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Usine du groupe Baoxiniao, Shangai
Shanghai et sa région constituent le premier pôle textile du pays grâce à leur réseau d’infrastructures et à la qualité de leur main-d’oeuvre. Les jeunes créateurs se développent quant à eux en assurant des ventes à flux tendu. Ici, l’usine du groupe Baoxiniao, fabricant de costumes haut de gamme.
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The Good Business

A Shanghai, des ateliers de mode en pleine ébullition

The Good Business

L’industrie de la mode made in Shanghai est en plein bouleversement. Toujours aussi performante, la filière manufacturière à grande échelle voit se multiplier les ateliers de production des créateurs indépendants.

D’après une étude ­récente, 90 % des consommateurs, à Shanghai, reconnaissent que l’interaction avec leurs marques fétiches sur les réseaux sociaux les ont conduits à l’acte d’achat. « A Shanghai, les jeunes femmes dépensent plus pour ce qui les rend heureuses. Elles suivent les tendances sur WeChat, sur Weibo et sur les blogs avant de passer commande en ligne », témoigne Vivian Xu, mannequin suivie par 1 million de fans chaque jour sur Weibo. Son blog OnlyLady ­totalise 32 millions de pages vues.

Les chinois sont les premiers acheteurs de produits de luxe du monde. Ici, le centre commercial du Plaza 66, dans le quartier de Jingan. Bien qu’ils achètent beaucoup en ligne, les shanghaïens continuent de faire du lèche-vitrines.
Les chinois sont les premiers acheteurs de produits de luxe du monde. Ici, le centre commercial du Plaza 66, dans le quartier de Jingan. Bien qu’ils achètent beaucoup en ligne, les shanghaïens continuent de faire du lèche-vitrines. Ullstein Bild / Getty Images

Des modèles de production alternatifs

Nombre de Shanghaïens qui achètent en ligne auprès de marques établies tiennent malgré tout à continuer de faire les vitrines en ville, à la recherche de nuances, d’articles, de marques moins connues. De leur côté, celles-ci se battent pour établir et pérenniser leur modèle économique, quitte à placer haut la barre. Une influente critique de mode, Hung Huang, a défrayé la chronique en désapprouvant les prix trop élevés pratiqués par les jeunes stylistes indépendants. Mais ces derniers ont-ils le choix ? Pressées par les autorités chinoises de moins polluer, les usines textiles chinoises, installées autour de Shanghai et fournissant la fast-fashion en commandes énormes – H & M, Zara, Mango ou Uniqlo font un tabac en Chine –, restent équipées pour la production de masse et l’exportation. Mais, selon un schéma opposé et plus humble, les jeunes créateurs, après avoir bâti une image de marque, se développent en assurant un flux tendu de leurs ventes, que ce soit en boutique ou en ligne. Et beaucoup ont réussi. C’est le cas de la créatrice Fang Yang, « l’un des cinq visages de la Chine moderne » selon Newsweek, qui connaît un très beau succès après avoir monté, en 2013, son atelier By Fang de prêt-à-porter à Shanghai.

3 questions à Fang Yang

Styliste, créatrice de la marque By Fang.

Fang Yang

The Good Life : En quoi la scène mode à Shanghai est-elle particulière et quels sont ses principaux atouts ?
Fang Yang : Elle en est encore à un stade assez jeune et continue d’élaborer son identité. Le secteur a besoin de se structurer et de créer une valeur ajoutée sur la scène internationale. Mais Shanghai est une ville multifacette, et maintient un équilibre étonnant entre la Chine ancienne et la Chine moderne. La mode se développe donc sur un terrain fertile et unique pour la créativité, avec des formes dans le stylisme qui prennent assurément le chemin du leadership. Shanghai se prépare à jouer un rôle très important.

TGL : En tant que styliste et entrepreneur, quelle est votre vision dans ce contexte favorable ?
F. Y. : Ma vision est inchangée depuis mes premières collections à Paris : créer, dans un environnement libéré du court terme, des tendances et des concepts éphémères. Origami, la signature que j’ai développée avec By Fang depuis ma première collection, est un legs du patrimoine séculaire chinois et mon objectif est de la valoriser en trouvant un équilibre subtil, de l’intégrer dans un design moderne, cosmopolite et contemporain pour la laisser voyager dans le futur. Ma philosophie repose sur une attention extrême aux détails, à la qualité et à la durabilité.

TGL : Vous possédez votre propre atelier à Shanghai. Comment voyez-vous l’avenir du prêt-à-porter et de la mode dans cette ville ?
F. Y. : Shanghai va devenir beaucoup plus attentive aux questions environnementales. Ce sera un énorme défi dans les trente prochaines années. Beaucoup de marques nationales importantes sont engagées dans un processus de transformation, passant d’un modèle axé non plus seulement sur les volumes, mais aussi sur la qualité, la question de l’environnement, et la volonté d’atteindre un haut de gamme de standard international. Il y a en ce moment un effort général pour faire connaître à l’étranger la force du stylisme chinois et faire de Shanghai l’influente plaque tournante de ce mouvement.

Ce modèle de production alternatif de petite taille et à visage humain ne dépasse pas quelques dizaines de pièces par mois, par petites séries personnalisées. « Ces ateliers dépendent de l’aura de leur créateur, rappelle Xiuling Guo, créatrice de la griffe Sand River et connue au Japon grâce à sa collaboration avec Junko ­Koshino. Ces nouvelles marques chinoises doivent ­façonner leur propre valeur et, surtout, ne pas se détacher de leur culture ! »

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