leur architecture, explique la créatrice. Elles ressemblent au style et à la mode que j’aime, portées sur la qualité et à l’opposé du flamboyant comme du bling-bling. Des lunettes qui ne mettent pas mal à l’aise ; mieux, qui donnent confiance. »

Ahlem et les collaborations

C’est un rituel chez Ahlem. Depuis ses débuts, la marque imagine des collaborations autour de ses artistes préférés. Le chanteur de soul Leon Bridges en 2018. Beck, l’année dernière, Mobolaji Dawodu, le fashion director du GQ américain, et la rédactrice en chef mode du Vogue américain, Jorden Bickham, en mars dernier.

La créatrice Ahlem Manai‑Platt, vient d’ouvrir à Paris sa quatrième boutique, dix ans après avoir lancé sa marque de lunettes à Los Angeles, 2023 - TGL

 

 

 

 

Comment imaginez-vous vos collaborations ?

Je réagis toujours à l’instinct. J’appelle un copain. Une personne dont j’admire le travail et que j’aime. Comme Beck, un musicien que j’ai toujours écouté – nous nous sommes tout de suite plu –, ou Jorden Bickham, dont je connais le talent et avec qui j’aime échanger. Tous ceux à qui j’ai demandé ont toujours été enthousiastes et se sont intimement impliqués. 

Les collaborations rapportent‑elles vraiment ? 

Elles ne sont pas lancées avec cet objectif‑là. Elles viennent des rencontres créatives, de notre envie de partager des moments cool. Nous y consacrons tous beaucoup d’attention, de la production à la campagne d’images, et, surtout, nous reversons tous les bénéfices aux associations choisies par les artistes. Beck a choisi Médecins sans frontières et Jorden, l’association GLITS (Gays and Lesbians Living in a Transgender Society).

En septembre dernier, vous avez imaginé une collaboration avec le palais Galliera. Comment est‑elle née ?

J’avais dans mes tiroirs un croquis de lunettes que j’avais appelé Galliera. Après des heures à errer dans les galeries, je me rappelle avoir eu l’envie de dessiner. Un soir, dans un bar parisien, je fais la rencontre, par hasard, de Miren Arzalluz, la directrice du palais Galliera, qui connaissait mon travail. Notre rencontre et notre bonne synergie ont matché autour d’un projet. Un modèle qui honore l’humble et le magnifique, le fonctionnel et l’expressif, le processus de la mode et son impact. 

Embarquée dans une tournée des boutiques, Ahlem Manai‑Platt obtient un rendez-vous au temple Colette, au 213, de la rue Saint-Honoré, qui s’empare tout de suite des collections. L’effet boule de neige suit. À Los Angeles, où elle décide de s’installer, un millier de paires s’écoule en deux mois. « La petite entreprise a rapidement décollé, dit-elle. La réaction des professionnels et revendeurs a été immédiate. » L’attention de plusieurs célébrités à Los Angeles, Kendall Jenner en premier, boostent les ventes. Suivront Kate Moss, Gigi Hadid, Emily Ratajkowski…

Ⓒ Mickaël A. Bandassak.
Ⓒ Mickaël A. Bandassak.

« En quelques mois, nous ouvrions la première boutique-bureau dans le quartier de Venice : 150 m2 sur Abbot Kinney Boulevard, l’artère la plus fréquentée. » Suivront New York en 2020, au 228 Elizabeth Street, un block mode et ultrapointu du quartier de Nolita, San Francisco en 2022 à Hayes Valley, et Paris, dans Saint-Germain-des-Prés, en mars dernier. « Mon rêve est d’ouvrir une dizaine d’adresses aux États-Unis, et trois ou quatre en ­Europe. Le retail est ma stratégie, ceux qui aiment ont besoin de venir ­essayer, toucher, tester. »


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Ⓒ DR.
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Service sur mesure

Le retour d’Ahlem à Paris signe sa nouvelle ère. « Celle du recentrage », explique la créatrice, toujours très connectée à New York. En attendant les prochains développements, elle « veut revenir aux origines de la marque, à [ses] envies profondes et aux attentes des clients ». Pour y arriver, elle vient de lancer son premier service de lunettes sur mesure.

« Nos modèles sont fabriqués dans le berceau de la lunette française [le Jura, NDLR]. Les modèles en titane réalisés au Japon sont d’une extrême légèreté. Tous ces savoir-faire, conjugués à la manière dont je perçois l’autre et à mon intuition, me poussent à aller vers cette personnalisation millimétrée. »

Ⓒ DR.
Ⓒ DR.

Premier séduit, la star LeBron James, meneur des Los Angeles Lakers, recevait sa commande début mars, quatre paires de lunettes qu’il a portées lors de la dernière cérémonie des Oscar. Cet été, Ahlem Manai‑Platt proposera, sur les présentoirs de ses magasins, des collections de solaires pensées avec la plus grande liberté. « Des lunettes conçues comme pour la haute couture », résume-t-elle, autour de montures de caractère en acétate qui imposent une allure, libres dans leurs dimensions, avec beaucoup de structures et d’angles. « Des lunettes que l’on peut porter toute la journée, pour aller bruncher, faire son marché, partir en shopping » et qui donnent à chacun ce doux supplément de beauté. 


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