Voyage
Rien ne semble pouvoir altérer le pouvoir de fascination de la capitale russe. Entre monuments, adresses branchés et espaces d’art géants, la mégalopole impressionne tous azimuts, toujours très à l’aise avec la démesure.
Tout en elle respire le grandiose. Moscou, méga-capitale de presque 12 millions d’habitants, est la vitrine époustouflante de la puissance russe et tient depuis toujours à le faire savoir : sa célébrissime place Rouge, majestueusement bordée de bâtisses aux allures de gros gâteaux, ou son monumental Kremlin, en témoignent en premier chef. Dans les parages immédiats de ces somptueux, voire écrasants symboles, on descendra à l’hôtel Metropol, tout juste rénové, dont les magnificences Art nouveau fascinent : à l’extérieur, ses frontons en mosaïques et ses bow-windows ouvragés vous font délicatement de l’œil ; à l’intérieur, du marbre partout, une verrière polychrome sous lequel on dîne en compagnie des fantômes d’Isadora Duncan ou de Mstislav Rostropovič, et des chambres immenses, impeccablement luxueuses, où l’on mène la vie de tsar.
Mais même le métro, à Moscou, arbore des attributs de palais princiers : dorures folles à la station Kiyevskaya, stucs de rêves à Arbatskaya, lampadaires sophistiqués à Trubnaya, où l’on marquera un stop pour aller déjeuner chez Probka, l’une des tables à la mode du chef Aram Mnatsakanov, star des fourneaux et de la télé. Au menu, des serveuses et serveurs aux plastiques de top models, une clientèle mi-executive mi-cool, une déco aussi tonique qu’ironique, ainsi du message en lettres de néon, « capitalism kills love », qui orne le mur du fond. Et dans les assiettes, une cuisine fusion slavo-méditerranéenne des mieux pensées.
Quand il s’agit de rassasier vos appétits de culture, Moscou ne démérite pas non plus. Le Garage, l’un des rares espaces russes consacré à l’art contemporain, vaut par exemple la visite à plus d’un titre. Lancé par la philanthrope Dasha Zhukova, collectionneuse avisée et ex-épouse de l’oligarque Roman Abramovič, il expose tous les pontes de l’art mondial, en ce moment, les sculptures souriantes et too much du Japonais Takashi y ravissent les foules. Mais il en impose, aussi, par son architecture : ancien restaurant des années 60 transformé d’une main de maître par Rem Koolhaas, c’est un bloc strictissime, paré d’une membrane en polycarbonate, qui trône fièrement sur le parc Gorki, ce poumon vert de la ville.
C’est ici que la nouvelle galerie Tretyakov a elle aussi élu domicile. On ne manquera pas non plus de passer quelques heures dans cet extraordinaire musée, où triomphe toute la peinture russe du XXe siècle, Malevitch, Chagall et Kandinsky en tête.
A deux pas de là, de la démesure, encore, mais pas tout à fait du même goût : depuis 1997, une statue à l’effigie de Pierre le Grand, haute de près de 100 mètres, plastronne sur les eaux de la Moskova. Une monstruosité (presque géniale tant elle est laide) à laquelle les noctambules moscovites ne prêtent qu’à peine attention, eux dont les berges de la rivières sont le QG : gentiment décadent, c’est au Strelka Bar, que la jeunesse intello-dorée batifole, se dandine et sirote des cocktails de prix jusqu’à pas d’heure dans un brouhaha sans nom…
Excessive, bruyante, aussi nostalgique qu’ultra-contemporaine, Moscou est de ces villes qui vous déroutent en beauté.
Les bonnes adresses pour passer 24h à Moscou by The Good Life :
- Hôtel Metropol, Teatralniy Proezd 2.
- Restaurant Probka, Tsvetnoy Bulvar 2.
- Strelka Bar, Bersenevskaya Naberezhnaya 14.
- Musée d’art contemporain Le Garage, Krymsky Val 9/32.
- Galerie Tretyakov, Krymsky Val 10.