Horlogerie
C’est le siège historique de la police judiciaire parisienne. Ses bureaux ont vu passer les plus grands flics et les plus grands voyous. Son iconique escalier tortueux a été foulé par certains des plus grands tueurs en série français. Ce 1er août 2023, le 36 quai des Orfèvres célébrait son 110e anniversaire.
Fumée de cigarette, blouson en cuir et affaires sensibles… Nombreux sont ceux qui fantasment l’histoire du 36 quai des Orfèvres. Mais peu connaissent la véritable genèse de ce lieu qu’on nomme aussi communément la tour pointue. Des origines de ce temple de la police judiciaire fondé en 1913 à ce qu’il en reste aujourd’hui en passant par les services qui l’ont traversé durant des décennies, visite guidée du « 36 ».
Lire aussi : Catch, cinéma et association Perce Neige : qui était vraiment Lino Ventura ?
Un monument historique
C’est sur un arrêté officiel émis par le préfet Célestin Hennion, le 1er août 1913 précisément, qu’est établie l’adresse, aujourd’hui mythique, de ce commissariat pas comme les autres. Le 36 quai des Orfèvres a été pensé et choisi pour abriter le fleuron de la police judiciaire parisienne. C’est le magistrat Henri Mouton qui est nommé à la tête du bastion avec un objectif clair : mener une vraie répression contre les crimes et délits de la capitale. Il faut dire qu’à l’époque Paris se fait lourdement narguer par une bande de braqueurs qui rend fous tous les flics parisiens : la bande à Bonnot.
Ce groupe d’anarchistes s’illustre par des braquages spectaculaires et meurtriers mais aussi par l’utilisation de technologie de pointe à l’époque, comme des automobiles. Les policiers, eux, sont toujours à vélo ou à cheval. C’est au 36 quai des Orfèvres qu’on trouvera ainsi les premiers policiers motorisés et c’est avec eux que naîtra la légende.
Niché sur les bords de la Seine, le choix de l’emplacement de ce commissariat d’élite n’est pas non plus un hasard. Le numéro 36 a été choisi en raison de sa proximité avec le quartier de l’Île de la Cité. Située en plein cœur de la capitale, dans le 1er arrondissement précisément, cette île abritait au début du siècle dernier, le Palais de Justice de Paris. Un choix stratégique et idéal pour les transferts de criminels directement depuis les salles d’audition de la tour pointue à la barre de la cour d’assise du Palais. Une façon de faciliter grandement le travail de la justice et d’asseoir à nouveau l’efficacité redoutable des condès du 36.
Un bâtiment mythique mais vétuste
Un toit en cuivre oxydé, des murs grisâtres teintés par les kilomètres de gitanes consommées de jour comme de nuit et du mobilier en décrépitude : le bâtiment, lui, est assez pittoresque. Bien moins magistral que les services d’élite qu’il abrite. Au total, le 36 quai des Orfèvres compte cinq étages dont chacun des paliers dessert un labyrinthe de couloirs exigus. On y trouve les salles d’interrogatoires de la crim’ au 5eme, la fameuse brigade des stups au 3eme ou encore la BRI (brigade de recherche et d’intervention) au 4eme.
On accède évidemment à tous ces étages par ce qui constitue encore dans toutes les mémoires la pièce maîtresse du bâtiment, son escalier. Sa forme en colimaçon et ses 148 marches toutes recouvertes d’un lino noir défréchi menant directement au bureau du taulier ont fait de lui, l’âme du lieu. Impossible de penser au 36, sans imaginer Jacques Mesrine, Guy Georges ou même Landru, fouler l’iconique escalier.
Connaissez-vous une des particularités du fameux escalier du 36 quai des Orfèvres ?
Regardez-bien. pic.twitter.com/FfCctdLu5l— Maitre Eolas (@Maitre_Eolas) September 20, 2017
Du 36 quai des Orfèvres à la rue du Bastion
Pourtant, après des décennies de bons et loyaux services, le 36 quai des Orfèvres a dû fermer définitivement ses portes en 2017, livrant à eux-mêmes l’ensemble des services qui avaient fait sa réputation. Une fermeture de rideau qu’on l’on doit en grosse partie à la hausse de de la criminalité et à l’inexorable vétusté du site. Les locaux, devenus trop exigus et frôlant l’insalubrité, ont ainsi été abandonnés d’abord par la Brigade criminelle, suivie de près par la Brigade des Stupéfiants et enfin par la Police Judiciaire de la Préfecture de Police de Paris (PJPP).
C’est à la porte de Clichy, rue du Bastion précisément, que tout ce beau monde se donne désormais rendez-vous dans un espace ultra moderne, fait de pas moins de dix étages et avoisinant les 3 000 m2 au total. Un mastodonte qui, comme son historique prédécesseur, jouxte à nouveau le Palais de Justice de Paris, lui aussi modernisé et déplacé un an plus tard. Clin d’œil ultime – où soupçon de nostalgie – afin de préserver son chiffre mythique, le numéro d’entrée de la rue du Bastion porte lui aussi le légendaire numéro « 36 », bien que ce dernier n’existe pas en réalité. Comme quoi, on n’efface pas comme ça un siècle de police à la papa.
Les films retraçant l’histoire du 36 quai des Orfèvres
- Quai des Orfèvres de Henri-Georges Clouzot (1947)
- Le rouge est mis de Gilles Grangier (1957
- Maigret tend un piège de Jean Delannoy (1958)
- Le Pacha de Georges Lautner (1968)
- Tendre Poulet de Philippe de Broca (1978)
- Inspecteur la Bavure de Claude Zidi (1980)
- 36 quai des Orfèvres d’Olivier Marchal (2004)
- Banlieue 13 : Ultimatum de Patrick Alessandrin (2009)
- 24 jours d’Alexandre Arcady (2014), le premier filmer à avoir pu tourner quelques scènes dans les vrais locaux du 36.
- L’Affaire SK1 de Frédéric Tellier (2014)
- Flic tout simplement d’Yves Rénier (2015), qui retrace les crimes de Guy Georges.
Lire aussi : Ferrari 308 : la voiture de Magnum est-elle toujours aussi cool ?