Le 15 avril dernier, rue du Dragon, dans le 6e arrondissement de Paris, Ahlem Manai‑Platt inaugurait sa première boutique parisienne. La quatrième du genre, après Los Angeles, New York et San Francisco.
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Signée de l’architecte Andreas Fornell, connu, notamment, pour avoir imaginé les boutiques de mode Acne Studios, la boutique s’ouvre derrière une façade archée, couleur « British Racing Green » – sa préférée –, sur un intérieur élégant et minimaliste, se mariant bien aux modèles Ahlem, tous nommés selon un quartier de Paris : Abbesses, Montmartre, Marais, Sacré-Cœur… L’histoire d’Alhem commence à Paris, sa ville d’origine.
« Je voulais être journaliste, reporter d’images, raconte-t-elle. J’ai d’abord fait une licence d’histoire à la Sorbonne. Puis, au retour d’un voyage photo au Mexique, j’ai signé un premier job à l’agence Capa, d’abord au service numérisation, puis comme caméraman, à suivre des artistes dans leurs voyages. Je n’ai pas tenu longtemps… Jusqu’au jour où Acne Studios me confie, presque par hasard, un nouveau job, aux achats. J’ai enchaîné chez Miu Miu, créé ma boîte de consulting, avant de réaliser qu’il manquait une pièce à ma vie. »
Et la lunette fut. « J’ai toujours rêvé de lunettes, poursuit Ahlem. Elles faisaient partie de ma panoplie quand j’étais petite, avec ma montre Swatch et mon appareil photo. Je les collectionnais, les portais dans les avions qui m’emmenaient rejoindre mes parents, à Paris et Tunis. »
En 2013, elle griffonne sur un carnet ses premiers dessins. Le style plaît à son entourage. Ses amis la convainquent d’aller plus loin. Très vite, une première collection de montures se met en place. « Je me suis lancée toute seule, sans rien, sans business-plan, sans benchmarking, sans regarder la concurrence et avec une idée en tête : fabriquer en France, là où la qualité de l’artisanat français est unique au monde. »
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L’effet boule de neige
Prenant ses bonnes idées, et son courage à deux mains, l’apprentie entrepreneuse contacte tous les fabricants du Bottin. Un seul lui répondra. Huit mois plus tard, elle reçoit ses premiers prototypes. « Les lunettes que j’imagine se repèrent par leurs découpes, par leurs lignes, leur architecture, explique la créatrice. Elles ressemblent au style et à la mode que j’aime, portées sur la qualité et à l’opposé du flamboyant comme du bling-bling. Des lunettes qui ne mettent pas mal à l’aise ; mieux, qui donnent confiance. »
Embarquée dans une tournée des boutiques, Ahlem Manai‑Platt obtient un rendez-vous au temple Colette, au 213, de la rue Saint-Honoré, qui s’empare tout de suite des collections. L’effet boule de neige suit. À Los Angeles, où elle décide de s’installer, un millier de paires s’écoule en deux mois. « La petite entreprise a rapidement décollé, dit-elle. La réaction des professionnels et revendeurs a été immédiate. » L’attention de plusieurs célébrités à Los Angeles, Kendall Jenner en premier, boostent les ventes. Suivront Kate Moss, Gigi Hadid, Emily Ratajkowski…
« En quelques mois, nous ouvrions la première boutique-bureau dans le quartier de Venice : 150 m2 sur Abbot Kinney Boulevard, l’artère la plus fréquentée. » Suivront New York en 2020, au 228 Elizabeth Street, un block mode et ultrapointu du quartier de Nolita, San Francisco en 2022 à Hayes Valley, et Paris, dans Saint-Germain-des-Prés, en mars dernier. « Mon rêve est d’ouvrir une dizaine d’adresses aux États-Unis, et trois ou quatre en Europe. Le retail est ma stratégie, ceux qui aiment ont besoin de venir essayer, toucher, tester. »
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Service sur mesure
Le retour d’Ahlem à Paris signe sa nouvelle ère. « Celle du recentrage », explique la créatrice, toujours très connectée à New York. En attendant les prochains développements, elle « veut revenir aux origines de la marque, à [ses] envies profondes et aux attentes des clients ». Pour y arriver, elle vient de lancer son premier service de lunettes sur mesure.
« Nos modèles sont fabriqués dans le berceau de la lunette française [le Jura, NDLR]. Les modèles en titane réalisés au Japon sont d’une extrême légèreté. Tous ces savoir-faire, conjugués à la manière dont je perçois l’autre et à mon intuition, me poussent à aller vers cette personnalisation millimétrée. »
Premier séduit, la star LeBron James, meneur des Los Angeles Lakers, recevait sa commande début mars, quatre paires de lunettes qu’il a portées lors de la dernière cérémonie des Oscar. Cet été, Ahlem Manai‑Platt proposera, sur les présentoirs de ses magasins, des collections de solaires pensées avec la plus grande liberté. « Des lunettes conçues comme pour la haute couture », résume-t-elle, autour de montures de caractère en acétate qui imposent une allure, libres dans leurs dimensions, avec beaucoup de structures et d’angles. « Des lunettes que l’on peut porter toute la journée, pour aller bruncher, faire son marché, partir en shopping » et qui donnent à chacun ce doux supplément de beauté.
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