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Cai Tore Philippsen Presse Francfort journaliste rédacteur chef allemagne - the good life
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The Good Paper

Presse : à Francfort, l’esprit éclairé de Cai Tore Philippsen

The Good Paper

L’enthousiaste rédacteur en chef des éditions numériques du Frankfurter Allgemeine Zeitung (FAZ) incarne à la fois la modernité de ce quotidien emblématique et le dynamisme de la ville de Francfort-sur-le-Main, où ce journal élitiste est établi depuis sa création.

Au sein de l’équipe dirigeante de la prestigieuse rédaction du Frankfurter Allgemeine Zeitung (FAZ), la présence de Cai Tore Philippsen, rédacteur en chef quinquagénaire à l’allure athlétique qui, au début de sa carrière, était un journaliste sportif dans de grandes agences de presse, pourrait, a priori, quelque peu surprendre. Mais dès qu’on a fait sa connaissance, on comprend combien la direction collégiale de ce journal « conservateur et libéral » – qui n’a pas d’« editor in chief » (rédacteur en chef), mais plusieurs « publishers » (éditeurs) et rédacteurs en chef – a été bien inspirée de lui confier, en 2020, la responsabilité et le développement de toutes les éditions numériques du FAZ.

C’est là, via Internet, qu’à l’évidence se joue l’avenir du prestigieux quotidien. Reste que, s’il est basé depuis sa fondation à Francfort, le FAZ se défend d’être le journal d’une ville et se revendique comme celui de tout un pays. En première page, sous son titre, il se proclame ainsi « Zeitung für Deutschland » (un journal pour l’Allemagne). Si le FAZ est avant tout un journal à diffusion nationale, il ressemble, à bien des égards, à la séduisante cité natale de Goethe, à la fois moderne et très attachée à ses traditions, ville qui est aussi, en termes de niveau de vie, la plus riche d’Allemagne.

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Âgés de 60 ans en moyenne pour l’édition papier, à laquelle un tiers des Allemands les plus riches sont abonnés, que ce soit à titre privé ou professionnel, les lecteurs sont évidemment beaucoup plus nombreux et plus jeunes pour les éditions numériques – 45 ans. Au cours de ces dix dernières années de crise de la presse, les ventes papier du FAZ ont fort logiquement reculé, passant de 360 000 exemplaires à quelque 200 000.

En parallèle, son audience sur le numérique s’est envolée : 20 millions de visiteurs uniques par mois. « Ce public jeune et haut de gamme qui réside dans toute l’Allemagne est, explique le responsable de FAZ.net, séduit par l’indépendance éditoriale et la rigueur de ce quotidien national qui emploie toujours quelque 350 journalistes spécialisés. »

De même, il réussit à maintenir un impressionnant service de documentation, tout comme un large réseau de correspondants exclusifs dans le monde, à New York, Paris ou encore Beyrouth.

« Nous échangeons beaucoup avec nos lecteurs et lectrices » Cai Tore Philippsen

« L’immense majorité de nos lecteurs, que ce soit pour les éditions papier ou numériques, n’habitent pas à Francfort ou même dans la région de la Hesse, souligne Cai Tore Philippsen. Certes, nous consacrons quelques pages de l’édition papier à notre ville, dans lesquelles nous conseillons des spectacles et des expositions ; nous proposons aussi, par exemple, des conseils pour acheter une maison à crédit ou une voiture électrique. Mais notre journal, réputé pour sa couverture de l’actualité politique et économique, se veut, comme le souhaitent les habitants de Francfort eux-mêmes, particulièrement tourné vers l’actualité internationale, largement ouvert sur l’actualité mondiale, sur les événements et les défis de la planète. »

La rigueur qui, depuis l’origine, fait la réputation du journal se retrouve dans les éditions numériques, avec un site réactualisé 24 heures sur 24 en fonction de l’actualité.

« Nous échangeons beaucoup avec nos lecteurs et lectrices, assure Cai Tore Philippsen. Ainsi, nous publions, par le biais de nos éditions numériques, plus d’un  millier de leurs opinions par jour ! Avec une équipe de journalistes, épaulés par des étudiants, nous lisons chaque courrier et le vérifions scrupuleusement avant de le mettre en ligne dans nos pages, à la différence d’autres sites de journaux en Allemagne qui, eux, par un système de contrôle informatique, se contentent de rectifier, au besoin, après publication. Nous sollicitons également en permanence l’avis de nos lecteurs à travers de nombreuses enquêtes d’opinion. Nous leur demandons aussi bien s’ils sont satisfaits de la relation franco-allemande, du rôle de la Commission de Bruxelles, de la politique environnementale allemande que de donner leur pronostic pour la finale de l’Euro de football ! Ces sondages du FAZ sont particulièrement populaires et nous recueillons un million de votes par mois. »

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Le prestige du FAZ s’illustre également par l’engouement des personnalités allemandes à participer à ses campagnes publicitaires et à poser, fût-ce de dos, en train de lire la une, avec en légende ce slogan flatteur : « Il y a toujours un esprit éclairé derrière notre journal. »

Parmi ces figurants bénévoles d’hier et d’aujourd’hui, on compte des chanceliers fédéraux, le violoniste Yehudi Menuhin, le pilote Niki Lauda ou encore le photographe Helmut Newton. Rajeunir son lectorat, développer ses éditions numériques et moderniser sa maquette papier fut évidemment un triple et âpre défi à relever pour ce titre conservateur auquel il ne déplaît pas d’apparaître parfois austère.

Lorsque après plus d’un demi-siècle d’existence le Frankfurter décide, en 2009, de publier une photo en une – en couleur ! –, on frôle le scandale. Nombre de lecteurs s’offusquent et menacent de résilier leur abonnement… Mais aujourd’hui, constate Cai Tore Philippsen, « la recette permettant de concilier tradition et modernité » est manifestement trouvée.

Un profond attachement à Francfort

Car au FAZ, la vitesse et la réactivité du numérique ne signifient pas précipitation ou approximation. « Ma mission en tant que rédacteur en chef de FAZ.net est d’aider nos journalistes à donner le meilleur d’eux-mêmes pour la satisfaction des lecteurs, insiste-t-il. Il faut que je trouve quel sera, au sein de la rédaction, le meilleur, le plus compétent, le plus talentueux pour traiter tel ou tel sujet. »

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Un véritable défi, car, confie Cai Tore, « manager une rédaction sur le Net, c’est savoir être présent, vigilant, réactif et rigoureux tout à la fois sur le site web, sur les podcasts, sur Facebook, sur Twitter, sur les photos, sur les vidéos… Et, ce faisant, nous tenons aussi à associer nos lecteurs de Francfort au futur et à l’excellence de leur ville en leur demandant, par exemple, s’ils veulent que celle-ci soit interdite aux voitures ou s’il faudrait y construire des logements à prix abordable qui seraient réservés à certaines professions comme celles d’infirmier ou d’enseignant. »

Car le rédacteur en chef de FAZ.net, même si son audience est nationale, ne cache pas son profond attachement à Francfort, « cette ville verte et dynamique aux nombreux événements sportifs et culturels, aux vastes parcs, avec sa fameuse ceinture verte, la Grüngürtel. »


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